Vécu de l'intérieur par nos champions: Extrait de presse locale :
Pierre: 2ème
Jacko: 11 ème
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XC Open Manilla 2012Le vol de distance en parapente est une pratique exigeante qui nécessite de l’expérience, de l’entrainement et beaucoup de motivation : le nec plus ultra !
Deux parapentistes de Tahiti adhérents au club très actif AIREVASION s’y adonnent régulièrement. En 2011, au départ du site de la Punaruu, ils ont accumulé sur notre île des centaines de kilomètres en s’affrontant lors de la coupe de distance de Tahiti. A tour de rôle, ils repoussaient plus loin les limites du vol tahitien. Jacques Yu Hing a naturellement pris le dessus, pilote expérimenté « un véritable oiseau en l’air », il a l’admiration de tous les pilotes du Fenua, et connaît les moindres thermiques et toutes les crêtes de l’île. Déjà quelques compétitions locales, en Nouvelle Zélande et en Nouvelle Calédonie l’ont formé à pratiquer la distance avec un maximum de rentabilité pour tenir les premières places. Pierre Bourgoin a connu les débuts du parapente avec de nombreux vols en paralpinisme, décollage de sommets en altitude, tels les premiers vols en parapente du Kilimandjaro (5.985m en 1987), du Pic Communisme (7.495m en Himalaya, 1993), du Sajama (6.500m en Bolivie, 1995), et quelques compétitions internationales avec notamment la 1° place de la coupe de distance lors de l’Open International de Chamonix en 1992, et déjà trois participations à l’Open International de Manilla.
A la recherche sans cesse croissante de parcourir plus de distance, ces deux pilotes décident de partir en Australie à Manilla pour pratiquer le vol de plaine sur un site exceptionnel, réputé depuis que Godfrey Wenness y a établi le record du monde de distance en 1998 avec 335 km. En 2007, les championnats du monde de parapente s’y déroulent avec cette journée de février tristement célèbre durant laquelle trois parapentistes sont aspirés par un nuage d’orage, histoire relatée dans un film passé récemment sur nos chaînes.
La 2012 XC Open Manilla rassemblent des pilotes passionnés du vol de distance en parapente, certains pilotes professionnels de la pratique et de nombreux parapentistes amateurs rodés à la compétition nationale ou internationale : 75 pilotes inscrits de 14 nationalités différentes sont prêts à parcourir des kilomètres dans le bush australien en distance libre.
Une pluie torrentielle et la grise mine des « volants » accueillent nos deux pilotes îliens, des conditions climatiques exceptionnelles ont empêché tout vol depuis 15 jours dans une région dont le fléau habituel est la sécheresse. Le premier jour de l’évènement, le soleil se découvre enfin et va dévoiler un ciel à caractère orageux qui va perdurer durant toute la compétition. Dans des conditions ventées et orageuses, la première manche ne sera pas validée, malgré le plus beau vol du jour de Pierre avec 40 km et la belle démonstration de Jacques qui fait un décollage magnifique de maîtrise lors d’une rafale de vent puissant, et un beau vol pour une première en vol de plaine.
La deuxième manche met nos deux pilotes dans l’ambiance. Les vents selon l’altitude changent de direction et les pilotes partent dans tous les sens ce qui ne facilite pas la performance, il faut de plus slalomer entre les cumulonimbus pour ne pas se faire aspirer. L’expérience et la patience de certains parapentistes feront la différence avec d’autres pilotes habitués aux compétitions, toujours à fond sur l’accélérateur. Aussi, les Tahitiens rentrent dans les 20 premiers seulement à quelques points des leaders avec plus de 50 km parcourus. Mais, les difficultés de récupération des pilotes une fois posé au fin fond du bush pour le retour au point de départ commencent. La différence avec les équipes suréquipées (4x4, chauffeurs, navette, moyens de communication modernes…) se fait déjà sentir. Nos deux pilotes associés à leurs amis Calédoniens s’entraident en vol comme au sol par contact radio et téléphoniques. Avec peu de moyens logistiques, la « démerde » îlienne surpasse toutes les difficultés dues à l’immensité de la plaine sauvage et quelques fois inondée, Jacques excelle dans l’art de revenir à bon port. Le retour au camp de base est parfois très tard dans la soirée mais donne l’occasion de faire des rencontres avec les bushmen, kangourous, varans, moustiques et heureusement pas de cobra venimeux…
Troisième jour, un front orageux arrive par le sud, tous les pilotes partent au nord pour une belle journée de distance. Un nouveau nuage d’orage bouche la continuité du vol. Tandis que certains pilotes essaient en vain de forcer le passage, quelques autres dont les français, quelques calédoniens et les tahitiens remontent contre le vent vers le sud. Cette direction sera très sélective. Seul Pierre reste en l’air et remporte la manche avec 90 km au compteur et plus de 4h de vol. Jacques se rapproche du top ten et se classe juste devant le champion australien Godfrey.
Après un jour de repos dû au retour de la pluie, la troisième manche est lancée après un briefing météo identique aux précédents : danger/orages/vents variables selon l’altitude. Les pilotes se dispersent de nouveau pour un parcours encore très sélectif arrêté à 16h pour la sécurité. Malgré nos contacts radio, les îliens se séparent devant les conditions changeantes. Jacques fait un superbe parcours en solitaire et se classe 11°. Seul, la lecture du ciel, des ascendances, du sol est plus difficile que de voler en « grappe ». Pierre part à la poursuite du champion américain Jan Voegeli. Perdu dans le bush à plus de 40 km de toute route avec les difficultés du retour qui en résultent, la décision d’assurer le retour en parapente plutôt que la performance du jour lui fera perdre quelques points décisifs au final. Après 16h, les deux pilotes américains et tahitiens reviennent pour un poser au camp de base avec superbe démonstration de voltige par l’acrobate du Colorado. Godfrey gagne la manche avec seulement 50 km juste devant l’américain, Pierre finit 4° entouré des deux excellents parapentistes calédoniens Stéphane Guilbert et Xavier Girin, habitués au vol de distance au plus haut niveau.
La messe est dite, la météo des trois derniers jours ne permettra pas d’avoir les conditions nécessaires de voler en toute sécurité. Dommage, le dernier jour sera une superbe journée de vol, non validée durant laquelle Jacques, Xavier et Pierre font la perf du jour avec un vol groupé de 70 km. Jacko pose quelques kilomètres devant ses potes, histoire de prouver qu’il a vite appris les ruses du vol de plaine.
L’américain Jan Voegeli remporte le trophée de la 2012 XC Open parapente de Manilla seulement 3 points devant Pierre Bourgoin, soit moins de 300 mètres après plus de 200 km de vol… L’allemand Claus Visher complète le podium. Les calédoniens Stéphane et Xavier se classent 6° et 7°, et Jacko 11° : belle performance pour une première dans ce type de vol où la tactique souvent prime sur la technique de vol.
Gaynor Schoeman d’Afrique du Sud, première féminine, termine au classement général à la 20° place. Alors que Pierre remporte par ailleurs le classement en Sport Class.
La compétition finit, notre équipe de tahitiens-calédoniens en profite pour se défouler dans de longs vols de distance. La météo annonce les jours suivants plus favorables. Le premier jour, ça commence mal pour les tahitiens, dès le début du vol Jacko et Pierre se battent pour ne pas faire un « bomb out » c’est-à-dire se poser prématurément, à moins de 60 m sol ils réussissent à reprendre les ascendances dans un air turbulent et puissant. Jacko fera la perf du jour avec 60 km et une ascendance à plus de 3.000 m d’altitude, il fait froid et les reliefs sont écrasés ; à cette altitude les instruments GPS, variomètre et altimètre deviennent indispensables pour optimiser le vol. Le lendemain, Stéphane Guilbert après 4h de vol se pose au bord de la route à près de 80 km, quelques encablures devant Pierre.
Dernier jour de vol, un groupe de parapentiste part vers l’Ouest pour traverser un plateau inhospitalier. Après avoir contourné un grain se rapprochant et 4h de vol dans les suspentes, Jacko se pose après avoir trouvé un thermique salvateur pour ceux qui sont encore en l’air. Stéphane et Pierre continuent hors des sentiers battus et atterrissent en plein bush avec près de 130 km au compteur et 6h de vol : l’extase, la cerise sur le gâteau ! Peu importe s’il faut marcher une dizaine de km à travers champ, ravagés par les moustiques pour rejoindre la première route carrossable. Le retour devient une véritable aventure, arrivée à 3h du matin au camp grâce à Jacques, le spécialiste du « retour express »…
Le retour à Tahiti est splendide, accueillis par leurs familles et le club Airévasion supporter, les deux volants de Tahiti ont encore la tête dans le ciel australien… """"
un grand
à skipper volant ( Stéphane), le seul du forum à avoir été au coeur de l'événement.
