Gillesf
passager biplace
Hors ligne
Aile: BGD Base S - Niviuk Hook 6P
pratique principale: apprends à voler
vols: env. 800 vols
Messages: 6
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« le: 09 Juin 2011 - 13:05:03 » |
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Double plouf de rêve dans de l'huile.
Je viens de passer une dizaine de jours dans un pays d'Europe longtemps mis de coté, et qui mérite amplement le voyage : l'Albanie. Précisons de suite que je n'y étais pas aller dans l'unique but de voler, mais plutôt pour découvrir l'ensemble du pays, avec ma Spiruline dans le coffre du 4x4, au cas où l'occasion se présenterait de prendre de la hauteur...
Et dans l'ensemble cela n'avait pas trop bien commencé : si le relief semblait parfaitement se prêter au parapente, les vents dominants d'Est, comme en attestent les arbres qui poussent penchés, une couverture de forêt dense sur la majeure partie du pays, et des orages presque chaque après midi, voila qui ne facilite pas mes affaires. Il n'est pas facile de réaliser des vols de fin de journée sur des sites inconnus avec des thermiques bien établis et des larges atterrissages, le tout dans le sens de progression de notre périple.
Mise à part une bonne séance de pente école dans le parc de Lura, pas de chance jusqu'à... notre arrivée en milieu de journée sur la côte du coté de Vlora ou une sympathique brise de mer souffle pendant notre baignade. Il est temps de monter au col de Llagora : le haut lieu du parapente local, notre route vers le sud passe justement par ses 1043m d'altitude.
Nous y voila, le panorama est magnifique sur les montagnes qui plongent dans une Méditerranée aux reflets turquoises des mers du sud, mais la brise... est tombée et les rares bouffes sont un poil trop de travers nord-ouest. Le site est bien trop beau et le vent d'Est exceptionnellement absent pour résister à la tentation d'un vol. Je descends donc deux virages plus bas, ou une bosse dans une épingle de la route me semble mieux orientée. Cela tombe bien, en y arrivant, je découvre le site de décollage "presque" aménagé, mais il va me falloir faire vite : les nuages annonciateurs de l'orage de l'après midi sont menaçants sur le relief à ma gauche.
Tout en étalant rapidement la voile je surveille les nuages du coin de l'œil et les bouffes qui ont maintenant presque totalement disparues. Ce ne sera donc qu'un plouf, et je vais devoir courir longtemps sur une portion en faible pente au milieu de grosses pierres et des quéqués. Un copain se tient quelques mètres plus bas avec un morceau de rubalise à bout de bras pour m'indiquer l'arrivée du moindre souffle. On convient de se retrouver à Dhermi que l'on aperçoit au loin, sur la plage, près des parasols.
Après quelques minutes la rubalise se soulève mollement, mais dans le bon sens, il ne faut pas rater l'occasion : c'est le moment de gonfler et de courir...
Une course qui me semble interminable, puis finalement je décolle. La masse d'air est d'une douceur remarquable, elle porte bien, mais pas suffisamment pour que je monte et comme je ne connais pas le site pour aller « chasser le thermique », je file donc vers l'eau turquoise et la plage à 6 ou 7 km de là.
Près de 15 minutes de bonheur s’en suivent dans un décor de rêve. A l'arrivée au dessus de la plage j'ai encore plus de 200m de gaz, je vais donc faire un petit tour au dessus de la mer pour la première fois de ma vie avant de me poser comme une fleur. Les autres mettront encore une heure à me rejoindre par la route après avoir essayer plusieurs chemins.
Nous décidons de bivouaquer sur une autre plage toute proche au pied du col. Nous nous y rendons et pendant que mes amis se jettent à l'eau, je ne résiste pas à l'envie de demander à ma femme de me faire une navette vers le col.
En arrivant au déco, le nuage menaçant s'est un peu éloigné, mais il a emporté avec lui tout les souffles d'air. Le soleil commence à baisser sur l'horizon, les couleurs du paysage sont magnifiques, je repars pour un nouveau vol de 900m de dénivelé vers la plage déserte ou nous allons dormir. Ce coup-ci je longe le relief vers la droite, toujours sans la moindre turbulence. J'arrive au rivage avec tellement de réserve de gaz que je m'autorise avant de toucher le sol quelques belles courbes, au dessus de mes amis qui nagent. J'irais ensuite les rejoindre pour une autre plouf : dans l'eau cette fois-ci.
C'était mon 50ème vol.
Alors quoi… ce ne sont jamais que deux ploufs tout confort pour un débutant, rien de bien extraordinaire certes, mais que du bonheur. Exactement ce pourquoi j'ai eu envie de faire du parapente. Alors comme ce n'est que bonheur, il n'y a aucune raison de s'en priver.
Un seul regret, ne pas avoir pris de photo en vol, mais les images sont tellement fortes dans ma tête... que cela me fait une motivation supplémentaire pour me décider à prendre l'appareil la prochaine fois.
... et retourner en Albanie pour continuer la découverte du pays qui le mérite bien. .
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