J'ai volé de 2010 à 2016 sous une Artik, avec laquelle j'ai fait 4 stages SIV.
L'Artik n'avait eu aux tests que des A, un B et un seul C (fermeture à 75% accélérée à fond). Comme je ne volais quasiment jamais à fond de barreau, ma voile était donc une B, avec un seul B comme la Joy... donc un esprit faible aurait pu imaginer pouvoir voler avec en sortie d'école.
Le vrac énorme que j'avais encaissé au-dessus de Lanfonnet n'aurait pas été récupéré aussi bien ni aussi facilement par un pilote tendre.
En SIV, je m'étais fait secouer pire qu'affreux sur des départs en vrille et des décros dynamiques mais c'était très bien sorti parce que la voile était saine, que j'ai du sang-froid et que David Eyraud est un guide fabuleux.
Un jour, j'ai prêté ma Diamir à mon copain Charles (qui bosse chez RipAir) et j'ai volé avec sa Blacklight (cotée B+). J'ai eu dans toutes les phases de ce vol exactement les mêmes sensations qu'avec l'Artik.
C'est sans doute dans les situations extrêmes qu'une voile montre sa personnalité.
J'ai volé en surcharge importante avec une Hook 2 et une Factor, et les deux fois j'ai été si mal en l'air que j'ai tiré rapidos vers l'atterro. La Hook 2 était une B sympa, la Factor une C réputée vicelarde et son propriétaire, un guide valaisan de mes copains, se mit une boîte violente peu après avec plein de fractures qui lui pourrirent sa saison.
Dans les deux cas je n'avais pas ressenti la "tranquillité sereine" ni la "sérénité tranquille" du pilote de B lambda qui s'imagine voler en sécurité parce que sa voile est sortie en B.
Certaines B+ sont très violentes en sortie du domaine de vol et il faut avoir un bon niveau pour les remettre en vol, disons un niveau permettant de voler avec une C. Le pilote qui se croit en sécurité sous une Jedi, une Mentor, une Ikuma, une Iota etc aura du souci à se faire s'il encaisse un vrac. Ce sont des voiles très performantes qui exigent un niveau de pilotage actif en conséquence.
A mon sens, la sécurité passive est un leurre.
J'ai volé avec la UFO 18, des vols-rando tranquilles tant la voile est amortie, en sachant qu'en cas de vrac il suffisait de se mettre bras hauts... mais la voile se pilotant bras hauts la recommandation n'avait pas de sens en vol normal.
On peut estimer que la UFO offre une bonne sécurité passive et les vidéos de Cedric Nieddu sont en ligne pour montrer comment elle se comporte quand on la met en vrac.
J'ai cravaté deux fois la Diamir au décollage et les deux fois (l'une à la Forclaz et l'autre à l'Aiguille du Midi) la voile vola parfaitement moyennant un contre-sellette et se posa normalement.
Lors d'un vol de démo en 2013 avec un stage d'Espace 3D, j'avais montré aux stagiaires comment on fait une grosse asymétrique... et la Diamir, que je découvrais, était partie en très légère rotation du côté ouvert ! (Selon Gérald Delorme, c'était dû au roulis inverse).
J'aurais pu imaginer que me petite Diamir avait une excellente sécurité passive... mais les 3 gros vracs que j'ai encaissés avec m'ont 3 fois convaincue qu'une voile n'est relativement sûre que si on a un pilotage très attentif et très précis, en étant toujours prêt à se battre sans se laisser dominer.
La sécurité passive, si elle existe, est dans l'adéquation pilote-voile-aérologie. Même un excellent pilote peut se casser la gueule et même une voile école peut se mettre chiffon.