A priori, ça sert surtout à se faire plaisir (en se faisant moins mal). Et pour beaucoup d'entre nous, j'ai l'impression que ça marche
Coucou @Nicolas,
le progrès technique qui booste le plaisir et la sécu...
Pour le plaisir, je ne sais pas, j'ai pas les chiffres.
Pour les accidents, je les ai : l'accidentalité est au mieux stable (au pire en légère hausse) ces 15 dernières années.
Salut Jean-Marc, je cite cette interpellation... mais je suis bien d'accord sur le Chant des Sirènes. Bien vu. J'irais même plus loin que ça...
Bon si je suis fabricant de matériel, bien sûr, mon but, c'est d'en vendre. D'en vendre et que ça plaise (sinon ça ne dure pas longtemps). Pour en vendre, il faut être au niveau de perf attendu par les clients (j'y reviens), et surtout délivrer le plaisir qu'on attend de son jouet. Le plaisir qui passe à mon avis d'abord par le fait de ce sentir bien avec son matériel, d'aimer son pilotage... et très souvent (malheureusement peut-être), d'être au top de la performance.
Attention ça va être long.
C'est dimanche alors je vais retirer ma casquette de constructeur. Je ne suis maintenant que pilote.
Je suis super content de l'aile sous laquelle je vole. Elle a 3 ans, révisée, vole toujours aussi bien, en tout cas me permet de faire au moins les mêmes vols que ceux que je faisais quand je l'ai achetée. Mieux même, parce que je la connais par coeur, je lui fais confiance, je ne crains pas qu'elle me fasse des surprises.
Oui mais voilà,
- mon pote Bob avec qui je volais souvent vient de changer la sienne, et maintenant, à chaque longue transition, j'arrive 50m sous lui et perds 5min pour me refaire.
- sur les déclarations CFD d'hier, Bill a fait une transition que je n'ai jamais réussie. Ca doit être parce qu'il avait une EN-D et moi je n'ai qu'une EN-C. Ca ne peut être que ça.
- la semaine dernière sur Facebook, ils ont tous posté des vidéos de leur vol de groupe en EN-C deux lignes... ça avait l'air tellement facile, il me faut ça !
- et je ne parle même pas de cette compet où ils m'ont tous fumé avec leurs guns, il faut que je change cette bouse de B+.
Pour moi le plus influent, de chant des Sirènes, c'est celui-là. Se comparer aux autres. Et les moyens ne manquent pas.
Maintenant, c'est la nouvelle année, je vole depuis... pfff... je n'ose pas dire, je mets ma casquette de dinosaure (volant, ptérodactyle au moins).
Il y a 4-5 ans. Un copain qui me disait une fois "cette transition vers les Bauges, avec ma D 3-lignes, elle est parfois compliquée. Je vais prendre une D 2-lignes, je vois bien qu'on la fait beaucoup plus facilement et donc beaucoup plus souvent."
Oui mais pour quoi ?
C'est là qu'arrive le dinosaure. Il y a plus de 25 ans qu'on la fait cette transition. Est-ce que les pilotes étaient si malheureux il y a 25 ans ? C'était si nul que ça le parapente il y a 25 ans ?
Non.
Alors la perf en plus elle sert à quoi ? Elle sert juste à faire "comme les copains", non ? Certes on ne ferait pas des triangles FAI de 300km sans le matos qu'on a aujourd'hui. Mais est-on si frustrés de ne pas faire des triangles FAI de 400km ? Ben non, on est heureux. Et pourtant, dans 10, 15, 20 ans, on regardera ces 300km comme ennuyeux ?
Ca on peut le rapporter à tous les niveaux hein. Le "tour de bocal" de 80km (je parle de lezalpes), il n'est pas déjà fantastique ? Il ne permet pas de vivre des sensations incroyables, de découvrir des paysages déments ?
Oui si j'ai une D 2-lignes dernier cri, je vais pouvoir le faire 20 fois par an. Si j'ai une EN A, peut-être que 5. Et alors ? C'est embêtant ?
Et je ne parle même pas du plaisir qu'on oublie bien trop vite d'un petit vol local, voire d'un plouf au soleil levant, ou couchant...
Je trouve la citation de Willitou fort à propos. C'est vrai dans tous les domaines. Dans le parapente, ça peut avoir tendance à faire augmenter la prise de risque.
C'est une différence avec beaucoup d'autres activités, pour lesquelles l'augmentation de performance peut être décorrélée du "risque".
J'avais déjà pris cet exemple là je crois... en ski, si on te met au pied des skis de slalom de l'équipe de France quand tu débutes... ben tu n'y arriveras pas. Tu tomberas tout le temps. Tu changeras vite. En parapente, c'est pareil. Sauf que de tomber fait souvent plus mal.
Je remets ma casquette de constructeur (toujours dimanche pourtant, même après toutes ces lignes). Et je recolle au sujet du fil. Evolution du Parapente ces dernières années.
- Si comme constructeur tu ne renouvelles pas tes ailes tous les 3 à 5 ans, tu n'en vends plus (sauf Enzo 3 citée plus haut, tellement elle était en avance à sa sortie... ou parce qu'on est arrivé au top de ce qu'on sait encore faire aujourd'hui en terme de rapport perf/"accessibilité". Tu ne vends plus parce que les pilotes veulent toujours la toute dernière génération. Dans l'automobile c'est pareil hein. Petites évolutions à chaque génération pour justifier une nouvelle aile, mais petit à petit, ça fait cogiter les concepteurs et les ailes "s'améliorent". Dans nos esprit, c'est presque l'inverse. On cogite, on teste des idées, on améliore... pourquoi ne pas le proposer aux pilotes ?
- Si comme constructeur tu ne sais pas "cibler" les ailes pour les pilotes, tu ne dures pas longtemps. Je peux donner notre exemple de la Volt 4... très long questionnement pour nous pour savoir si elle s'adressait bien aux mêmes pilotes que ceux de la Volt 3. Si on s'était trompés, attention aux risques qu'on fait prendre, et au retour de bâton commercial. Donc non, contrairement à ce que d'aucuns croient ici... on ne peut pas sérieusement commercialiser un produit pas adapté, ou seulement se cacher derrière une lettre d'homologation pour se dé-responsabiliser.
- La nécessité commerciale (pour survivre) de faire évoluer ses modèles impose donc... l'innovation. Et globalement, je crois que ça marche. En tout cas il me semble qu'en terme d'accessibilité, de perf/accessibilité, ça marche. L'aile avec laquelle j'allais dans les Bauges il y a 25 ans, elle était bien plus "pointue" que celle qui me permet d'y aller aujourd'hui dans les mêmes conditions. Et ça c'est bien. Si mon objectif c'est de réussir cette transition vers les Bauges. Les jours où je n'ai pas besoin de me faire peur pour y arriver.
Je ne suis pas sûr Jean-Marc que la stabilité ou l'augmentation légère de l'accidentalité soit liée à l'évolution du matériel. Mais plutôt des comportements. Quel niveau d'accidentalité on aurait aujourd'hui, avec les comportements d'immédiateté qu'on a, si on volait avec des ailes aussi "fiables" que celles d'il y a 25 ans ? Il y a peut-être aussi quelque chose lié à l'homéostasie du risque ici...
Pour résumer... pour ceux pour qui l'instantanéité, l'immédiateté et l'urgence cités plus hauts ne permettent pas de lire (ce n'est pas une critique)...
Je pense que oui les ailes évoluent, et c'est tant mieux.
Je pense que malheureusement, le moteur numéro un de besoin d'évolution par les pilotes (j'en suis)... c'est la performance. Dont on est inondés de récits, rapports, compte-rendus de toutes part... dont d'ailleurs (et là je ne vais pas me faire que des copains), même notre "système" nous abreuve (stage init, prog, "perf", "cross"...). Ce sport est si beau quand il est déjà juste contemplatif. La compétition, ce n'est pas forcément pour tout le monde. J'ai dit quoi déjà ? Ah oui, se faire plaisir...
Bons vols safe à tous en 2024, il y a tellement de quoi se faire plaisir avec cette activité, et on a une chance incroyable de la pratiquer.