L’« efficacité », dans notre époque et notre culture moderne (pour certains « post-moderne », du reste), représente (évidemment) un ressort capital. D’autres époques ou cultures ne donnaient cependant pas un tel sens à cette notion (si elle y prenait place…), et n’accordaient pas une telle valeur cruciale aux « pratiques efficaces » …mais il me paraît très compliqué de développer ici convenablement, en peu de mots et si j’en ai effectivement la compétence (ce qui est tout sauf certain), l’explicitation de ces conceptions et pratiques, paradoxales à ce jour mais pourtant tout à fait cohérentes (voir par exemple, pour une distinction entre efficacité et efficience,
https://popups.uliege.be/2031-4981/index.php?id=1266&file=1&pid=1151).
Ici et maintenant, en « Vol libre », il s’agit d’agir « efficacement » avec l’objectif de diminuer (à terme, supprimer ?) les accidents sous toutes leurs différentes formes (même si aujourd’hui c’est, disons, l’enseignement qui est spécifiquement visé). Et cette efficacité se comprend – en tout cas manifestement et, espérons-le, dans un premier temps (mais je ne suis pas le seul à être très pessimiste à ce sujet) – sous l’angle de l’application de moyens foncièrement « réglementaires ».
Pour le dire comme ça, je pense (comme plusieurs intervenants à ce fil) qu’une autre façon de penser serait bien plus pertinente ou puissante mais, certes, bien plus malaisée à cerner et à mettre en œuvre. Et que la véritable efficacité (…on devrait comprendre ici « efficience », cf. mon lien au dessus) en matière d’accidentologie du Vol « libre » (et si l’on veut réellement qu’il en garde ses spécificités clefs) passe, pour sa plus grande part, non pas (au principal) par interdire (sur la base de statistiques, notamment discutées, avec pertinence me semble-t-il, sur ce forum), mais par
accompagner («
manipuler les conditions de manière à ce que les effets, impliqués par la situation, viennent d’eux-mêmes » (F. Jullien).
Le parapente n’est (évidemment) plus celui des années 80 : matériel, formation, enseignants, enseignés, etc., etc., ne me paraissent plus (du tout) être similaires. Quelles sont les caractéristiques cruciales actuelles de l’activité ? Pour un simple et unique exemple (mais on pourrait les multiplier en grande quantité), quels sont les publics (les formateurs, les formés…) qui viennent aujourd’hui pratiquer ce sport-passion (indéniablement) à (gros) risques, et quelles sont leurs (véritables) motivations et attentes ?
Perso, je suis convaincu que c’est sur la (seule) base de ce type de questionnement, complexe au possible, que des réponses
in fine non simplistes pourraient être apportées en matière de sécurité. Réponses engendrant des expérimentations dans tous les domaines du jeu parce que, comme le disait un grand mathématicien, « la véritable connaissance est expérience, tout le reste n’est qu’information ».