Désolé pour l'attente, mais je manque de temps en ce moment. Voici donc la suite de mon récit, que j'ai basé sur mes derniers vols (qui commencent déjà à dâter puisque je suis retourné voler entre temps, ce qui inclus comme vous vous en doutez, qu'une suite est déjà en cours ), à Grenois et à la Certenue (ou j'ai pu rencontrer Flowpii, soit dit au passage). En esperant faire mieux encore que la dernière fois, et toujours avec des images, qui rendent le récit plus vivant, marquent quelques pauses pour que vous puissiez respirer un peu entre toutes ces lignes, et qui tissent le lien avec mon avancée dans le monde du vol libre. Bonne lecture "Une fois mes premiers vols effectués et mon matériel finalement terminé, je commençais maintenant à observer les cieux. Pas seulement regarder les autres voler, mais analyser leurs mouvements, pourquoi faire ce geste à ce moment là... J'apprenais à determiner l'aérologie locale, son évolution, comment je pouvais repérer les bons courants d'airs, mais aussi où fallait-il passer sur le relief, et quelles étaient les zones à éviter. Bref, beaucoup de questions commençaient peu à peu à germer dans ma tête. Je me créais peu à peu ma propore expérience du vol, à chaque fois qu'une question m'apparraissait, je m'élançais dans les airs pour y répondre par moi-même. Je me forgeais un mental solide, et j'essayais de progresser au maximum.
Mon contact avec les hommes volants s'améliorait de jours en jours, je maîtrisais bien mieux leur language, et je faisait finalement partie des leurs. Ils ne me regardaient plus comme un drôle oiseau tombé de son nid.
Un matin, je pris la décision d'aller voler seul pour la première, voir si je pouvais me débrouiller sans assistance.
Arrivé au décollage, j'étais stressé. La simple idée de devoir décoller sans personne dans les parrages, m'obligeant à faire mes propres analyses, et le fait de penser que je puisse me tromper ou faire une erreur de pilotage n'était pas rassurant. Ce fut pourtant une bien meilleur éxperience que je ne l'aurais cru. Réaliser un fois en l'air que je ne m'étais trompé sur les conditions et l'observation du relief m'aidait à prendre un peu plus confiance en moi.
Le premier décollage fut difficile, le manque de vent se faisait sentir, j'ai dû attendre pour décoller qu'un leger zéphir se montre.
L'aile au sol, les caissons pliés vers l'avant à cause du manque d'air, j'attends... Les minutes défilent, alors que je me concentre de plus en plus pour sentir la moindre bouffée d'air... Je sens une légère brise; le moment de décoller approche, j'attends que la brise soit à son gradient, car je sais que je ne disposerai que de quelques secondes, et que je n'aurai pas le droit à l'erreur. Soudain, je la sens, elle est là, chargée à bloc! Je relève les yeux vers mon aile, d'un vif coup d'oeil, je vérifie une dernière fois que tout est en phase avec le décollage, et tire fermement sur mes lignes avants, jetant tout mon poids vers l'arrière de la sellette. L'aile se gonfle, l'air pénètre rapidement dans les caissons, lorsque je me sens comme attiré par une puissante force vers l'avant.
Je temporise une fois l'aile au dessus de moi, mon timing est parfait. Tout se passe très vite, et je sais que je vais bientot être à court de temps. Je me retourne, me penche en avant pour donner vitesse et puissance à mon aile, je cours droit vers la pente, alors que la rafale s'estompe déjà.
Soudain, je ne touche plus terre, j'entâme une glisse aérienne, toujours penché en avant dans ma sellette, avant de m'y asseoir tranquillement quelques instants plus tard. Je vois les arbres passer à toute allure au dessous de moi. J'éprouve alors une joie immense, pour un exploit pourtant si mince qu'est le décollage.
Tout cela pourtant, n'avait duré qu'une poignée de secondes. Le relief défillait à toute vitesse.
Le vent de face manquait, rien ne ralentssait ma course, qui prit rapidement le chemin de l'attérrissage.
Aucun effet de pente, le vent est décidemment trop faible, m'ôtant tout espoir de tenir un peu plus longtemps.
Je me rapproche rapidement de l'attérrissage. Je fais quelques virages pour perdre encore un peu d'altitude, je garde fixe mon cap, ne le quittant pas des yeux, pour assurer un attérrissage aussi précis que possible. Mais je me rapproche bien trop vite, et commence à me rapprocher de l'extérieur de la zone. Quand finalement je freine pour essayer d'attérir dans ce qui me reste d'espace de la zone d'attérrissage. Je suis maintenant à moins d'un mètre du sol et pourtant je continue ma course folle à cette même hauteur. J'insiste sur les freins, quand enfin je ralentit, pour finalement me poser tout en douceur, au bout de la zone. J'affale mon aile, qui n'a aucun mal à se poser dans cette aérologie des plus calmes.
J'ai pris confiance en moi, j'ai de plus en plus confiance en mon pilotage qui s'affine de jour en jour, et me sens alors prêt à relever le défit du vol libre de mes propres ailes.
L'entraînement continue.
Quelques jours plus tard, Eole, dieux du vent vénéré des hommes-volants, décide enfin de sortir de son sommeil. Je me rend une fois de plus au décollage.
Beaucoup d'ailes peuplent déjà les cieux à mon arrivée. Je fais la rencontre de plusieurs pilotes. Une dizaine d'hommes-volants s'attèlent au décollage, alors qu'une vingtaine explorent déjà le ciel. Le vent s'avère cependant trop fort pour moi, je décide donc de décoller d'une pente un peu plus basse, là où le souffle reste exploitable pour le novice que je suis encore.
Je commence par observer les vols si majestueux soient-ils des différents pilotes, afin d'apprendre un maximum de leur expérience.
Je prends une profonde inspiration, mon corps tout entier ressent l'air légèrement chaud du Sud. Je suis prêt...
Une fois encore je gonfle mon aile, sans difficulté je la vois monter au dessus de ma tête. A peine suis-je retourné que déjà je ne touche plus le sol. Je n'avance presque pas, c'est le moment d'essayer mon accélérateur. Je le décroche d'un geste vif. Il tombe à mes pieds, suspendu à ma sellette. Un premier pied, puis deux, on pousse, et me voila parti, avançant du mieux possible dans la masse d'air. Voyant mon anxiétée de voler dans de telles conditions pour la première fois, un pilote resté au sol me fait signe de longer la lisière de forêt. Sans être sur de moi cette fois, je me lance tout de même: je prends un nouveau cap, cherchant à tous prix à rejoindre la lisière. A peine suis-je arrivé au dessus, que déjà je me sens monter. Je m'élève sans difficultés dans les cieux, je fais demi-tour en bord de forêt, et continue cette folle ascension. En regardant sur ma gauche, j'aperçois alors le décollage, d'où je ne pensais pas pouvoir décoller, et me voici pourtant à sa hauteur. Et ce n'est que le commencement.
Je continue mon envol, et ne cesse de monter, je suis maintenant au dessus du décollage. Je commence à regarder autour de moi, d'autres pilotes sont dans les parrages, m'obligeant à faire attention aux décisions que je devais prendre. Dans quel sens tourner pour ne gêner personne, est-il prioritaire sur moi s'il se trouve prêt du relief?
Je ne pensait pas prendre autant d'altitude en longeant simplement la lisière. Après quelques minutes d'apesanteur, je décide de redescendre, n'ayant pas encore conscience des priorités, et constatant que j'avais fini par m'écarter de la lisière.
Direction l'attérrissage. Plus simple à dire qu'à faire. Le vent fort m'oblige à garder l'accélérateur poussé, m'obligeant à piloter par déplacement du corps dans la sellette plutôt qu'aux commandes, pour ne pas risquer le surpilotage.
Après avoir finalement attérris sans mal, j'entreprends encore quelques vols pour affiner ma technique à l'accélérateur, avant de rentrer, du rêve plein les yeux.
Au sol, les pilotes me félicitent, l'un d'eux me propose de m'accompagner jusqu'au village. J'accepte avec joie. Une fois de retour, nous nous séparons, et je rentre dans ma hutte, d'où je me remémore chaque instants magiques vécus en l'air, chaque sensation lors de mes virages, le frisson du décollage, et les encouragement des pilotes qui m'observaient. Je fini enfin par m'asseoir dans ce qui me servait jusqu'alors de fateuil: le siège ejectable de la carlingue, maintenant delaissée, de mon avion.
Un matin, le vent de Nord-Est tourne le dos au décollage habituel. Je décide donc de faire plus de chemin, pour me diriger vers une basse montagne de plus de 600m. La route est longue, et trouver un chemin d'accés à la petite pente herbeuse qui surplombe le sommet n'est pas de tout repos. Un sentier dégagé me semble plus fructueux que les précédents. Je décide donc de m'y engager. Prêt d'une demie heure plus tard, j'arrive enfin, vidé de mes forces, au sommet. Je laisse tomber le matériel à mes pieds, et je me dirige au bord de la pente herbeuse. L'endroit est agréable. Entouré de part et d'autre de pins, de petits arbustes , et de fougères, seule sa face Nord est dégagées, s'ouvrant sur une pente vertigineuse de plus de 300m de dénivelé. La vue est magnifique. On voit clairement la vallée, et le décollage surplombant un petit village local me fait forte impression, je suis emerveillé de ce décor qui se dévoile sous mes yeux. Le soleil est déjà haut dans le ciel. Je me laisse aller à quelques minutes de détentes, assis au bord du vide, à observer le paysage qui m'est offert. Le village et ses alentours sont d'un calme hors du commun, aucune agitation ne se fait sentir. Pas même une legere brise ne vient perturber le silence du décollage. Soudain, plusieurs hommes-volants arrivent, tout comme moi, pour prendre un grand bol d'air.
Je fais ainsi la connaissance de quelques pilotes locaux qui m'aiguillent quand à la marche à suivre pour profiter du vol, même si Eol ne semble pas vouloir nous prêter main forte. Une manche à air improvisée, faite d'un morceau de branchage surmonté d'un morceau de tissu, semble s'agiter fébrilement. Après quelques minutes, la plupart des pilotes présents s'envolent, malheureusement sans réussir à tenir bien longtemps dans les cieux. Quelques bulles thermiques semblent pourtant vouloir percer, mais la légère couche de brume, visible au loin, empêche le sol de se réchauffer suffisament. Je me prépare à mon tour, avec l'aide de deux pilotes de ma connaissances, qui m'ont suivis jusqu'ici depuis mon village pour voler à mes cotés. L'un d'eux décolle avant moi pour me montrer l'exemple. Je jette un coup d'oeil à la manche à air de première manufacture, pas de vent. Il va falloir courir.
Je prends une profonde inspiration, prends des appuis solides, et cours alors le plus vite possible droit devant moi, en me démenant pour que mon aile ne flanche pas, et finalement, je reussi à décoller quelques secondes plus tard.
L'altitude soudaine me donne un frisson de plaisir, je prends mon cap, et entame d'ample virages au dessus d'une large et haute haie de chênes et d'arbrisseau en tout genres. Voyant qu'au final je ne peux tenir plus longtemps que les quelques minutes déjà écoulées, je décide d'attérrir dans un prè non loin. Avant d'aller me poser, un pilote de la région déjà au sol, me fait signe de la main, pour me feliciter de mon pilotage. Enchanté par ses encouragements, je me pose en douceur, affale ma voile, et rentre au village en compagnie de mes deux amis pilotes.
Une fois de retour dans ma hute, épuisé, je fini par m'endormir dans le siège ejectable, devant mon journal de bord..."
Ouf!!! Je remercie les personnes présentent sur les photos pour leurs conseils, l'ambiance, et leur accueil, bonne journée à tous et à toutes, en esperant avoir fait mieux, et en espérant faire mieux la prochaine fois encore. Bon vols et à la prochaine