Si tu insistes, celle là n'est pas piquée des vers :
Ca se passe en hiver dans une station de ski dont je préfère garder le nom secret, c'est la fin d'une bonne journée de speedriding et le staff speed de la station attend avec quelques énergumènes excités, et tous regroupés en haut de la station dans une petite salle, la fermeture des remontées puis le passage du dernier pisteur pour pouvoir faire le denier run de fermeture qui , vu les conditions de dégagement des pistes, peut se faire en grande partie en empruntant les pistes entre les sapins .
La salle est passablement enfumée et quelques gaziers ne se contentent visiblement pas de tabac de base
...On passe une heure et demie dans ce local et j'avoue être assez content quand le feu vert est donné pour en sortir , je me sens assez euphorique , bien que n'ayant été qu'un consommateur passif et obligé ...
Il fait quasiment nuit, tout le monde se regroupe au départ vent de cul, je mets un temps infini à connecter mon aile que j'avais déconnectée de ma sellette et qui roule d'un côté puis de l'autre, puis entre mes jambes au gré du vent perturbé qui nous arrive entre les sapins derrière, pas grave, je pars dans un dernier groupe de trois, "dré dans le pentu" et même si c'est vent de cul, je commence, au fil des dixièmes de secondes passées à prendre de plus en plus de vitesse, à me dire que ma voile met bien du temps à monter au dessus de ma tête, elle aurait plutôt une vicieuse tendance à battre d'un côté à l'autre derrière moi et me déséquilibrer, la neige est extrêmement dure et je finis sur le bas côté dans les sapins après une bosse mal vue et donc, mal négociée .
Je ne vais pas trop m'étendre sur le sujet car là, c'est bien sûr ma fierté qui va en prendre un coup, mais n'est ce pas le but de ce fil de discussion ?
Bref, après un certain temps passé à me rassembler et vérifier que tout mes membres fonctionnent, puis à me demander si j'allais faire le run que je n'avais jamais reconnu tout seul, je me décide "pour" ,vu que je le visualise mentalement assez bien, on remet tout d'aplomb, on checke .......On rechecke.... car ça semble impossible....et c'est là que j'ai eu la preuve qu'une aile dont le bord d'attaque est à la place du bord de fuite,
ça ne peut pas voler . Je sais, je sais mais je vous avais prévenu .
Le plus dur a été de renoncer et d'accepter la honte, bien que je soies, au moment de me relever, complètement seul dans la nuit maintenant tombée en haut de la station, mais faut pas en rajouter, quand ça veut pô , ça veut pô, le fameux "si t'es pas mort , envoies plus fort " n'a pas réussi à me motiver.
La très longue descente en ski dans les pistes couvertes de grosses bosses gelées de nuit en tenant la voile dans le sac de compression entre mes mains mal assurées fut elle aussi un grand moment de solitude à rebomber de bosse en bosse à la fin d'une rude journée, les jambes en vrac . Malgré mes précautions, je me suis repris plusieurs vracs et j'avoue avoir crié à l'injustice au moment où ma crête illiaque allait une fois de plus frapper au même endroit déjà endolori par le contact lourd avec la glace .
On ne rigole pas s'il vous plaît .
Je remercie le Bon Dieu, car il y en a sûrement un, sinon, je ne serais jamais arrivé à 55 ans avec tout ce que j'ai fait comme conneries, merci la vie pour toutes ces belles années, la bise à tous