Nous sommes jeudi 27 aout, 21 heures, je suis sur le pont du ferry qui nous ramène mon pote et moi d'irlande, ou nous avons passé 3 mois de stage.
la mer est agitée, nous sommes à présent bien au large des côtes déjà 5 heures de trajet et 12 autres à venir, le ciel est magnifique, on voit que l'on quitte ce pays froid et humide pour se rapprocher de l'anticyclone qui règne en france.
de curieux oiseaux entament leurs ballets sous mes yeux. pendant 15 bonnes minutes, ils feront du vol en soaring entre le bateau qui file plein sud et le vent de sud-ouest. pas un battement d'aile, ces majestueuses créatures volent avec le vent: les fous de Bassan. un corps effilé, de grandes ailes blanches et coupantes prolongées par des stabilos noirs, ils sont armés mieux que n'importe quelle créature pour affronter le vent fort.
pendant de longues minutes, je regarde leur ballet, montée lente et harmonieuse, passage au dessus du bateau, montée 50 mètres au dessus, et piqué à la vitesse de l'éclair, la scène se répète, je suis subjugué par l'harmonie de cet oiseau.
intérieurement, je me dis qu'avec un tel allongement, et aidé d'un bateau aussi imposant qu'un ferry, ce n'est sommes toutes pas si compliqué.
à peine cette pensée m'effleure l'esprit que je les vois se déplacer au nord ouest du bateau, totalement hors d'atteinte de l'ascendance dynamique générée par le ferry. j'assiste alors à une scène que je n'aurais jamais crû possible, ils continuent à voler sans battement d'aile, profitant uniquement du dynamique généré par des vagues qui ne doivent pas dépasser le mètre, voire le 50 centimètres, il fallait les voir, flirtant avec l'eau, à peine à 2 cm de celle-ci, anticipant les vagues, les confluences générées par deux clapotis, ne chopant que les ascendances, échappant par miracle aux ploufs, en fan absolu de soaring j'étais ébloui.
la ballet en rase-motte sans qu'aucun coup d'aile ne soit donné dura bien 5 ou 10 minutes, ces extraordinaires oiseaux se trouvant comme par magie pile au bon moment devant la vague de 50 cm qui lui permet de reprendre 3 ou 4 mètres. je suis tellement sous le choc devant ce spectacle que j'en oublie de les filmer.
j'avais tout simplement oublié à quel point la nature peut nous offrir des choses incroyable, ce gun de "fou" qui fend l'air avec une précision diabolique, optimisant son trajet, anticipant la confluence de vague qui lui permettra de s'extraire.
est-ce le vol d'onde dont parlent certains parapentistes?
je l'ignore, je n'aurai pas le temps de répondre à cette question: à babord, des cris d'enfant retentissent, "dolphins, dolphins!!!"
je me précipite juste à temps pour voir une meute de 5 individus bondir au dessus de l'eau, semblant montrer la direction au ferry.
je ne regretterai pas d'avoir quitté "harry potter et le sang mélé" pour me fumer une cigarette sur le pont. jamais.
http://www.findnature.com/oiseaux/fou-bassan-29.jpg
