http://nord-pas-de-calais-picardie.france3.fr/info/Un-ULM-%C3%A0-hydrog%C3%A9ne-traverse-la-Manche-56464611.html--------------------------------------------------------------------------------
à 7 h 45, Gérard Thévenot, ingénieur dijonnais, a pris son envol de Nielles-lès-Calais à bord de son ULM équipé d'un moteur à hydrogène, qu'il a conçu lui-même.
Après une traversée sans encombre d'une heure, l'engin s'est posé dans un champ près de Douvres.
Le but de ce vol est de prouver au plus grand nombre que ce système, basé sur une énergie
Le décollage est programmé pour 7 heures, heure locale, ce matin. A bord de l'ULM, Gérard Thévenot, un ingénieur originaire de Dijon.
À 49 ans, ce passionné d'aéronautique veut relier Calais à Douvres par la voie des airs dans un appareil qu'il a lui-même conçu puis construit. Pour son projet, il s'est associé à une école d'ingénieurs ainsi qu'à des ingénieurs italiens. Une armada de professionnels impressionnante pour concevoir ce qui ne s'est jamais fait jusqu'alors : faire voler un aéronef avec de l'hydrogène transformé en énergie à travers une pile à combustible. Pour Gérard Thévenot, la notion est plus au défi technologique qu'à l'exploit, même si la traversée de ce matin sera une belle prouesse.
Une première mondiale
« L'exploit, c'est Louis Blériot qui l'a réalisé il y a cent ans, estime Gérard Thévenot. Moi, je vais voler avec quelque chose de novateur, c'est vrai, mais j'ai des instruments à bord de mon ULM. Si je tombe à l'eau, je peux être récupéré par un autre bateau ou par un hélicoptère dans les quinze minutes. » Le projet de Gérard Thevenot couve depuis six ans, quand il a commencé à construire cet ULM au carburant si novateur. « Je suis passionné par ce qui vole et j'ai aussi une fibre écologique, mais pas l'esprit soixante-huitard, complète l'ingénieur. Je ne milite pas pour la fin de la voiture mais je réfléchis au moyen de la rendre moins polluante. L'hydrogène est un moyen d'y parvenir. On fabrique de l'hydrogène à partie d'eau et à la fin du processus, on retrouve encore de l'eau. Sans rejets. Donc pas de polluant et pas non plus de richesses naturelles que l'on épuiserait.
» Tout en exerçant ses activités professionnelles, Gérard Thévenot a construit cet ULM en prévision d'un vol très médiatique, un Calais-Douvres l'année même du centenaire l'exploit de Blériot. Le vol est une prouesse technologie, il doit aussi être un gros événement médiatique permettant peut-être à Gérard Thévenot de trouver des sponsors. Il n'en a aucun pour l'instant et n'a donc pu compter que sur lui-même pour financer son projet. Pour des raisons de sécurité, Gérard Thévenot n'a pu s'inscrire dans le programme du week-end du centenaire, le mois dernier.
« Cette technologie, peu courante, est connue depuis 1973, résume-t-il. La principale difficulté a été de trouver des piles à combustible ayant une capacité suffisante pour faire voler cet ULM durant le temps de la traversée, soit environ une heure. » Les piles à combustible viennent de Lille, Gérard Thévenot en a pris livraison hier. Leur coût fait qu'elles sont le point sensible de la traversée : en cas de chute dans l'eau, pourront-elles être récupérées ? « N'oublions pas que cet ULM est le premier aéronef utilisant l'hydrogène pour voler. »
Tout propre
Gérard Thévenot est arrivé à l'aéroport de Calais-Dunkerque, à Marck hier soir. Il en a profité pour déposer son plan de vol auprès des autorités de la tour de contrôle. Ensuite direction le terrain privé de Nielles-les-Calais. C'est de là qu'il doit décoller ce matin. « Je veux consacrer ma soirée (d'hier, NDA) à monter mon ULM, à tout vérifier. Puis décollage au petit matin. Le problème, ce sera la dizaine de kilomètres dans le parcours sur laquelle, en cas de pépin, je ne pourrais rejoindre aucune des deux côtes. J'ai déjà fait des vols me permettant de tester la durée de vol de l'ULM, et il tient l'heure nécessaire. Mais je ne suis pas à l'abri d'une mauvaise surprise. » S'il va voler pour son plaisir, s'il va avoir la satisfaction de vérifier que son ULM tient la route, Gérard Thévenot veut aussi donner un fabuleux coup de projecteur médiatique à la technologie. « Je veux dire que si l'on peut faire voler un ULM à l'hydrogène, on peut faire rouler des voitures avec cela. avec des performances supérieures, avec beaucoup moins de bruit puisqu'il n'y a pas d'explosion comme dans un moteur classique et sans rejets. Ainsi, sur une bonne voiture, j'estime que l'on garde à l'arrivée moins de 20 % de la performance du gazole. Avec l'hydrogène, on doit être à 50 % » Seul écueil aujourd'hui, le coup de cette technologie qui la rend inabordable pour le particulier : la production d'hydrogène coûte cher puisque la demande n'existe pas. Et, paradoxe, rien n'est fait pour encourager la demande. En réalisant ce matin un exploit à sa façon, Gérard Thévenot espère changer la donne.
Laurent GEUMETZ
