C'est vrai que la vous etes alles chercher loin pour publier la chronique d'un accident.
Cependant il s'agit bien d'un accident grave dont j'ai ete la victime avec quelques lecons a tirer pour la communaute tout entiere.
Pour ce qui est de l'article je n'ai jamais vu le journaliste donc je trouve assez etonnant qu'il ai mentionne mon nom etant donne que je n'ai donne mon consentement pour ca. L'article en lui meme n'est pas trop mauvais et s'en tient aux faits (meme si ce n'est pas tout completement correct).
Pour ce qui est de l'accident lui meme, j'etais parti en transition vers 7000m (
http://www.xcleague.com/xc/flights/20122070.html?vx=20) et me suis retrouve depose dans un venturi de brise en raison de la progression plus rapide qu'anticipee d'un voile d'altitude (les thermiques convoites avaient disparus pendant le temps de ma transition). Les possibiltes de pose etaient tres limitees et sub-optimales. J'ai fait une approche maitrisee jusqu'a au moins 30-50m sol. Pour ce qui est de la suite je ne sais pas car j'ai perdu connaissance ainsi qu'un peu de memoire. A l'ampleur des blessures (pieds demis, cheville cassee et fracture tres grave du bassin) il est evident que je me suis crashe au pose.
En ce qui concerne les enseignements, le plus important est que quelle que soit l'altitude ( plus de 4500m au dessus de la vallee dans mon cas) le parapentiste ne doit jamais perdre de vue ses options pour l'atterrissage si ses plans A, B, C... ne fonctionnent pas. Dans l'euphorie d'un tel vol c'est ce que j'ai surement perdu de vue et c'est venu se rappeler a moi d'une maniere qui aurait pu facilement etre fatale.
Le second enseignement est en lien avec la maniere de repondre a une telle urgence medicale dans une region reculee. Ce n'est pas d'un interet majeur pour tout le monde mais les grands voyageurs y trouverons surement quelque chose. La premiere chose a noter est que bien que mes blessures (le bassin) soient consideree comme une urgence (potentiellement) vitale par le milieu medical occidental et malgre une couverture par assurance (une assurance Francaise via ma licence FFVL et une assurance specifique Britannique - je suis resident au Royaume-Uni) correcte, mon rapatriement en Europe a pris un tout petit peu plus de 7 jours. Les principaux points a retenir sont:
- Avant le voyage, preparer un document avec les details de l'assurance, du passeport, du visa et le numeros de tel des amis et famille. Distribuer ce document a amis et famille et aussi aux parapentistes qui partagent le voyage (que ce soit vos amis ou ceux que vous rencontrez durant le voyage).
- Quelle que soit la reponse des autorite locales, prendre contact avec l'assurance (ou les assurances) le plus rapidement possible
- Obtenir un rapport ecrit d'un medecin/chirurgien le plus rapidement possible et le relire pour s'assurer que c'est clair et qu'il n'y a pas d'erreurs (faire pression si besoin est). Les assurances ne font RIEN avant d'avoir recu un scan/photo de ce document.
- Former une equipe sur place (4-6 personnes) avec un leader qui assure toutes (ou la majorite) des echanges avec l'assurance. Les autres assurent le support moral et physique du blesse, font des recherches internet, remplissent des formulaire...
- Former une equipe en France (ou dans le pays d'origine) (2 personnes). Son role est d'essayer d'obtenir un avis medical independant, d'obtenir des conseils medicaux pour eviter le sur-accident (hemorragique, neurologique, embolie, infections...) et d'informer le centre hospitalier ou le blesse sera recu in fine
- Informer l'ambassade de France dans le pays ou l'accident a eu lieu. Ils ne vont pas se substituer a l'assurance mais peuvent accelerer qqs demarches administratives sur place et faire pression sur l'assureur.
- Explorer toutes les options pour le rapatriement initial vers la capitale du pays dans lequel l'accident s'est passe et maintenir possible ces options (sauf contre indication medicale) jusqu'au depart effectif du blesse. Utiliser tous ses contacts locaux pour ca. Il n'est pas improbable que vos contacts soient meilleures que ceux de l'assurance. En raison de l'investissement financier pour acquerir du materiel de parapente, dans ce type de pays, une partie des parapentistes appartiennent a une tranche haute de la societe et peuvent avoir des contacts hauts places dans les administrations ou les transports aeriens locaux.
- Maintenir le moral du blesse aussi haut que possible. Lui faire lire les correspondances emails qui ont lieu. Pour moi, lire ces emails et me rendre compte qu'autant de personnes donnaient de leur temps a vraiment booste mon moral. Ne pas cacher au blesse que les blessures sont tres graves mais ne pas en dire plus qu'il n'en faut. Dans mon cas, j'etais conscient qu'une fracture du bassin avec deplacement important etait tres grave mais je me suis accroche tout le long. Ca n'aurait peut-etre pas ete pareil si on m'avait dit que pour ce type de fracture la mortalite est proche de 10% meme quand admis de suite dans un hopital occidental.
- Maintenir l'equipe qui assite le blesse en bonne forme. Nous sommes tous de nature optimiste et pensons que l'evacuation sera reglee dans les 24h. La tentation est de ne pas dormir et de ne pas manger. En realite ce n'est pas souvent le cas et il est important de se reposer et de maintenir une nutrition correcte pour maintenir l'efficacite de l'equipe.
Je suis reste en tout 1 mois a l'hopital. Je devrais avoir retrouve ma mobilite complete vers la fin de l'annee et espere avoir retrouve une condition physique satifaisante debut 2013.
Je ne pense pas qu'il y ai besoin d'en dire plus pour le moment. Dans les mois a venir il y aura surement un article dans le magazine de la fede pour presenter les bons aspects du voyage et aussi etoffer un peu plus sur ce qu'il faut faire et ne pas faire pour repondre a une urgence medicale dans une contree reculee.