Dimanche prochain, je vais devoir me lever tôt. Ce n'est pas qu'il fasse particulièrement beau ces derniers jours ou que je prépare un vol rando d'anthologie, non. C'est plus simplement que je vais devoir aller voter cette fois-ci. Pour qui, pour quoi, voila bien la question. De toutes façon il faut bien en sortir de cette crise, de ce foutu merdier. Alors allons-y
Je dois bien reconnaitre honteusement que comme la plus part des gens, je ne m'étais pas déplacé pour les sept tours précédents. Donc c'est aussi un peu de ma faute si à aucun des ces tours la participation n'a atteint les 5% requis pour valider un scrutin, et si aucun des quarante huit candidats n'a passé le cap des 3% des suffrages exprimés, minimum légal selon la constitution de 2015 pour pouvoir organiser un "tour final" entre les deux protagonistes les mieux placés.
Déjà que cette révision de la constitution avait été faite suite au joyeux bordel des présidentielles 2012 ou le vainqueur avait été élu avec seulement 4% des voix de l'ensemble du corps électoral face à des opposants à peine moins bien plébiscités de quelques centaines de bulletins seulement. Ce qui n'avait pas manqué de conduire à un sacré désaveux envers la gouvernance et à une situation de crise inextricable pour les deux années qui ont suivies. Et bien ce coup-ci encore, cela n'a pas suffit. Une cellule de crise du Sénat et de l'Assemblée Nationale a du rendre le vote obligatoire par décret exceptionnel pour ce huitième tour afin qu'on sorte de l'impasse. Du coup, je vais devoir me lever dimanche prochain.
C'est vraiment les boules, moi qui avait prévu d'aller faire du gonflage peinard... et bien je vais devoir aller me faire gonfler ailleurs ! Il parait que pour ma sécurité, mon bien être et mon avenir, ce serait mieux... C'est pas certain vu que lors de ma dernière tentative de décollage la voile m'était retombée sur la tronche en pleine prise d'élan, telle une burka synthétique sponsorisée par - le fabriquant israélien ! - Apco, me faisant ressembler à une intégriste iranienne aveuglée fuyant les coups de son barbu d'époux (vous pouvez aussi le lire " son barbu des poux"), ... juste avant de me prendre les pieds dans les suspentes, me faisant rouler-bouler ainsi emballé jusqu'au pied du glacier que j'avais prévu de survoler dans le calme et la sérénité d'un beau matin de printemps.
Tout n'a pas été perdu pour autant, cela ma permis en une seule fois d'entrer à trois reprises dans différentes rubriques du livre Guiness des Records 2017 :
- Le plus gros rôti kacher préparé, emballé et bardé en moins de 3.2 secondes : 78 kg. Les 19 minutes de descente qui ont suivies ont largement suffit à me cuire à point : brulé sur le pourtour et encore saignant à l'intérieur.
- La plus longue roulade : 14.2 km et 3956 tours réalisés dans le sens des aiguilles d'une montre, contre seulement 1632 dans l'autre sens. Encore une expérience ayant incontestablement démontré toute la justesse et la force des préceptes émis fort à propos et avec clairvoyance par Monsieur Coriolis concernant l'hémisphère Nord : "Tout corps en mouvement est adroitement attiré vers le bas jusqu'à ce qu'il rencontre un obstacle susceptible de le dévier, où de l'arrêter, dans sa course".
- Le plus grand dénivelé en roulade : 3208 m hors taxes et droits d'hauteur,... la majeure partie ayant été réalisée à cheval sur les frontières franco-Italo-helvétiques... et donc pour partie hors du champs d'application des réglementations intracommunautaires de la CEE régissant ce type de pratiques sportives hors cadre fédéral. Ce qui en claire signifie : Pour partie dans une zone, là ou le secret fiscal fait office de religion d'état, et où il est donc impossible de se voir communiquer le moindre chiffre qui puisse être exploité, pour ou contre, les intérêts de leurs détenteurs à l'anonymat sauvagement préservé. C'est tout de même le seul pays, avec le Liechtenstein, où les émissions de jeux à la télé, retransmettent des images floutées des candidats, et ou tous les gagnants soient appelés Monsieur ou Madame X.... par un présentateur inconnu et toujours de dos par rapport à la caméra ! Culture du secret, quand tu nous tiens !
Même la presse people helvétique ne publie que des clichés de célébrités dont les visages sont masqués, tandis que les légendes et articles ne citent aucun nom : "Une vedette de cinéma nord américaine est venue quelque part dans notre belle confédération, elle y aurait acheté un bien immobilier resté secret pour une somme non divulguée,.... voir l'image ci-contre de notre reporter, prise à 800m de dos et sans téléobjectif à la sortie d'un aéroport. " C'est vous dire si la presse y fait des révélations importantes !
Mais revenons-en à ce décollage manqué.
La balade avait déjà étrangement commencé la veille, sur les coups de midi, alors qu'un vent de sud déjà bien alimenté soufflait lorsque j'ai pris à Chamonix le téléphérique de l'Aiguille du Midi. Une montée qui s'est achevée vers 17 heures avec l'entrée de la benne dans la gare terminal de l'Aiguille. Il y a lieu de précisé qu'étant entré de justesse et tout dernier dans la benne au moment de la fermeture - inopinée - des portes, mon secours ventral que j'avais dans le dos était resté coincé à l'extérieur de la cabine .
Les plus perspicaces et arrogants d'entre vous auront sans doute l'outrecuidance de me faire remarquer que si je l'avais dans le dos, c'est qu'il ne s'agissait nullement d'un secours ventral. Ce en quoi je les inscris en faux. D'abord parce que c'est moi inscrit, et que j'écris ce que je veux. Et comme c'est aussi moi qui raconte et qui choisi de décider de dire ce que je veux, .... et enfin parce que je peux vous prouver ce que j'avance à reculons est incontournablement logique : qu'il s'agisse d'un secours ventral et que je me le sois mis dans le dos à la montée est tout à fait normal, puisque je dispose d'une sellette réversible ! On met le devant derrière pour monter, ... et inversement réciproquement pour descendre. Imparable logique !
Le point qui méritait, lui, véritablement toute votre attention était la durée de la montée : 5 heures au lieu des 20 minutes habituelles. Ce léger accroissement du continuum espace- temps est probablement du au fort vent de sud, conjugué au frein aérodynamique représenté par le déploiement aussi rapide qu' inattendu et malvenu de mon secours... à l'extérieur de la cabine. Le point positif de cet incident à été de permettre à tous les passagers de pleinement pouvoir profiter de l'ensemble des remarquables points de vue et panorama à 360° que peut offrir la montée à l'aiguille du Pic du Midi en téléphérique.
Quand je dis "tous les passagers", je pêche peut-être un peu par excès d'enthousiasme, car en effet, en ce qui me concerne, j'étais maintenu le dos plaqué aux portes coulissantes de la benne par mon harnais, et face aux dos des autres touristes, qui, tous bien plus grands que moi me bouchaient le vue. Dommage. Mais des amis ont pris des photos et ils doivent me les envoyer, tout n'est donc pas totalement perdu.
Sans compter qu'il a encore fallut deux bonnes heures pour faire sauter les portes de la benne une fois à destination, sachant que les suspentes du secours s'étaient coincées dans les roulements quand j'avais essayé de rentrer ce fichu secours à l'intérieur pour aider à l'ouverture par les gars de l'équipe héliportée du PGHM. En fait je pense, car je ne puis en être certain car j'avais le dos tourné, que cela s'est produit au moment ou j'ai tiré un coup sec pour me dégager, alors que le lieutenant qui était suspendu dans le vide aux élévateurs de mon parachute, de l'autre coté de la porte à eu les doigts coincés. En effet c'est à ce moment qu'il y a eu comme une résistance, un cri effroyable, puis quelques centimètres de mou dans mon dos dont j'ai profité pour gagner un peu de confort et d'aisance, un juron qui s'éloigne à grande vitesse, et puis à nouveau le silence apaisé. ... une fois l'hélico reparti, bien sur !
Il parait que les Gendarmes auraient déclarés par radio " Ce con, il est plus dangereux à lui seul, qu'un régiment complet des forces aéro-navales mongoles ". Il faudra que je pense à me documenter sur ce corps d'élite.
Ensuite, j'ai passé une longue et agréable soirée au refuge.... en tentant replier dans la petite couchette qui m'avait été réservée, le dit secours... et pour le réintroduire ensuite dans son container. La chose ne fut pas aisée, tant les suspentes et le tissus du pépin avaient été sollicités durant ces 5 longues heures de montée. L'ensemble avait bien vu ses dimensions largement doublées du fait de l'allongement.
Pour ma part, je déplorerais simplement la manque d'assistance et de bonne humeur des autres personnes qui partagèrent cette nuit en ma compagnie au refuge. La solidarité montagnarde n'est plus ce qu'elle était... et tout cela juste parce que : "eux, avaient prévus de redescendre à Cham le jour même pour 15h eu plus tard, qu'ils avaient des avions à prendre, qu'ils n'avaient pas de vêtements chaud ou de provisions, que leurs bambins étaient fatigués et avaient faim....", que sais-je encore ? Je leur aurais probablement déjà jeté mes tongs au visage pour leur montrer toute ma désapprobation, si l'un des plus costauds d'entre eux ne m'avait pas déjà contraint par la force - dont je m'étais refusé à faire étalage à titre personnel - à les bouffer moi même quelques heures plus tôt, lorsque je leur avais fait remarquer que "c'était une chance d'être bloqué là toute une nuit ensemble en altitude sans autre couverture que nos corps pour nous réchauffer, car nous allions pouvoir faire connaissance plus intimement... surtout avec la jeune et jolie femme italienne en mini jupe à qui j'offrais aussitôt la marguerite qui ornait ma tong gauche"... et qui s'est avérée être l'épouse du brutal gaillard.
Une chose est certaine, Maurizio, même s'il a sans doute très bon fond, il est plutôt d'une nature ombrageuse en surface. On dira ce qu'on voudra, mais ces gens n'ont assurément pas la même conception de la montagne que nous autres parapentistes.
Le lendemain matin, pour remonter dans l'estime des mes camarades, avant même le levé du jour, je suis aller remplir de neige une bouilloire pour préparer un bon café bien chaud pour tout le monde ! Ce n'est qu'après que tous en aient avalé un grand bol que j'ai réalisé qu'il s'agissait en de la neige carbonique d' un extincteur avait été remisé à l'extérieur toute la nuit, parce qu'il fuyait. J'avais sans doute été trompé dans mon excès de bonne volonté par l'obscurité. Et bien, croyez-le ou non, des ingrats ont même crus bon de rappeler que si l'extincteur avait fuit, c'était parce qu'une des suspentes de mon secours s'était accroché à la goupille pendant que je tentais de le replier dans le dortoir. Les médisants !
Tout ça pour vous dire, et comme vous l'aurez remarqué, quoi que je fasse, les conséquences de mes actes, même les plus anodins, sont toujours catastrophiques, aussi bien pour mes contemporains que pour moi. Alors est-ce que je dois vraiment me lever de bonne heure dimanche pour aller voter ?