Voilà, tout finit par arriver… une semaine après notre collision à St-Hil (mardi 27 octobre), nous sommes en mesure d’expliquer un peu ce qui s’est passé et de répondre aux éventuelles questions. Notons tout de même que notre principale motivation aujourd’hui est d’éviter que cet accident fasse l’objet de commentaires ou d’allusions dans d’autres circonstances moins appropriées et que nous souhaitons autant que possible que la lumière soit faite sur cet événement afin d’en tirer toutes les conséquences nécessaires pour éviter qu’il ne se reproduise.
Maintenant, nous avons décidé de vous présenter chacun notre version de l’accident, vous verrez qu’elles ne sont finalement pas si différentes l’une de l’autre.
Voilà comment personnellement (François), je vois les choses avec une semaine de recul (car j’étais bien incapable de voir les choses comme ça sur le coup) : j’évolue depuis environs 5-10 minutes dans la combe de St-Hil avec pas mal d’ailes tout autour, mais ce n’est quand même pas la « grappe » infréquentable que nous avons déjà connu sur ce site. Je décide de partir vers le pilier sud car trop de monde, je m’éloigne d’une aile qui vient dans ma direction et que j’estime trop proche, j’engage donc un virage vers la droite. Là je continue mon virage car une aile se retrouve sur ma gauche. L’aile de Mélina se retrouve alors devant moi, j’estime ne pas avoir la place de passer et je tente de l’éviter en tournant franchement sur la droite et c’est la collision. Je ne prétends pas que cela soit exactement comme ça que cela s’est passé, mais c’est aujourd’hui ma version de l’enchaînement des faits. Après la collision je me retrouve enveloppé dans mon aile, toujours attaché à Mélina mais je ne le savais pas. Empétré au milieu de ma voile et des suspentes, j’ai beaucoup de mal à trouver ma poignée de secours, une fois que je pense l’avoir en main, je tire de toutes mes forces dessus mais rien ne vient. Soit le système était complètement bloqué, soit je ne tirais pas sur la poignée… et je ne saurais jamais… mais une chose est sûre : la poignée était toujours bien à sa place (avec le scratch) quand on a récupéré la matos. Heureusement, Mélina avait largué son secours dès les premiers instants, mais son aile s’étant mis en hélico, il n’y a pas assez de vitesse pour qu’il s’ouvre rapidement. A ce moment là, le taux de chute vertical est en fait relativement faible. C’est au dernier moment que ma vision se trouve dégagée, je me vois descendre vers des arbres lentement, ma réflexion fut « ah ça va aller, je ne descends pas très vite » (je rappelle que je ne pensais pas être lié à Mélina et pour moi j’étais en chute libre sans secours…). Je me retourne pour avoir le dossier de ma sellette vers le bas et c’est l’arbrissage, tout doux… comme si je m’étais assis dans un fauteuil. En fait, le secours de Mélina s’est ouvert au dernier instant, sûrement grâce à un thermique, et nous a dévié vers les arbres qui nous ont gentillement accueillis. Après les secours sont venus nous chercher (l’endroit était quand même pas très hospitalier…) et après un hélitreuillage nous nous sommes retoruvés sur la terre ferme du déco nord (super la rot, hein ?
). Les potes sont tout de suite venus pour débrancher le matos : un grand merci !
Voici la version de Mélina : Je vole depuis 5 minutes environs, je suis en vol rectiligne du déco nord vers le déco sud avec le relief sur ma gauche. Loin devant moi il y a une aile qui arrive, mais vraiment pas de quoi s’inquiéter, puis je vois François qui arrive sur ma gauche dans une trajectoire légèrement perpendiculaire à la mienne et qui engage un virage dans ma direction, son virage est large et régulier et sa trajectoire actuelle pourrait le faire passer sur ma droite sans qu’on se touche (bien que ça aurait été près…). Mais là je ne comprends pas pourquoi, son aile pique et son virage s’engage assez fort et du coup c’est la collision… François passe sur ma gauche et son aile à ma droite… La première chose que je fais c'est tirer le secours puis ensuite j'essaye comme je peux de retirer les suspentes qui m'étranglent... Je ne vois pas que François est dans son aile, mais je sais clairement qu'on est accroché puisque que la moitié de ses suspentes sont emmêlées autour de moi... On bouge dans tous les sens, je cherche le secours du regard pour voir s'il s'ouvre, puis en cherchant le sol de mes yeux, je vois clairement qu'on se dirige vers la falaise... Je la regarde et n'arrête pas de répéter dans ma tête « les arbres, les arbres, les arbres ».... puis d'un coup, je sens qu'on se fait dévier clairement de notre « point d'impact » pour finir dans les arbres ! On allait pas très vite au moment de l'impact, par contre pour moi, même si je n'ai rien de cassé, le choc a été un peu plus violent que pour François parce que son aile était encore accrochée à moi et que, forcément, ça tire un peu sur les membres, mais bon, dans l'ensemble tout va bien... Je suis perchée à env. 3-4 mètres du sol tenue par mon aile qui est accrochée dans un arbre qui paraît quand même vachement mort !.. La première chose que je fais c'est appeler François pour savoir si tout va bien... Il me
répond rapidement, il est juste en dessous de moi juste au niveau du sol... La falaise est à environ 2 mètres de plus que nous, mais il y a des arbres qui nous sécurisent un minimum, mais la pente est quand même bien raide, il faut faire attention...Je suis pendue, la tête en bas et la voile de François me sert à la jambe alors j'essaye de me défaire avec l'aide de François...Une fois presque détachée, François qui me soutenait un peu avec ses épaules glisse et du coup je me retrouve étranglée par des suspentes et ma sellette, les pieds dans le vide... Heureusement François remonte assez vite pour m'aider à me dégager...pfffiou ! Les secours arrivent rapidement avec l'hélico et nous pose au déco nord où des personnes nous rejoignent et prennent la suite des choses en main... !
Voilà donc les faits tels que nous les percevons aujourd’hui.
Sinon, résultat des courses pour le matos : aïe, aïe, aïe !!!
En ce qui me concerne seule l’aile a morflé : des caissons déchirés, des trous de ronces et la moitié du suspentage qui a brûlé (oui brûlé… fondu…).
Pour Mélina, l’aile et le suspentage sont en aussi mauvais état avec les élévateurs très endommagés (les A sont littéralement sciés), le secours déchiré et la sellette très marquée aussi. Bref, beaucoup de dégâts.
Par la suite, différents témoignages ont été rapportés, mais finalement très peu concernant l’enchaînement des événements avant la collision. Personnellement, je considère que tous les témoignages sont bons à être exposés, par contre certains nous ont paru plus fantaisistes que d’autres. Dans tous les cas, l’issue sans gravité de cet accident doit permettre à chacun d’en parler librement. Nous ne nous positionnerons pas par rapport aux différentes polémiques qui sont nées après l’accident sur ce forum ou ailleurs, nous n’en avons pas envie et nous ne pensons pas que cela puisse faire avancer les choses pour éviter qu’une telle situation ne se reproduise. Il apparaît cependant qu’il soit très difficile de discuter sur un forum d’événements graves sans que cela heurte des personnes (pas forcément les intéréssés eux-mêmes), et il est sûrement plus facile d’en parler de vive voix pour éviter des interprétations hasardeuses d’écrits ou de paroles rapportées. Nous vous invitons donc tous à vous exprimer si vous le souhaitez, mais n’oubliez pas que nos coordonnées sont facilement accessibles sur ce forum et que nous sommes disposés à vous répondre directement.
Nous finirons par remercier à nouveau du fond du cœur toutes les personnes qui se sont manifestées pendant cette mésaventure, ça nous a beaucoup aidé et réconforté ! (il y en a trop pour les citer toutes…).
Merci et bons vols à tous !
Mélina et François
