Dust or not Dust...
Saïmone:
Bon, comme je suis en arrêt à cause de ma chute, j'ai justement du temps pour gamberger sur ce qu'il s'est passé. Voici un petit récit qui détaille un peu mon vrac de ce dimanche 16 juin 2013 :
Nous avons fait le choix du site d'Echevannes (25). Les prévisions ont annoncé une journée stable. La chaleur est pesante, l'atmosphère est lourde : ça fait un moment que nous n'avons pas eu aussi chaud ! Pas un brin de vent, mais la journée à l'air tout de même très « thermique » puisque nous sentons au décollage des bonnes rentrées d'air. C'est très cyclique, je commence à me préparer car je souhaite décoller au début d'un bon créneau. Malgré la stabilité annoncé, le ciel est parsemé de petits cumulus et j'ai même l'espoir de crosser un peu.J'essaie de rester humble « on verra déjà si c'est possible de monter » ! Isabelle est prête, nous la laissons décoller. Elle ne reste pas devant le déco, elle longe la crête à gauche et se pose un peu après à l'attéro officiel. Elle nous précise en radio qu'il n'y a pas grand chose à prendre, mis à part des petites bulles trop « hachées » pour pouvoir enrouler.
Je suis prêt, je sens une bonne bouffe et je vois les arbustes bouger devant le déco : le créneau est là ! Pour éviter de partir en fin de cycle, je gonfle et attends avec la voile au dessus de la tête. L'aile est impec', comme elle est belle cette Mentor2 ! Je suis pris en charge par la voile, je décolle sans avoir besoin de courir, juste besoin de quelques pas en avant pour me mettre en l'air. Je zone un peu devant, passe dans des toutes petites bulles déstructurées et parviens à me maintenir à hauteur du déco. Isa avait fait une bonne analyse : de bons thermiques pour décoller mais rien à prendre une fois en l'air ! C'est vrai qu'il n'y a rien de génial, aucun arbres ne bougent le long de la crête, c'est foutu pour espérer monter par ici... Je décide donc de m'avancer un peu, pour rejoindre la crête à droite, celle qui est au soleil et orientée Sud.
Je continue à me dire que ça ne sert à rien d'espérer, la masse d'air est calme et rien ne bouge. Mais quelques mètres devant moi, je vois une partie boisée très secouée : les arbres sont remués dans tous les sens ! Un thermique ? Un DUST ??? Je n'ai pas le temps de changer de direction ou même d'entreprendre une action sur l'aile : ENORME VRAC, ma voile se fout en boule au dessus de ma tête ! Par réflexe, j'attends la réouverture et je m'accroche aux élévateurs pour éviter de baisser les commandes et de surpiloter. Je m'apprête juste à temporiser une grosse abattée. Après quelques fermetures asymétriques de chaque côtés, l'aile se ré-ouvre mais devient incontrôlable : elle part à gauche, à droite, devant, derrière... J'essaie juste de contrer les grosses abattées mais je ne maîtrise plus rien et j'essaie de garder les mains hautes. Le vent souffle fort dans mes oreilles, j'ai le sentiment d'être dans une tornade ! Je suis secoué dans tous les sens et j'ai peur de prendre la voile sur la gueule !
Soudainement, sans action de ma part, la voile part dans une rotation en mode « hélico », dans le sens inverse des aiguilles d'une montre. Comme je pense être plutôt en auto-rotation, par réflexe j'applique ce que j'ai appris pendant les stages SIV : contre à la sellette/commande ! Je continue de descendre et la voile est toujours en vrille à plat, mon action ne sert à rien et je commence à penser à tirer le parachute de secours. Mais je reste comme « bloqué », impossible pour moi d'attraper la poignée du secours ! Et c'est sans doute déjà trop tard... Je reste cramponné à ma commande, pour espérer un contre efficace. Le sol se rapproche, je commence tout de même à sentir un ralentissement dans la rotation (mais je me crois toujours en auto-rotation), mais tout va tellement trop vite ! Je me dis que ça sera sans doute mon dernier vol...
BAM !!! Dans la rotation, je tape fort sur les rochers de la petite butte au dessus de la route. Heureusement la sellette amortie bien le choc : merci l'Impress ! Avec la force de l'impact, je pousse un « vieux râle », j'ai l'impression que mon corps s'est brisé en mille morceaux (je ressens encore aujourd'hui l'onde de choc traverser ma poitrine). Je rebondis et m'écrase ensuite (comme une m___) sur la départementale un peu plus bas. Ce choc sur la route fait voler mes lunettes de soleil, mais heureusement je suis tombé sur le côté. J'entends les copains très inquiets en radio : « Saïmone est-ce que tu nous entends ? Saïmone est-ce que t'es là ? »...
Bon je suis conscient, c'est déjà ça. Je parviens même à chopper mon micro et à leur parler, enfin plutôt à leur demander de me rejoindre très vite car je suis complètement perdu et mort de trouille ! Je me sens foutu, déglingué, mon corps vibre encore du 1er choc. Je me désharnache et me relève. Impossible de m'arrêter de marcher, malgré une douleur énorme dans la jambe droite. Peut-être que ça me rassure de bouger ? Je tourne un moment en rond, puis je pousse la voile sur le côté de la route et les copains sont déjà là. Ils m'invitent à ne plus bouger. Je me pose dans leur voiture et j'entends déjà la sirène des pompiers. Bon, je ne vais peut-être pas rentrer immédiatement chez moi...
Résultat : un « joker » de grillé, une grosse frayeur, un héliportage, une nuit en observation à l’hôpital (avec Gulli comme seule chaîne TV), un os de pied cassé, une remise en question et une prise de conscience : je suis solide (ou chanceux) et j'ai des amis formidables ! Pourtant, même si j'admets volontiers que j'ai peut-être « surpiloter » à un moment, car c'est difficile de ne pas aller « chercher le contact » avec son aile (mais j'ai pourtant l'impression d'avoir levé les mains pendant tout ce sketch), je n'explique pas cet énorme vrac au départ... Un dust pourrait expliquer tout ça ? Y compris le départ en vrille à plat (et pas en autorote) ? Je crois à cette hypothèse : le vent soudain dans les arbres, le sentiment d'être dans une vraie tornade, le souffle fort dans les oreilles... J'espère que vous pourrez m'aider...
:forum:
Un copain avait sa caméra fixée sur son casque et a filmé le sketch (on ne voit pas grand-chose mais ça peut aider pour l'analyse) :
http://vimeo.com/68565806
jeff:
Ils sont propres tes hélicos dis donc :canape: Je déconne...
Je laisse à d'autres plus compétents le soin d'analyser le sketch.
En tout cas bon rétablissement. Je sors d'une longue période de convalescence et j'ai repris récemment.
C'est bien de vouloir comprendre pour repartir du bon pied.
Saïmone:
Merci Jeff ! Oui on m'a bien félicité sur mes hélicos ! J'hésite : dois-je en être fier ? :mrgreen:
Le but effectivement est de comprendre, mais honnêtement je pense qu'un dust ou un thermique bien foireux est la cause de ce vrac. Surtout que j'ai vu cette zone malsaine avec les branches des arbres: ça correspondait à une petite zone mais ça paraissait costaud, ça partait dans tous les sens !
Saïmone:
Citation de: jeff le 18 Juin 2013 - 14:59:11
C'est bien de vouloir comprendre pour repartir du bon pied.
Je vais attendre d'en avoir à nouveau deux. :D
Le bandit démasqué:
Difficile à voir sur cette vidéo ... excepté que c'est effectivement un bel hélico !!!
Pour ceux qui ne connaissent pas l'endroit, la vallée de la Loue entaille un immense plateau qu'on devine très bien à l'altitude du déco Ouest sur lequel se trouve le cameraman, et qui est une bonne solution de repli par vent nul.
Pas forcément un dust (d'autant plus que le terrain ne s'y prête pas). Ça peut être simplement une belle fermeture avec départ en parachutale et hélico que tu entretiens parfaitement (contre sellette commande ?).
D'après la vidéo, deux remarques :
Les nuages en altitude vont relativement vite (c'était du Sud, dimanche, non ?)
L'endroit où tu te trouves est généralement sous le vent de la brise de la vallée (s'il y en avait ...).
Supposition : un bon départ de thermique (éventuellement sous le vent de la brise) sur une face (Sud-Sud-Est) surchauffée au soleil qui démarre dans une masse d'air complètement bloquée par le vent en altitude.
Ce thermique provoque la fermeture de l'aile, mais je ne pense pas que ce soit lui qui entretienne le sketch derrière. Le vent et le souffle dans les oreilles, c'est juste le taux de chute en parachutale.
Un remède (parmi d'autres) : savoir différencier une autorot d'une phase parachutale. Ça t'aurait permis d'en sortir, car (pour une fois) une action aux commandes aurait été sans doute bénéfique (à condition de ne pas se retrouver en autorot près du relief ... :D ).
Ce n'est que mon analyse personnelle, je ne doute pas qu'il y en ait d'autres.
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