Je m’étais rapidement dit en commençant le parapente : « Hervé, dés que tu auras accumulé un peu de pratique, tu fais un SIV ! ».
Gérer le stress, dédramatiser les incidents de vols, et savoir réagir correctement me semble impératif avant d’affronter des conditions plus ténues que les thermiques de soirée.
Sans que çà change radicalement mes habitudes de vols pèpères, je cherchais avant tout à trouver plus de sérénité sous mon aile, en apprenant à mieux la connaître, tout autant qu’à mieux me connaître.
Une belle abattée près du sol a fini par me décider, et c’est avec un mois d’avance que je m’inscris au stage d’Aiguebelette.
Un rapide coup de téléphone à mon grand frère Eric, et nous voici 2 sur la liste des stagiaires. Pour info : Eric n’a que très peu de vols au compteur, et il a tout de même fait la totalité des exercices, jusqu’à la sortie de vrille. C’était pas toujours propre mais je dis bravo.
Après deux jours de repos (merci le mois de Mai), on se dirige à l’école pour y camper la veille du stage, qui durera 2 jours. Au réveil on voit un gros gus en train de pendre des cordes sur son balcon. Deux choses l’une : soit il est dépressif, soit il installe les portiques pour régler les sellettes. La deuxième explication sera confirmée peu après.
Les autres stagiaires arrivent un à un, rapide connaissance, puis zou ! On teste l’ouverture des secours, et direction le briefing en salle de formation. On énumère chacun nos attentes puis Pierre, l’instructeur (le gros gus), nous explique le topo des manœuvres du jour, avec l’humour et l’entrain qui le caractérisera tout le long du stage.
Casse-croûte, remise de la radio, du gilet de sauvetage (pfff. Comme si çà servira…) et tous dans la navette !
Arrivé au déco, rien ne va plus. Les conditions ne sont pas avec nous, vent plein Sud et méga dégueulantes en direction du lac. Les gars tentent le coup un par un, moi je n’ai même pas envie de me mettre en l’air. L’attente s’avérera payante, car le vent se calme petit à petit. Ca rejoindra pas le lac mais pas grave : décollage et direction l’atterro pour quelques manœuvres de tangage.
Une fois celles-ci réalisées, message à la radio : « Bon, maintenant tu prends l’élévateur droit et crac ! Tu tire en conservant ton cap »
-Heu… Au premier vol ? Au dessus du sol ? L’élévateur complet ? Allez, tu déconnes ?
Bon ok, je m’exécute… et çà se passe très bien ! La confiance en l’instructeur se construit rapidement.
Je pose et regarde avec anxiété Eric effectuer la même : çà va, sa Trekking a l’air solide et rechigne à fermer, rassurant !
Go pour le second vol !
Objectifs : frontales, puis fermeture avec départ d’autorotation, dans des conditions qui permettent enfin de rejoindre le dessus du lac !
Et là je trouve le point faible de ma polonaise : sa lenteur de réouverture. Ca donne des frontales très paresseuses à rouvrir.
L’autorot’ se déroule avec moins de surprise, ça décoiffe mais le contre est efficace !
C’est parti pour le 3ème vol… avec bonus !
Décro aux B : pas de problème, ensuite autorotation après mouvement de tangage avant fermeture : çà marche aussi. Message radio de Pierre après la manœuvre : « Je suis pas sûr que tu ailles te poser… »
-Glups !
Effectivement, je n’atteins pas l’atterro officiel, et impossible de trouver une vache bien dégagée. Grosse erreur de ne pas avoir repéré à l’avance… Je marsouine un peu puis finalement me prépare à lancer le secours sur la flotte (proposé par Pierre).
Là je deviens grossier : je tire la poignée rouge (Putain… "Scraaatch"), me retrouve avec un machin plein de fils sur les genoux (fait chier), et balance le paquet en arrière avec dépit (bordel de merde, je vais tremper tout le matos !!!)
3 secondes après, le secours me tire en arrière, a juste le temps de me prendre en charge et : PLOUF !
Panique à bord, la sellette me fait flotter sur le ventre, je m’agite dans tous les sens avant de me dire : «Calme-toi, çà ira sûrement mieux ». Effectivement malgré la position inconfortable, ma tête reste en dehors de l’eau, à condition que je garde le menton en l’air.
Pierre me repêche avec mon matos, comme un gros poisson pris dans les filets, et on fait sécher tout le bordel.
Bilan :
• 1 pod (+ 1 amour propre) perdu(s) au fond du lac
• Du matériel qui semble avoir subit un tsunami
• Les vols suivants qui se feront sans moi…
Deuxième jour : je galère à faire sécher cette aile et passe la moitié du briefing à retourner la gonfler avec le peu de vent présent. Pierre me prête une sellette (sèche) avec secours (plié et sec) pour la suite de mes vols (tout aussi secs j’espère). Le temps de tout régler et replier, je perds un temps fou et c’est avec la salade thon/maïs à peine descendue à l’estomac que l’on me presse à entrer dans la navette… Ca promet !
J’ai pas mon matos habituel et l’estomac un peu en vrac, du coup la tête n’y est pas. Je laisse passer tout le monde devant pour prendre le temps de souffler. Une fois en l’air çà va mieux !
Une série de 360, Pierre me demande si je n’ai pas gerbé : au contraire, çà m’a aidé à la digestion ! (cool, j’ai trouvé les 360 thérapeutiques)
Ca me re-motive, et je suis bien décidé à combler mon retard sur les autres !
Vol suivant : je perds ma radio comme une grosse burne !!! Du coup je me tape en autonomie une série de 360 de tapette. Re-déprime… Encore un vol raté…
Respire Hervé, il te reste 2 vols !
Allez : décrochage ! Ca se passe super et je fais une série de deux décros « finger in the nose ! ». Ca y est çà va mieux ! Dommage, le caméraman, en rotation de navette, n’a pas pu mettre çà dans la boîte.
Dernier vol : vrille avec sortie en décro. Nickel. Puis à nouveau décro pour trouver la marche arrière ! Génial ! Je n’aurais jamais pensé faire çà dés le premier SIV !
Bon on y retourne ? Comment çà trop tard ? Ca y est je suis chaud moi ! Roooo… Dire qu’un vol de plus et j’aurais pu taper la SAT ! Tant pis, pour la prochaine fois.
Bilan : Excellent, je ne pensais pas que l’on balayerait autant de manœuvre en 2 après-midi. J’ai largement dépassé mes objectifs et espère garder les bagages acquis en cas de pépin. Un second stage ne sera pas de trop pour consolider tout çà et vérifier mon autonomie !
C’était peut-être un peu tôt pour Eric, mais il a assuré comme une bête pour le peu de vols qu’il a ! Chapeau fréro !
Hervé, « le Petit Baigneur »
PS : je reposte la vidéo :
http://www.vimeo.com/4843732