Un face voile merdé sur la Tournette à mes débuts (25vols) me valut un petit vol en hélico avec une épouvantable fracture du genou, plateau tibial fracturé en deux endroits, 9 bouts d'os à recoller => 2 plaques + 12 vis et 3 mois sans poser le pied au sol, 10 mois et 8 jours sans voler dont 8 mois sur des béquilles.
Je ne raconte pas la galère que ce fut au jour le jour (j'habite un 4ème étage sans ascenseur).
J'avais failli me tuer et la leçon a porté, j'ai chiadé tout ce qui tournait autour du décollage, du gonflage, des prises de commandes, du pilotage au sol, du placement de la voile au déco, bref j'ai acquis au fil des mois et des années une petite expérience de la chose.
Ma pratique du gonflage varie selon les circonstances, je privilégie celle que j'estime la plus appropriée à l'instant donné.
1 - Pas un pet de vent : dos voile (avec seulement les A centraux pour faciliter le gonflage par le centre.
2 - Léger vent de cul : je me mets en attente, prête à bondir quand passe une rafale de vent nul et si cela ne vient pas je marque le but.
J'avais trouvé génial d'utiliser le rouleau pour gonfler, puis banzaï ! cela me valut un poignet vilainement fracturé et une saison terminée en juillet, 3 interventions chirurgicales, bref j'avais gagné.
3 - Au col des Frêtes, la pente est assez forte, toute en herbe et sans danger, partir dos voile en y mettant énergie et conviction permet de décoller par léger cul sans se mettre en danger.
4 - Vent de face léger : dos voile.
5 - Vent de face normal : face voile avec les A centraux main droite, le frein gauche main gauche et le frein droit crocheté de l'index gauche en sortie de poulie. Cette façon de faire ne présente que des avantages et elle est d'ailleurs recommandée par Pierre-Paul Ménégoz dans son bouquin (et dans son enseignement) :
- les deux A dans la même main permettent à la voile de se placer face au vent par effet girouette ;
- le recentrage éventuel est facile à exécuter ;
- les stabs ne prennent pas le vent de façon intempestive et la voile ne part pas en digue-digue ;
- les deux freins sont toujours accessibles et opérationnels ;
- inconvénient éventuel : l'angle des deux élévateurs est un peu plus fermé que lors du vol... mais cela ne m'a jamais paru rédhibitoire.
6 - Vent fort : face voile sans les A.
Cette méthode m'a été apprise par un copain guide à Zinal et je l'ai travaillée au sol. On met la voile en boule avec seulement les deux caissons centraux ouverts, on tire 50cm de C (avec une 4-lignes on prend les C) avec une main, les freins en mains ne sont pas opérationnels. Le gonflage s'obtient avec un pas en arrière combiné à un appui sellette, on relâche doucement les C et cela demande d'avoir des bras parce qu'on se les fait vite arracher... la montée de la voile s'accompagne donc d'un ou deux pas vers le haut pour l'alléger et éviter un éventuel effet spi.
Il faut travailler au sol.
Deux techniques que je n'utilise pas en temps normal :
7 - le gonflage "cobra", très efficace par vent fort, présente à mon sens l'inconvénient de fortement solliciter l'extrados ; je n'ai pas les moyens d'user mes voiles si je peux les ménager.
8 - le gonflage avec un élévateur dans chaque main.
Les inconvénients sont évidents :
- difficulté d'obtenir une bonne symétrie ;
- impossibilité de corriger aux freins un éventuel désaxage de la montée de voile ;
- très grande sensibilité de la voile à ce type de commande.
Beaucoup d'excellents pilotes, dont des compétiteurs, appliquent cette technique et s'ils la maîtrisent bien ils ont raison. Je ne l'utilise qu'au sol, quand le vent faiblit, pour faire remonter la voile en lui évitant de retomber au sol. Au cours de mes régulations de Planfait, j'observe souvent des pilotes qui merdent gravement avec cette technique et qui font souvent des décollages "à l'arrache". Cela me désole mais qu'y faire ?
9 - Vent "trop" fort : c'est le moment d'écluser une petite bière en regardant les autres se faire démâter.