Salut à tous,
Je vous donne mes premières impressions de vol sous Icepeak 26 (PTV 90/105) modèle 2006 (il ne sagit pas de l'Icepeak XP proto 2007 qui nexiste quà quelques exemplaires à ce jour) :
- Préambule :
Je vole sous U3 22.4 (PTV 95/110) depuis mars 2006 pour un PTV de 96Kg sans leste donc bas de fourchette, j'ai aussi volé lesté à 106Kg. Il y a quelques temps je ne me sentais plus en confiance sous mon U3 pour des raisons existentielles indépendantes à priori du comportement de l'aile. Mais sur le moment, j'ai mis ce déficit de confiance sur le dos de l'aile : chiante à décoller sans alimentation, peu conviviale au pilotage... C'est ce raisonnement qui m'a motivé à mettre mon U3 en vente et à essayer l'Icepeak 26 empruntée auprès de David Casartelli à Sallanches. Ces deux premiers vols de 2 heures chacun du mercredi 4 et jeudi 5 avril 2007 sous Icepeak m'ont paradoxalement ouvert les yeux sur les qualités de lU3, m'ont permis de comprendre qu'elle n'était pour rien dans mon problème ; bref l'Icepeak m'a réconciliée avec mon aile. J'ai réalisé que la voile idéale n'existe pas, qu'il y a surtout des effets de mode et des compromis différents.
Avant lU3 jai volé sous SOL DynamicAR (+280H) taille SM (PTV 80/95) donc haut de fourchette sans nécessité dembarquer du leste. Les comparaisons entre les ailes seront donc particulièrement pertinentes pour lU3 et lIcepeak (PTV similaires) moins pour la SOL.
Les 3 ailes font le même poids autour des 6Kg.
- Impressions :
Décos sans soucis à la Croix d'Agy (Cluses) dans une excellente alimentation, je n'aurais pas n'ont plus eu de problème pour lever l'U3. LIcepeak est légère ce qui permet de la temporiser sans problème au-dessus de la tête le temps de se sentir prêt (comme la SOL), lU3 par contre nécessite un peu de précipitation, elle tolère mal la correction aux freins sans être chargée, elle retombe vite.
Sur ce site il faut aller chercher le thermique loin devant particulièrement mercredi ou des cums surplombaient la plaine au-dessus de Cluses, j'accélère l'aile d'un tiers environ pour rejoindre le premier thermique devant et rattraper Jean qui a décollé avant moi, je suis bien contré par la brise.
L'air est turbulent et le comportement de l'aile accélérée me rappelle ma SOL, je ne ressens pas l'effet poutre de l'U3, l'aile bouge beaucoup en roulis selon la moitié d'aile avantagée sur le moment, on devine là, amplifié par laccélération, son comportement joueur en thermique. Mais ce comportement qui est un avantage en thermique devient un inconvénient accéléré, les bouts d'ailes claquent : ils sont fragiles (béton sous U3 : impossible de maintenir les oreilles) et l'aile finit par se mettre aux petites oreilles toute seule et sy maintenir (comme sur la SOL), obligé de pomper accéléré pour rouvrir!! Jen déduis qu'en vol droit ce n'est pas une aile très plaisante, que je ne pourrais pas l'accélérer de façon aussi efficace et jouissive que l'U3. Pour l'U3 c'est l'inverse : peu de roulis, effet poutre, un manque de convivialité en virage avec une mise sur la tranche difficile à la commande seule mais assez aisée à la sellette (à condition de s'employer : pas bien compatible avec un cocon). Ce comportement devient accéléré un avantage : l'aile glisse sur l'air sans secouer son pilote y compris en air turbulent, il n'y a pas de comportement différent des 2 demies aile, c'est une poutre homogène et solide. Deux uniques fermetures dignes de ce nom depuis mars 2006 ; sous SOL 3/4 fermetures sérieuses par cross mais pas une seule qui prêtent à conséquences, la voile continuait droit sans problème, je ne pourrais pas en dire autant de l'U3. Dans une moindre mesure, je subodore un comportement identique pour l'Icepeak : pendant cette transition faiblement accélérée jusqu'au premier thermique, je me fais malmener, elle ferme d'un tiers plusieurs fois, pas de changement de cap, pas flippant, elle est saine en fermeture et c'est facile a gérer, elle rouvre facilement, je ne relâche pas laccélérateur.
Bizarrement, accélérée à prés de 50% elle semble perdre toute maniabilité, je n'ai pas compris le phénomène (à rapprocher de la manip de descente rapide à la fin du test) : je me fais déporter par la brise à gauche et pas moyen ni à la commande ni à la sellette de retrouver mon cap face au vent !? Jy parvient mais en brusquant l'aile d'une façon incompatible avec le plané recherché accéléré.
Je trouve qu'accélérée elle dégrade plus que l'U3 et quelle est plus lente bras hauts : accélérée au tiers je vais à la même vitesse que Jean chargé sous sa Sigma6, idem pour la BoomSport de Patrick chargée à bloc, idem pour lAspen2 de Stéphane ; sous U3 (PTV bas de fourchette) j'ai du mal à tenir Jean bras hauts, mais je sais qu'avec un coup daccélérateur je me repositionne facilement pour un vol en duo, avec l'Icepeak c'était très difficile de le rattraper en cours de transition.
En thermique je lattendais au tournant à la vue des descriptions alléchantes de David, Denis Cortella, Simon Issenhuth et Denis Vezin ; certes elle tourne bien mais je mattendais à bien plus ludique comparée à mon U3, la SOL était plus joueuse (la perfection à ce niveau), jai le sentiment de pouvoir visser le noyau aussi bien avec lU3, lIcepeak semble enrouler sur un rayon de virage qui semble prédéfini (comme sur un ski parabolique), je nai pas réussi à la mettre sur la tranche comme je fais avec lU3.
Par contre, elle tourne principalement aux freins ce qui la rend sympa à piloter, jai limpression de servir à quelque chose. Je dirais que je la travaillais à 60% freins et 40% sellette contre 50/50 pour lU3 et 70/30 pour la SOL (le top).
Le débattement aux freins est long et rapidement très ferme, le décrochage est loin et difficile à atteindre. Sur lU3 le débattement est très court et la commande peu physique, le décrochage est proche et facile à atteindre. Paradoxalement, la commande très courte et peu physique de lU3 la rend extrêmement pénible pour les bras car il faut les maintenir en permanence en lair pour la laisser voler : mettre du frein sur lU3 cest toujours dégrader ses performances. Ce nest pas le cas de lIcepeak dont le taux de chute saccommode bien dun volet de frein important.
La commande manque de progressivité, enfoncée assez profondément son efficacité semble plafonnée, insister plus ne change rien au virage, pas de mise sur la tranche ou de départ en négatif. Pourtant à partir dun vol droit bras hauts, la mettre sur la tranche (wings super sympas et faciles à cadencer) ou initier un départ en 360° ne pose aucun problème mais une fois installée dans le thermique elle semble calée à une inclinaison et à un rayon de virage.
Sa tolérance aux freins en amplitude et en fermeté la rend très accessible : venant dune U3 jai limpression de voler sous une DHV2/3. Cest très sécurisant et je sens que je pourrais rapidement exploiter cette aile à 100% mais aussi rapidement mennuyer avec. LU3 par contre na pas fini de métonner, ce qui moblige parfois à prendre plus de marge ou à serrer les fesses.
Dautre part, mon taux de chute est meilleur sous lU3, jai pu enrouler avec de nombreuses voiles différentes et mon PTV bas de fourchette ne mavantageais pas alors que je perds beaucoup en vitesse.
En fin de vol Jean et moi tirons lélévateur « A » dun coté pour tester la descente rapide de nos ailes. Cette méthode fonctionnait à merveille avec la SOL, je pouvais tourner des deux cotés en conservant une bonne maniabilité et donc faire une approche propre, la tenue de lélévateur nétait pas physique et le risque de décrochage du coté ouvert inexistant.
Avec lIcepeak pas dautorotation à contrer, au contraire elle part côté ouvert !? Du coup cétait très difficile de garder le cap vers lattéro, elle avait tendance à partir petit à petit vent arrière et compenser à la sellette côté fermé était insuffisant. Avec ce type de comportement la commande de frein du côté ouvert devient inutile puisquelle tend à partir du même côté. Jai essayé avec lautre élévateur et là les choses se sont améliorées, le comportement dissymétrique de laile sest harmonisé avec la brise et je suis arrivé sans trop de soucis à maintenir le cap. La manuvre du point de vue du taux de chute est moins efficace que sous la SOL : -5/-6m/s contre -4m/s pour lIcepeak. La tenue de lélévateur est bien plus physique que sous la SOL puisquil faut contrer à la sellette côté fermé. Jean avec sa Sigma6 ne sera pas non plus convaincu par la manip. Quant à lU3 je nai pas encore osé !!
A ce stade, je suis curieux de savoir comment se comporte laile en conditions bastons, elle semble amortie, plus que la SOL dont le pilotage tenait plus du rodéo que du parapente : elle nécessitait des corrections instantanées sur tout lamplitude des freins à une cadence effrénée (
http://c.mora.free.fr/avatar/Gonflage_St'Hil.avi). Cétait beaucoup trop fatiguant pour de long cross et cest pour cette raison que je suis passé sous son opposé : lU3. Je suis toujours à la recherche dun compromis entre ces deux ailes, compromis à mon sens pas suffisamment convaincant avec lIcepeak
Vendredi 6 avril 2007 :
Déco à Mieussy pour 3h45 de vol, les conditions sont plus classiques, les thermiques sont bien installées et cest une autre voile que je découvre. Je suis étonné que ces conditions thermiques puissent engendrer une telle différence de ressenti en terme de comportement en virage et de plaisirs induits. LIcepeak visse le thermique sans perte de progressivité à la commande et je peux facilement lincliner à langle souhaité, angle quelle conserve aisément alors que lU3 à tendance à vouloir revenir à plat.
Je met donc un bémol sur mon évaluation de départ : lIcepeak est effectivement une voile douée pour le thermique. Néanmoins je reste peu convaincu par ses performances et son aptitude à laccélération comparée à lU3
Prochain test, la Magus5 qui semble correspondre à mes souhaits
Quelques photos ci-après de la DynamicAR et de lU3.
A noter que Niviuk compte sortir une déclinaison de l'Icepeak pour le cross du type BoomSport (dixit David), donc 3 Icepeak à venir (cross/modèle 2006/proto XP).
Bons vols à tous,
Christophe
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