Mon premier secours |
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Curieux: Citation de: Michou le 22 Juin 2023 - 09:32:50 Salut! :coucou: Je viens vous raconter mon premier (et j'espère dernier) lancé de parachute en situation réelle la semaine dernière. :vrac: On est en juin, periode de l'année attendue longtemps pour ses belles conditions de vol. Sauf qu'entre la météo et les contraintes personnelles, les créneaux vols n'ont pas été à la hauteur des attentes. Hop, une journée annoncée plutôt pas mal, malgré un peu de nord annoncé. :banane: Du coup je suis parti sur ce vol avec de grosses attentes voire une forme de pression! Après 3 heures de vols dans la vallée pendant lesquelles le vent de Nord a montré sa présence et son impact sur la masse d'air de manière assez claire, puisant dans les ressources mentales et imposant beaucoup de présence, je commence à être fatigué et me dis qu'il serait préférable d'aller poser. Cependant je veux boucler la fin du parcours en faisant un dernier sommet et prolonge un peu le vol. J'ai déjà fait quelques erreurs stratégiques auparavant mais je les oublie vite et espère finir le vol sur une bonne ligne. Arrivé quasiment au sommet de l'aiguille grive, je remonte le long de la crête puis, environ 60m en dessous du sommet, je me laisse bêtement emmené dans ce thermique qui me semble plutôt doux et que j'imagine m'emmener en 2 tours au dessus du relief. Peu concentré, je ne me rends pas compte que je me laisse déporter complètement sous le vent de l'aiguille. Un moment d'absence. :| La sanction est immédiate et brutale: je suis à 140m du sol et - de 50m horizontalement de la falaise et je prends les fortes turbulences de plein fouet. Tout est allé trop vite pour que je puisse analyser précisément ce qui s'est passé, mais groso modo plusieurs fermetures avec changement de cap en quelques très courtes secondes, cravate que j'essaye de contrer un instant mais je réalise heureusement à ce moment que je suis bien trop près du relief pour tenter quoi que ce soit comme pilotage. Je choppe la poignée du secours et la balance fort. Je dois surement repasser au dessus des élévateurs en rotation pendant l'ouverture car au moment de la prise en charge je me retrouve tête en bas pendant un instant. Finalement je suis pris en charge par le parachute et il me reste moins de 50 m avant le sol. Je tente de neutraliser ma voile en ramenant toutes les suspentes que je peux trouver sous mes doigts un peu à l'arrache car je suis surtout préocupé par le sol et la falaise qui se rapprochent vite. Ma tentative est quand même relativement efficace et je finis par toucher le sol dans une pente raide sur un petit névé. Aucune égratignure, pas de peur ni de reconaissance divine d'être en un seul morceau mais une grosse colère envers moi même que je laisse éclater pleinement par quelques hurlements de bête blessée et très contrariée. :fume: Je me permets ce débordement d'émotions car pommé à cette altitude je ne dérange bien que les marmottes. Bon, malheureusement en tentant de quitter la pente raide avec tous les chiffons dans les bras je marche sur le parachute et glisse sur une dizaine de mètres en sentant bien le tissu coincé entre les caillou et mon pieds et sans vraiment pouvoir contrôler quoi que ce soit. De nouveaux quelques cris de colère et autres jurons. :bang: Résultat: 2 panneaux déchirés. Que retenir de tout ça? :grat: Premièrement, je dois apprendre à mieux visualiser l'aérologie et surtout mettre à jour l'information à tout instant et l'inscrire dans les premiers élements à prendre en compte dans mes placements. Je dois également augmenter mes marges, notamment vis à vis du relief. Ensuite, je dois mieux prendre en compte la fatigue physique et mental et savoir aller poser malgré l'envie d'atteindre des objectifs. Et bien entendu, une des leçons importantes du jour: le parachute est là pour servir!!! J'ai souvent pensé qu'en ayant une pratique raisonnable (ce qui n'est peut-être finalement pas le cas pour moi), le parachute était là pour se rassurer, mais qu'en vrai y a pas de raisons qu'il serve. A ce stade du vol je me sentais plutôt serein, arrivant en terrain connu et celà a joué sur ma vigilance. Pour l'anecdote, j'ai fait mon premier SIV le mois dernier. Je n'en suis pas sorti en excès de confiance, en tout cas je n'en ai pas l'impression. Cependant, lors de l'incident j'ai essayé de piloter ma voile cravatée par "reflexe acquis", ce que je n'aurais sans doute pas essayé de faire dans ce contexte, si près du relief, il y a encore quelques semaines. Les gestes acquis pendant le SIV auraient peut être pu me sauver la vie dans un autre incident, mais en l'occurence ils ont failli me coûter cher si j'avais tenté de les maintenir 3 secondes de plus, espérant bêtement m'en sortir tout seul à cette altitude. Donc le message que je veux faire passer: n'hésitez pas à balancer votre secours! J'ai bien failli ne pas y penser à temps et je ne suis pas sûr que j'aurais pu ecrire ces lignes aujourd'hui. :trinq: Merci beaucoup pour ce témoignage très intéressant. Perso j'en tire plusieurs enseignements: - Quand la fatigue arrive , insister n'est pas une bonne idée - Proche du sol l'attention doit être a son maximum - des que ça merde ne pas attendre pour lancer le secours - Une fois au sol prendre le temps de se calmer avant de prendre une décision . Après un épisode de ce style le stress est important et on est pas forcement très lucide. La chute sur le névé aurait pu être très grave alors qu'on s'en était bien sortis jusque la , à méditer... |
coumeduger: Salut Excellent :bravo: Merci du partage. Bienvenu au club des toujours vivants ! -j'en suis- De ceux qui ont longtemps pensé ne jamais avoir à le lancer hors simulation, mais qui ne l'ont jamais négligé pour autant, ni oublié dans un coin de leur sellette... ou de leur tête! Pour qu'un jour mémorable, encore suffisamment convaincus de son efficacité, ils le lancent sans tarder pour se sauver... et que ça marche ! Notre jugement est moins fiable que nos ailes, surtout quand il s'agit d'autocontrôle. D'un jour à l'autre, notre psyché - comme notre capacité à encaisser des jerks élevés (je me répéte) - peut passer de A à D ou... eeeûûhh... bbeeeeu... Seconde leçon que je partage avec toi : attention au sur-accident sous adrénaline !!! Dans mon cas, m'entraver les jambes dans une branche cachée dans un épais tapis de feuilles mortres de hêtre, partir violemment en avant (je redescendait en courant...le con,..) et rebelotte dans la pente... bam, badaboum... boum contre une souche... s'aurait pu être le rocher à côté... Un bon truc propose par un pilote de l'aéronavale : respirer calmement, remuer doucement les doigts de pieds dans les chaussures plusieurs secondes en observant la situation en se remettant en tête quel est l'état final recherché = 1- maison, pas cassé ou le moins possible! 2- idem pour ceux qui sont en train de venir à votre aide, et auxquels il ne faut pas aggraver la tâche - à renouveler autant de fois que nécessaire, à intervalles réguliers - PS : par curiosité, quelle position pour ton secours, quel type de sellette ou harnais ? |
Michou: Citation de: wowo le 22 Juin 2023 - 09:40:53 Il est certain que tu le dois à ton parachute de secours et... ta décision de le lancer. Oui, c'est surprenant mais j'ai eu un bref conflit intérieur et je suis content que la petite voix qui voulait faure secours ait eu le dernier mot. Ca peut paraitre un peu fou mais une partie de moi même refusait l'idée de lancer le secours et d'en assumer les éventuelles conséquences au point de nier l'évidence. Bon tout ça s'est passé en un éclair dans la tête mais effectivement le choix de lancer le secours n'est pas aussi évident que ça et ma seule satisfaction dans l'histoire, c'est de l'avoir fait. Citation de: Xanarz le 22 Juin 2023 - 10:11:31 A cote de cela, quel est ton experience de vol ? volume ? materiel ? Question intéressante. Alors j'en suis à un peu plus de 300 vols sur 5 ans de pratique avec 80 vols pour 60 heures l'an passée. Je suis sous une AD Soar et dans une kolibri depuis moins d'un an. Mes objectifs de vols rando et mon début de progression lent par peur d'aller trop vite se sont progressivement transformés en volonté de cross mais je me rends compte que le plus compliqué c'est la dispo sur les bonnes journées et quand on est sur des périodes où on en a raté pas mal, l'envie de profiter à fond d'une journée instable peut pousser à l'excès de confiance. Ca a surement joué lors de cette fameuse journée. Je pense être à une période de mon apprentissage où j'ai bien progressé, je prends confiance en moi et en mes capacités et j'ai envie d'accélérer encore plus la progression, ce qui me pousse parfois un peu dans les limites. Si je feuillette mon carnet de vol je me rends compte qu'il y a eu une augmentation des petits avertissements depuis 1 an. A méditer. Citation de: shenriod le 22 Juin 2023 - 11:51:20 Merci beaucoup pour avoir le courage de poster ce compte rendu! En s'ouvrant ainsi, on s'expose toujours à la science toxique de ceux qui savent tout et "n'auraient jamais fait cette erreur". Pourtant, ces piqures de rappel sont tellement utiles pour toute la communauté (enfin, je parle surtout pour moi, avec mon expérience de mini piou piou :-) ) Très juste. Ces effectivement parceque j'estime que ça peut être utile à toute la communauté que j'en parle. A mon avis trop de personnes n'osent pas parler de leur échecs par crainte du jugement. Pour ma part je pense être de plus en plus capable de ne pas tenir compte des messages non constructifs et de la critique sans intérêt. Et mon égo supporte assez bien les critiques si elles me permettent de progresser. J'assume complètement mon erreur même si ça fait mal et que je me sens nul de l'avoir faite. Citation de: Curieux le 22 Juin 2023 - 11:52:23 Perso j'en tire plusieurs enseignements: - Quand la fatigue arrive , insister n'est pas une bonne idée - Proche du sol l'attention doit être a son maximum - des que ça merde ne pas attendre pour lancer le secours - Une fois au sol prendre le temps de se calmer avant de prendre une décision . Après un épisode de ce style le stress est important et on est pas forcement très lucide. La chute sur le névé aurait pu être très grave alors qu'on s'en était bien sortis jusque la , à méditer... :+1: Tout à fait d'accord avec tout ce que tu dis! Pour le dernier point, en ce qui concerne mon histoire, j'étais suffisament en sécurité pour ne pas avoir à prévenir les secours mais la pente était trop raide pour me permettre de ranger le materiel proprement donc je n'avais pas le choix que de quitter cette pente pour atteindre un pseudo replat à quelques dizaines de mètres en prenant les chiffons sous le bras. Par contre j'aurais sans doute pu essayer de le faire avec un peu plus de précautions. Ca aurait pu me coûter des blessures, ça m'aura au final coûté un secours (confirmation de supair à l'instant que la réparation ne vaut pas coût). :( Citation de: coumeduger le 22 Juin 2023 - 13:08:02 ... Bienvenu au club des toujours vivants ! -j'en suis- ... PS : par curiosité, quelle position pour ton secours, quel type de sellette ou harnais ? Merci pour ton commentaire et tes conseils. C'est toujours bien de voir qu'on n'est pas seul :lol: Et donc pour le matos c'est un cocon, kolibri, avec secours ventrale et poignée à droite. Pour l'anecdote je crois me souvenir d'avoir "cherché" la poignée du regard et de ne pas la chercher à l'aveugle. Je ne pense pas que ça m'ait posé de problème ou fait perdre du temps, c'est juste intéressant, probablement une dérive de l'escalade où j'avais l'habitude de regarder ce que je faisais avec mes mains. D'autre part je n'ai aucun souvenir d'avoir sorti les pieds du cocon ni de ne pas l'avoir fait. Sinon le secours est (était :( ) un supair shine et je suis très content de son utilisation. Je pense que le maigre tas de neige et la pente ont amortis la réception mais quoiqu'il en soit ce n'était pas violent. Merci pour vos commentaires! :trinq: |
Man's: Citation de: Curieux le 22 Juin 2023 - 11:52:23 Perso j'en tire plusieurs enseignements: (...) - Proche du sol l'attention doit être a son maximum Tu t'en doutais un peu quand même avant, non ? |
Buck Danny Le Retour: Citation de: Michou le 22 Juin 2023 - 16:43:27 Question intéressante. Alors j'en suis à un peu plus de 300 vols sur 5 ans de pratique avec 80 vols pour 60 heures l'an passée. Je suis sous une AD Soar et dans une kolibri depuis moins d'un an. Mes objectifs de vols rando et mon début de progression lent par peur d'aller trop vite se sont progressivement transformés en volonté de cross mais je me rends compte que le plus compliqué c'est la dispo sur les bonnes journées et quand on est sur des périodes où on en a raté pas mal, l'envie de profiter à fond d'une journée instable peut pousser à l'excès de confiance. Ca a surement joué lors de cette fameuse journée. Je pense être à une période de mon apprentissage où j'ai bien progressé, je prends confiance en moi et en mes capacités et j'ai envie d'accélérer encore plus la progression, ce qui me pousse parfois un peu dans les limites. Si je feuillette mon carnet de vol je me rends compte qu'il y a eu une augmentation des petits avertissements depuis 1 an. A méditer. :coucou: Puissions nous tous méditer là dessus. Ce qui peut pour certains n'être que de petits avertissements peuvent pour d'autres être de gros avertissements. On est malheureusement pas tous égaux dans le discernement et/ou l'humilité. J'en ais moi-même fait les frais ! Avant le gros carton, il peut y avoir tout un tas de signes. Un grand bravo et respect à celles et ceux qui savent écouter. Heureux que tu t'en sois sorti sans bobo, et merci beaucoup pour ton partage. En nous souhaitant toujours de beaux vols ! |
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