Après pour l'usure... je n'ai encore pas croisé de Masala (qui n'a surement rien à envier à une Koyot en thermique, même programme!), de Pi2 ou de SuSi 3 qui soient rincés par leur proprio. Je redis, on voit passer des UFOs avec 700 décos atterros sur des sites des Alpes du Sud, des Volt Superlight avec 850h, et elles sont bonnes à voler (OK, les Volt, il faut qu'on fasse un recalage!). Mêmes matériaux que les SuSi. En étant soigneux, et sans se jeter dans les arbres, pas de soucis!
C'est un argument que je vois souvent revenir sur le forum, alors je voudrais poser une question à laquelle tu pourras peut-être,en tant que professionnel, apporter une réponse: sur le segment des voiles A ou début de B (pour lesquelles l'objectif prioritaire n'est pas forcement la performance) pourquoi les constructeurs ne font-ils pas systématiquement du "léger" puisque ce serait le plus adapté au programme de ces voiles (facilité au décollage, manoeuvrabilité, tendance plus faible au shoot, etc...) si les voiles légères ne présentent pas plus d'usure (en conditions d'entretien normales évidemment)?
En voilà une bonne question!
A part que les pilotes ne soient pas encore prêts à accepter que le light aussi, c'est durable, je n'ai pas la réponse!
Bon, attention, je suis parti pour un long monologue à base de spéculations! Et ce n'est que mon avis, étayé par ma courte expérience pro. Les autres pros (ou non), moniteurs et autres, sont bienvenus pour me contredire.
D'abord, très peu nombreux sont les pilotes qui volent plus de 100h par an. Et ceux qui le font, c'est le plus souvent à base de longs vols de cross, donc des ailes peu sollicitées à part l'exposition aux UV.
Parmi toutes les ailes sur le marché, même light, j'imagine que très peu ne tiennent pas au moins 500h. En fait, les retours que j'ai des pilotes et centres de contrôles (qui peuvent confirmer ou non s'ils lisent), les ailes light cross les moins solides tiennent de l'ordre de 500h.
Et finalement, peu nombreux également sont les pilotes qui gardent leurs machines plus de 5 ans.
Pour ce qui est des jeunes pilotes, pious pious, c'est un peu différent. Ils sont encouragés à juste titre de passer le plus d'heures possibles au sol (bon les autres aussi finalement). Et là, ce n'est pas la même histoire si on joue sur du goudron ou du calcaire poussiéreux avec une aile toute en 27g ou dans de l'herbe grasse alpine du nord. Evidemment.
Chez nous, on a une Eazy standard (40g en extrados, 35 en intrados) et une "Superlight" (35 en extrados, 27 en intrados - finalement, l'Eazy 2 Superlight est à l'Eazy 2 ce que la Masala est à la Mescal... avec des nuances de construction et de matériaux). Dans ces 2 cas, on parle de versions allégées d'ailes standards. Avec tous les avantages de facilité au décollage, de faible inertie, mais aussi plus de sensations de la masse d'air et donc pour moi, de plus "d"outils" pour progresser, avec encore plus de sécurité (si on veut voler dans des masses d'air en mouvement, ce qui peut très bien ne pas être le cas).
Sans même parler des petites tailles, et donc des pilotes de petits poids, pour qui monter une aile "lourde" sans vent par exemple peut devenir compliqué physiquement (vécu avec de jeunes ados).
J'ai toujours tendance à conseiller aux pilotes qui s'équipent de prendre la "Superlight" (qui est la même construction semi-light en fait que nos Vivo, Rise, Volt). Pour les raisons citées ci-dessus. Je n'ai aucun doute qu'une Eazy SL bien traitée fera ses 800 à 1000 heures sans soucis. Même avec de longues séances de gonflages.
Bien au delà de ce que fera le pilote avec son aile, mais bien assez pour qu'elle ait plusieurs vies entre plusieurs mains. Donc revendable. Voir le succès des Masala en occase.
La version "standard" (lourde) étant elle bien adaptée à un usage école, où les sollicitations sont bien différentes. Mais ces ailes "écoles" sont aujourd'hui de superbes outils de progression qui peuvent ravir les pilotes pendant des centaines d'heures. Pourquoi garder la version lourde?
Reste qu'elle coûte 10% plus cher que la version standard (3300 contre 3000 pour l'Eazy SL). Et que le light, ça fait encore peur. Et c'est peut-être pourquoi tous les constructeurs ne le font pas. Mais ça se voit de plus en plus. Même sur les ailes écoles.
Concernant Pi 2 et SuSi 3 citées plus haut, on est sur un registre un peu différent. Des ailes "montagnes" au départ qui ont prouvé leur accessibilité et leur facilité (à PTV adapté au programme et capacité du pilote). Là on est sur des conceptions ultra légères. Très solides, mais le "tout 27g/m2" les rend plus fragiles au sol. Dans les buissons, les arbres, sur les cailloux. Comme l'UFO que je citais, ça ne les empêche pas de voler et durer très longtemps. Mais ça demande d'en prendre soin surtout au sol (qui ne prend pas soin de son aile neuve ou presque?). Je dirais que c'est le bon choix pour le pilote dont le programme sera quand même bien axé rando.
Deux considérations pour finir:
- évidemment, je prêche pour ma paroisse; le Skytex 27 classic II, double enduction, montre une durabilité nettement supérieure d'après nos essais (et ceux de Porcher) au simple enduction, et même qu'à beaucoup de tissus de grammage supérieur. Son prix très élevé est dissuasif, mais l'intérêt est là... et je dirais qu'il présente aussi l'avantage d'être plus "fiable" d'un lot à un autre. Il n'empêche que nos concurrents ne l'utilisant pas ont globalement des ailes qui vieillissent aussi très bien (je pense à la grOsse marque par exemple).
- le plus grand facteur de vieillissement rapide de l'aile... c'est son stockage. On le dit souvent, ne laissez surtout pas votre aile (encore moins humide) exposée à la chaleur. Ne la laissez jamais dans le coffre de votre voiture au soleil. Qu'elle soit légère, ou pas.
Edit: bien vu Gillesf. Même si de plus en plus d'écoles s'équipent aussi malgré tout en ailes légères, parce qu'elles sont "mieux". Et parce qu'à la revente à la fin de la saison, tu augmentes tes chances (ventes aux débutants, et aux randonneurs qui veulent une deuxième aile facile).