Depuis que Vincent Busquet (Alpyr :
https://alpyr.fr/ ) a quitté le forum, il redouble d'attention pour nos jouets volants et multiplie les essais d'ailes qui passent à sa portée, y compris de fabricants dont il ne fait pas l'importation française.
Ainsi, vous trouverez ci-dessous son retour écrit scrupuleux (et pas béni-oui-oui mais d'autant plus instructif) sur son essai de la Graccio mk3 :
Premiers retours sur la Little Cloud Gracchio MK3.
Taille 22 à 79 kg de ptv (haut de fourchette 83 kg). Sellette Skywalk Cruise.
Je me suis intéressé aux dernières productions Little Cloud depuis qu’ils font des vrais parapentes.
« Vrai » s’entend en référence aux mini-voiles qui étaient au début, la spécialité de la marque.
Tom Bourdeau, créateur de l’entreprise et concepteur des différents modèles a commencé dans le
kite il y a longtemps. Il a d’entrée de jeu pris un positionnement atypique dans ses créations et tente
aussi de faire vivre un modèle économique différent.
Pas de sophistication extrême, des solutions techniques simples, pas d’homologation (seul le test en
charge normé EN est effectué) et un circuit de distribution restreint. Il propose ainsi désormais des
parapentes à des tarifs très bas, tirés au plus juste. Évidemment l’absence d’homologation risque de
l’éloigner de la vaste clientèle des pilotes autonomes en progression et inquiets, mais c’est un choix
courageux qui permet l’accès à du matériel neuf pour des prix abordables. Il est intéressant d’aller
faire un petit tour sur le site Little Cloud pour se rendre compte de la variété des concepts proposés
et de l’esprit de la marque.
En tout cas cette Gracchio MK3 se destine exactement au pilote en progression (et plus) et c’est
plutôt une très bonne surprise pour qui ne connaissait pas les produits Little Cloud.
Au sol on découvre un sharknose prononcé (je ne m’y attendais pas) et des entrées d’air plutôt
étroites. Un suspentage assez épuré, plutôt court, dont seul le dernier étage est non-gainé, facile à
démêler. Les élévateurs spécifiques de la marque, une sorte de mono-branche se divisant très haut,
se manipulent aisément, même pour le spécialiste du tour de sellette que je suis. La structure interne
est en Skytex Porcher choisi pour sa raideur, alors qu’extrados et intrados sont dans un Dokdo qui
donne une impression de souplesse suave. On note des mini-ribs en bord de fuite et des ouvertures
de vidange des stabilos. Le saumon est flottant.
Manifestement le concepteur est intervenu là où réside le gros des gains en performance et la
construction est réalisée dans les règles de l’art. L’aile est plutôt légère et assez peu volumineuse.
Vent nul le profil se remplit progressivement, il faut maintenir une pression sur les A en avançant
doucement. La voile monte facilement du fait de sa légèreté, mais doucement. Aucune tempo n’est
nécessaire et la prise en charge est ensuite très rapide.
La première impression dès la sortie de décollage est celle d’un engin qui avance bien.
La réponse à la commande est sans temps mort, réactive. J’aime bien les poignées, qui sont larges et
confortables, aussi bien pour la prise en dragonne qu’avec un tour de frein. La maniabilité est très
bonne, précise et les commandes sont souples. Chouette, enfin une aile aux commandes plutôt
douces !
Et la réponse à la sellette est immédiate ! J’aime.
En compagnie d’une Niviuk Hiko, taille et charge similaires, je suis sur le même plan de descente
tout en étant plus rapide. Pas mal du tout.
Le relevé total et rapide des mains ne génère pas la moindre abattée, l’aile se contentant d’accélérer
sur trajectoire. Très sympa. Allons voir d’ailleurs ce que dit l’accélérateur qui n’a pas un très long
débattement (15 cm) : il est peu physique et le premier barreau suffit pour une accélération
immédiate qui fait déjà bien siffler le vent relatif dans les oreilles, avec une trajectoire qui reste bien
tendue. Rapidement relâcher le barreau fait biper le vario.
Malgré ces performances en vitesse qui la mettent dans le haut du panier de la catégorie (je n’ai pas
testé le deuxième barreau), je peux constater que la voile « flotte » très bien dans les zones
vaguement porteuses et ne s’enfonce pas (pas plus que les autres) lorsque la masse d’air s’écroule.
Pour la catégorie, on n’est pas déçu.
La Gracchio communique la masse d’air de manière souple. Ce n’est pas une aile inerte ou ultra-
amortie mais sa façon de transmettre les infos est agréable. La turbulence est ressentie de manière
fluide, ce n’est pas une aile qui « tape », elle est bien confortable tout en restant vivante. Le posé est
encore facilité par une prise de vitesse en relevant les mains, qui n’induit pas de mouvement de
tangage ni de trajectoire transitoirement plongeante. La Gracchio reste simple au sol comme en vol.
J’espère maintenant pouvoir bénéficier d’une bonne journée classique à thermiques pour explorer
un peu plus cette aile très agréable. A suivre si la météo le veut bien dans le délai qui m’est
imparti...
48 h plus tard, allez, décollage dans l’instabilité matinale avec cette Gracchio. Un peu de brise
permettant un gonflage face à la voile sur le haut du déco et on retrouve les mêmes caractéristiques
que vent nul : on voit la voûte se remplir progressivement, la montée est douce et il ne faut pas
lâcher les avants tant que l’aile n’est pas au-dessus de la tête. On peut oublier la tempo.
Retournement et accélération… d’un pas… et ça décolle. Bref le thermique était là et l’aile
confirme ses aptitudes. J’ai connu des « B » avec des amplitudes à la commande nécessaires pour
les faire tourner bien plus grandes que celles de la Gracchio. La maniabilité rappelle nettement les
catégories au-dessus, avec réponse directe et peu d’amplitude nécessaire. Nécessité d’en mettre peu
et commandes douces se conjuguent pour épargner mes tendinites, épaule et coude. Merci. Sur des
appuis trop puissants et profonds à la commande intérieure, on sent bien le moment où le virage se
« creuse » et dégrade ses performances ; c’est éducatif et ça incite à en remettre à la sellette plutôt
que de planter trop loin un frein. C’est de toute manière un engin qui invite à jouer.
La voile cause aimablement en roulis, jamais brutale.
Toujours accompagné d’une Hiko, mais de couleur rose aujourd’hui et avec pilote en cocon (moi
toujours en sellette ouverte classique), on transite. La Hiko me surclasse un peu cette fois en finesse
mais toujours pas en vitesse (parti derrière lui et un peu plus bas je tend à le rattraper mais il me
grappille quelques mètres de hauteur) ; la cohérence de l’aérodynamique est au moins respectée…
Aucune surprise jusqu’au posé, la voile est claire et nette, c’est facile, c’est joueur, c’est tolérant,
c’est tout à fait dans le coup en perfs, la vitesse est facile utiliser.
S’il faut indiquer un bémol, bien qu’étant légère et pouvant se plier serré, elle ne se destine pas au
vol-rando montagne où l’on peut rencontrer des décollages exigus et mal pavés avec vent nul voire
catabatique. Ses caractéristiques de gonflage ne sont pas optimum pour ça. On trouvera dans la
gamme Little Cloud des ailes parfaitement ciblées pour ce jeu là.
Petit ajout sur la Little Cloud Gracchio avec aujourd'hui un peu de gaz à griller. Les oreilles se font
très bien avec la branche d'élévateur dédiée. Si on les relâche immédiatement elles se rouvrent
toutes seules en déroulant. Si on les garde fermées longtemps, elles restent en place et il faut une
action à la commande pour les rouvrir (rouvrent sans claquer, en se ré-remplissant). En 360 modérés
c'est très facilement dosable, ça descend facilement et ça ne centrifuge pas. La commande intérieure
durcit très fort dans l'accélération. Ne pas relâcher l'appui intérieur car les turbulences tendent à
remettre l'aile à plat. Dès qu'on cesse l'effort à l'intérieur, la voile sort sans roulis ni mouvement sur
le tangage. Il doit falloir sacrément envoyer la purée pour avoir quelque chose à gérer !
On verra ce que nous réserve la météo pour la suite.
En tout cas dans quelque temps je dois recevoir une Urubu, catégorie au-dessus dans la gamme,
toujours dans la même taille (22) un peu plus allongée. Je suis curieux de pouvoir comparer.