le passé 2e forme du conditionnel n'est absolument jamais utilisé
Erreur Marc, moi je l'utilise presque autant que la forme classique, de même que l'imparfait du subjonctif. Quand on a un peu de style et qu'on veut être précis, il est impossible de passer outre, sauf à modifier toute la structure de la phrase qui n'a alors plus de gueule.
Je ne suis pas du tout élitiste mais j'aime tant notre magnifique langue française qu'il m'est impossible de la maltraiter comme si c'était un vulgaire patois, jargon ou autre forme de communication orale.
C'est cette même forme de respect de la langue qui me poussa à apprendre le langage CSS pour produire sur mon site des codes-sources parfaitement expurgés de toute erreur, que les navigateurs savent interpréter quand même, ainsi que nous interprétons ce qu'écrivent si mal certaines gens que je ne stigmatiserai pas ici.
Ni ailleurs.
Mon site est écrit en HTML 4.0 transitional + CSS 3. Chaque nouvelle page est vérifiée en ligne avec le validateur du W3C et quand il y a une erreur je la corrige immédiatement. Aucun visiteur ne s'en apercevra mais je suis comme ça, je ne peux pas livrer du boulot pas bien fini.
En français ou en HTML, ou dans tout ce que je bricole, c'est une exigence constante de faire bien ce que je fais, c'est une forme de respect que je dois autant aux autres qu'à moi-même.
Dans les années 80, j'avais livré à Moto-Revue une série d'articles traitant du gonflage des moteurs 2-Temps et de la préparation des motos de compétition. Ces rats n'avaient publié qu'une toute petite partie, concernant le cas très particulier du Solex, et ils avaient introduit dans mon texte des fautes d'orthographe et de syntaxe insupportables. Je m'étais bien juré de ne plus jamais faire de piges.
C'est pour ça que je n'ai jamais entrepris d'écrire un bouquin, certaine que j'étais de ce que les éditeurs seraient capables de polluer mon texte.
C'est aussi pour ça que je ne suis plus aussi certaine d'avoir vraiment envie de traduire en français le bouquin que Corinne a entrepris d'écrire depuis des années, qui sera un monument d'humour anglais. Il lui arrive très rarement de commettre une faute d'orthographe en anglais et quand cela lui arrivait je la voyais immédiatement à la lecture.
J'ai une excellente amie en Allemagne, francophone et prof de français diplômée de l'Université de Heidelberg. En 2006, je l'avais aidée à corriger des copies de bac et j'avais été effarée par toutes les fautes qu'elle commettait. Eût-elle consommé régulièrement de la littérature française, jamais de telles fautes de correction n'eussent été possibles.
Bon, d'accord, j'ai torturé ma phrase parce que, naturellement, je l'avais commencée par une 2ème forme du conditionnel... que j'aurais pu remplacer par "Si elle avait" mais il y a une finesse qui serait passée à la trappe.
Quand Michel Rocard fut 1er ministre, ses services tentèrent de lancer une réforme de l'orthographe qui suscita une énorme levée de boucliers tant c'était absurde. La question des pluriels de mots composés avec des verbes, entre autres, me fit bondir.
Il n'y a pas de règle et la "réforme" en proposait une toute simple : les rendre invariables. Pour garde-malade ou garde-barrière, cela pouvait encore aller, mais pour porte-avions ou porte-jarretelles, ne pas mettre de S au singulier aurait été d'une imbécillité innommable.
La réforme fut tant critiquée par l'Académie qu'elle finit aux oubliettes.
L'italien était très compliqué au siècle dernier, le pays n'était pas unifié depuis très longtemps et l'orthographe n'était pas fixée, c'était un joyeux bordel et même les Italiens avaient du mal à s'y retrouver. C'est le gouvernement autoritaire de Mussolini (un ancien instituteur) qui régla cette question et ce fut une excellente réforme, l'italien est devenu beaucoup plus simple et plus fluide, ce qui n'empêche pas les poètes d'utiliser des formes anciennes plus musicales et plus raffinées que ne le leur permettrait la langue actuelle.
On dit du mal du français, langue élitiste qui fut utilisée jusqu'au 18e siècle par toutes les Cours d'Europe. Richard Coeur de Lion était angevin, il ne parlait pas anglais. La Grande Catherine était allemande, elle ne parlait pas russe et à la Cour de St Petersbourg tout le monde parlait français. A la Cour de Berlin, Frédéric II pratiquait si bien le français qu'il avait pu inviter Voltaire. Bernadotte devint roi de Suède et il n'apprit jamais le suédois, pourtant pas très compliqué, parce que tout le monde parlait français... mais la Reine (marseillaise de naissance) apprit le suédois par respect pour le pays et les gens.
Quand Mérimée proposa sa dictée à la Cour de Napoléon III, le meilleur résultat fut obtenu par le duc de Metternich, ambassadeur d'Autriche, avec 3 fautes seulement. Il avait battu haut la main les divers académiciens qui avaient tenté l'aventure, le moins mauvais ayant été Octave Mirbeau avec 8 fautes.
Les Japonais, conscients de la difficulté que présente leur langue du fait de son type d'écriture, ont inventé un langage "télégraphique" beaucoup plus simple, avec une écriture du genre sténographique, pour permettre d'alphabétiser toute la population.
Je ne suis pas du tout certaine que ce qui fut possible en Italie ou au Japon le serait en France, où la syntaxe est fixée depuis Malherbe au début du 17e siècle et l'orthographe depuis l'alphabétisation en masse du pays par la Révolution puis par les lois de Jules Ferry.
Et puis la France est un pays conservateur, pétri de traditions et d'archaïsmes. Face à l'expansionnisme féroce de l'anglais, je crains que notre langue magnifique ne devienne un (triste) jour ce qu'est devenu le latin : une langue morte pour ratiociner entre intellectuels plus ou moins ringards.
Je serai dans le trou bien avant.