olive m
Rampant
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Aile: Ozone Mantra 2 ou vieille UP Trango
pratique principale: compet
vols: On apprend, comme tout le monde... vols
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« le: 01 Septembre 2008 - 14:38:00 » |
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Info diffusé sur le blog de la Sainte victoire: http://parapentaix.over-blog.com/Accident en deux temps. a+ olm -------------------------------- Merci tout d'abord à Louis pour son assistance physique et morale, lui qui s'est occupé avec Manu de rapatrier ma friteuse sur l'Hopital Nord, merci à Dudu et à Marc pour le repliage de la voile et le rangement du sac, merci à Elisabeth, la femme de Marc, présente à l'atterro et qui m'a réceptionné en bien mauvais état, merci à ceux qui étaient à l'Escalette et qui sont venus poser pour prendre de mes nouvelles. Merci aux hommes du GRIMP pour leur professionnalisme et leur rapidité d'intervention (ces gars là sont exceptionnels), merci au personnel du service orthopédique de l'Hopital Nord, (on a vraiment, un système de santé très performant). Merci à ceux qui sont venus me voir à l'hosto, et à vous tous qui m'avez envoyé des textos d'encouragement ou qui m'avez eu au bout du bigophone, ça me touche beaucoup, et en ces moments là, ça fait vraiment du bien au moral.....
Me voilà chez moi, sur un lit médicalisé, avec une fracture de l'os illiaque coté droit. Je peux béquiller sur quelques mètres en m'appuyant sur ma jambe gauche, mais ça fait mal. J'en ai pour un bon mois pour que la fracture se consolide, après, il faudra de la rééducation. Le moral est bon, même si parfois des périodes de doute et de remise en question apparaissent. On a toujours besoin de trouver des réponses qui nous satisfassent aux questions qu'on se pose... Pour en revenir à mon accident, je ne pense pas avoir commis une erreur de diagnostique aérologique : j'ai décollé après Dudu et Marc, j'ai bien observé leur vol et je n'y ai pas vu de dérive Nord Ouest. Certes, il y avait de l'Ouest, Louis l'a bien souligné, et sur Costes Chaudes, l'Ouest n'est jamais bien agréable. Honnêtement je ne pense pas avoir volé "sous le vent", dans le rouleau de Costes Chaudes, la voile dans ce cas aurait eu un comportement bizarre dés ma sortie du Dino, et puis il aurait vraiment fallu que l' Ouest-nord/ouest soit fort pour que j'en ressente les effets à cet endroit là !!! Non ! Par contre je me suis pris un monstre cisaillement sous le vent d'un énorme thermique alors que je revenais à l'aplomb du deuxième mamelon, ça c'est certain. Au début quand j'ai gratté sur les mamelons (ce qu'on fait tous), ça ne montait pas des masses (20 à 30 mètres grand maxi), j'ai failli partir sur Costes Chaudes, puis je me suis ravisé, préférant avoir plus de gaz. Je sentais qu'il y avait des thermiques qui déclenchaient devant, et j'ai préféré me mettre en attente à l'aplomb des mamelons pour en choper un. J'ai pas eu longtemps à attendre, je me suis fait cueillir par un beau cisaillement : frontale sur une demi -aile puis belle assymétrique, perte d'altitude, départ en rotation, contre sellette puis commande et ça réouvre en pendulant, le genre de truc qui arrive souvent à cette saison en cross, sauf qu'au moment où je quitte la voile des yeux, le rappel pendulaire en roulis m'envoie "raboter" la falaise.... Dix mètres de gaz en plus et ça passait, dix métres plus en avant lde a falaise et c'était bon, dix mètres plus en arrière et c'était dans les kermès.....bref, avec des "si" on change facilement le cours du destin. Alors je me dis que ça aurait pu aussi être beaucoup plus grave, car avec 10 mètres de moins j'aurai pu aussi percuter la falaise de face, et du coup ressembler à un puzzle Ravensburger de 1000 pièces ( vous savez, ceux qu'on vous offre à Noël et que vous ne finissez jamais !!!). Bref, je reconnais que je m'en tire pas trop mal vu les circonstances....
Mais ça ne s'arrête pas là, après avoir tapé le bord arrondi de la falaise, je me retrouve à dégringoler doucement le long de cette dernière. Je marrête 5 à 6 mètres plus bas ( en fait la longueur de mon suspentage) sur un minuscule ressaut où a poussé un pied de romarin. Je me stabilise avec ma jambe gauche car je ressens une très vive douleur sur ma hanche droite, puis je me cramponne au romarin et place mon corps face au rocher. Je vois tout mon cône de suspentage étalé devant moi en éventail, mais je n'aperçois pas mon aile. Je ne bouge plus, et je pense que la voile est tankée dans les kékés, au milieu des kermès et des romarins. Comme un con, je n'ai pas pris la radio (on en parlait avec Marc au déco du Dino), mais il me reste le portable, et comme je sais que Louis est à l'Escalette, je lâche les commandes, reste cramponné d'une main au romarin, et compose son numéro....merde, pas de couverture de réseau à cet endroit là !!! Plus q'une solution, faire le 112.....c'est alors qu'il m'arrive un truc de ouf, un truc impensable, totalement hallucinant. A peine ai-je fini de taper le 1, que je me sens tiré vers le haut, et là je vois ma voile sortir du dessus de la falaise, gonflée nickel propre. En un éclair je balaie des yeux l'ensemble du cône de suspentage, pas une seule suspente ne manque, le tissu de l'intrados ne semble pas déchiré. Tout en me montant, ça me détwiste d'un quart de tour et me voila au dessus du mamelon dans un bon thermique. Je lâche le portable (heureusement il est vaché autour de mon cou), reprends les commandes, et je me retrouve en vol. Avec l'erreur de parallaxe, c'est ce qui a du faire croire aux autres que j'avais tranquillement redécollé des mamelons !!!!! Ni une ni deux, je file direction l'atterro, mais c'est que ça ne veut pas descendre, et puis y'a du Zef. Je ne peux pas accélérer à cause de ma jambe droite défaillante, mais je fais les oreilles pour descendre plus vite. Sur l'atterro j'aperçois quelqu'un avec un sac à dos que je prends tout d'abord pour un parapentiste, mais au fur et à mesure que je descends je distingue maintenant une femme, avec son enfant et un sac à dos porte bébé, qui ne pourra pas m'être d'un grand secours lors de mon posé. La manche à air est bien vivante et je me dis que poser sur un pied façon "Frigo" au milieu du terrain c'est le coup à se faire traîner sur toute sa longueur ... Je vise alors le coin du terrain où se trouve la femme et son enfant, en bordure des oliviers pour poser à ras afin que la voile soit arrêtée par ceux ci en cas de rafale. Alors que je fais mon approche j'aperçois une radio dans la main de cette femme, et je l'entends me crier : - " ça va ?" Je lui réponds que non et que je suis blessé. Je pose à coté d'elle sur ma jambe gauche valide, et je m'affale comme une bouse en mettant la voile dans la fenêtre en accordéon. Je me fais traîner sur un mètre puis ça s'arrête. Elisabeth, puisqu'il s'agit d'elle, avait été prévenue par Marc, son mari, qu'il devait y avoir quelquechose d'anormal lorsqu'il m'avait vu faire les oreilles et me diriger vers l'atterro. Elle finit alors de mettre ma voile en boule, m'aide à enlever les élévateurs des maillons de la sellette et prévient les secours. La suite ira très vite, Louis vient poser suivi des autres, l'hélico du GRIMP se pose et je suis tout de suite perfusé contre la douleur. Je sais au fond de moi que la colonne n'a pas été touchée, j'arrive à bouger mes doigts de pieds, mes mains et mes cervicales, et je n'ai pas de zones insensibles dans les extrémités. Bref, je m'en sors bien...
Bilan et conclusion :
Près du relief on est vraiment très vulnérable, la moindre fermeture peut virer au drame, on en est tous conscients surtout lors du décollage et de l'atterrissage. En vol prés du relief, il faut parfois se donner des marges plus importantes, ça on le sait tous, mais ces marges on a tendance à les grignoter petit à petit... Dans mon cas, je pense avoir été au mauvais endroit, au mauvais moment et surtout à la mauvaise hauteur...
Comme l'a dit Béa qui s'est exprimée en tant que pilote mais surtout en tant que Présidente, méfions nous de la routine, de ces vols qu'on considère comme anodins. En cette saison où les nuits sont plus fraiches et les journées encore bien chaudes, ça pète de partout, et les contrastes au sol (grands champs de maïs bien verts et bien arrosés alternant avec des champs de blé bien jaunes et bien secs) rajoutent un peu de piment à ce cocktail....
Voilà, je ne pense pas ce jour là avoir commis une erreur d'analyse quant aux conditions aérologiques et m'être mis en l'air alors qu'il y avait du danger.
Mon dernier merci ira à ma femme pour tout le boulot que je vais lui donner en plus pendant les jours où je vais être un "légume" à la maison.
On a tous énormément de chance de pouvoir voler, il faut sans cesse le garder à l'esprit.....
Loïc
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