Lorsque la vidéo de la frontale est sortie, j'en ai profité pour faire un peu d'animation sécurité sur la liste de mon club. Je vous copie mon message qui est une autre manière de dire ce que dit Ute. Dès fois que ça serve à quelqu'un...
Bonjour tout le monde,
D'abord il parait qu'il ne faut pas dire "sécurité" car ça froisse les parapentistes ; il faut dire "gestion des risques"... Oui, mais sécurité, on comprend tout de suite.
Alors c'est l'envoi par des Eléphants Volants d'une vidéo qui va me donner l'occasion de faire un peu d'animation "gestion des risques". C'est une vidéo de frontale dans la combe du décollage de Montlambert, dont je vais vous donner le lien en fin de message pour que vous puissiez la visionner.
C'est un exemple particulièrement intéressant pour ceux qui fréquentent l'endroit sans avoir encore beaucoup d'expérience. La vidéo est filmée depuis le décollage même.
- Le décollage de Montlambert est une combe pentue et très marquée, perpendiculaire à l'axe de la très longue et très large vallée. De part et d'autre de cette combe on trouve une pointe de relief, l'endroit est vraiment cerné.
- Sur la vidéo, on voit plusieurs pilotes qui se mettent en l'air dans le même créneau. Celui qui est le plus en avant du relief va prendre une bonne frontale qui secoue bien, avec une perte d'altitude non négligeable, mais sans conséquence au final.
- On notera (ça m'épate toujours) que l'autre pilote au même moment ne prend pas le moindre froissement d'aile alors qu'il passe à peine à 10 mètres... ! C'est dire si les turbulences violentes peuvent être localisées !
- Pourquoi cet évènement ? Parce que ce décollage est simplement sous le vent. Ceci scandalisera peut-être les parapentistes qui sortent d'école (le sous le vent, c'est le mal !), mais c'est le cas de nombreux décollages en France, de manière plus ou moins marquée.
Montlambert vous le savez est un site où l'on vole souvent sous le vent du Nord d'une part. Mais d'autre part, la zone du décollage elle-même vient à être sous le vent de la brise et des thermiques dès qu'on est en conditions établies. En conditions classiques en effet, la brise (qui peut être assez forte) s'établit dans le sens Montmélian/Albertville et bute donc en étant plus ou moins redressée, sur les reliefs qui entourent la combe du décollage. Bien souvent, cette brise que nous y percevons de face n'est pas une vraie brise de face mais les retours "tordus" de la brise à forte composante latérale et agrémentée des pulsations thermiques. De plus, dès que le soleil a un peu tourné, un système plus conséquent de déclenchements thermiques se met en place dans la combe de droite vers laquelle se dirigent les pilotes de la vidéo (qui elle est plus "au vent"), ce qui renforce encore la composante sous le vent du décollage (sous le vent à la fois de la brise principale et du système principal de thermiques).
Le pilote qu'on voit sur la vidéo a déjà une certaine expérience. Mais au printemps, la masse d'air froide et les forts contrastes génèrent de puissants phénomènes aérologiques. Il peut donc être utile de rappeler à ceux qui ne connaissent pas encore ce secteur ou bien dont la pratique est encore faible, qu'il est bienvenu de respecter un certain cadre. Et on notera immédiatement que ce n'est pas forcément à nos débuts que nous nous exposons le plus aux risques (le débutant prend généralement beaucoup de précautions) mais plutôt en phase de progression.
Pour un débutant ou simplement quelqu'un qui ne connait pas le site, dès 11h (parfois même avant) l'installation de la machine thermique peut générer ces conditions. Il faudra privilégier un décollage avant cet horaire. Ce qui n'empêchera pas forcément d'y faire du thermique puisqu'on peut y faire du gain à 10h ou même plus tôt, dans des ascendances soumises simplement cette fois à la brise de pente ("vraie" brise de face celle-là) pendant que la brise de vallée n'est pas encore levée. Observer la différence d'orientation du soleil sur le site à 9h du matin et à 11h30... Passé cet horaire (11h), on change vraiment de cadre de pratique et il faut vraiment se demander si on a envie de s'exposer aux mouvements de la masse d'air qui y sont associés.
Selon qu'on soit plutôt "descente en barque de riante rivière" ou "expédition en raft sur torrent impétueux", on choisira des pratiques durables ou d'autres plus aventureuses. Les pratiques durables recommandent de choisir ses horaires en fonction de ses compétences et de sa forme du moment et aussi, même si coller au relief n'est pas une hérésie, d'avoir toujours la place horizontalement et verticalement de faire au moins un tour (ce qui est le cas du pilote de la vidéo). Avec ce genre de règles simples, on pourra progresser sereinement et dans 30 ans on sera toujours là en train de s'amuser. En revanche, je préviens, on n'aura certainement pas fait des vols de 300 km... Pour les plus ambitieux, il faut accepter une certaine part de sélection naturelle lorsqu'on n'est pas conscient de certaines choses. Pour concilier un peu les deux mondes, on peut recommander la pratique de la compétition qui est un formidable moyen de progresser rapidement (même si on n'a pas l'esprit compétitif) et d'ouvrir les yeux sur de nombreux aspects du vol de performance.
Pardon pour la tartine, on pourrait développer encore pendant des pages... Alors, place aux images, c'est ici :
https://vimeo.com/262010880Bon visionnage. A vos commentaires et questions...
N'hésitez pas à faire tourner si vous connaissez des personnes à qui cela pourrait être utile.
Vincent.