Eh oui Swaxis38, apprendre par l'expérience, je ne vais pas renier ma marque de fabrique ! Vous saurez pourquoi, j'ai emplafonné sans le savoir la TMA dans les montagnes...
Mais j'en étais au Criou.... Du dessus, je vois la Bourgeoise d'où j'avais décollé la veille en n'ayant pu aller qu'au pied du Marcelly.
et je vois également la pointe d'Angolon qui me narguait également hier car deux fois le thermique au-dessus de la Bourgeoise, deux fois décalé vers Angolon et puis plus rien, j'ai pas tenté ma chance de finir au bas du Thuet...
Mais ce jeudi-là, j'étais tellement haut
allez, on va vers la Bourgeoise pour commencer, puis Angolon
Une formalité vu l'altitude
Et là en prenant encore un peu plus de gaz, je me promène en prenant quelques photos à 360 degrés
et là que vois-je à travers les nuages ? Le lac Léman !!
Incroyable, il me tendait les bras (trop d'ailleurs) à vol d'oiseau, ça paraissait si facile. Un coup de zoom pour m'en convaincre !
Je suis seul, je n'ai jamais volé dans le coin (sauf dans l'autre sens au départ de Mieussy en stage cross, posé à Morzine) mais le lac JAMAIS; jamais je n'aurais pensé qu'en regardant il y a quelques années cela m'aurait été possible ne serait-ce qu'envisager de le voir depuis Mieussy et encore moins depuis Samoëns.
Il ne m'a pas fallu grand chose pour me convaincre de tenter l'aventure seul ! Les plafonds étaient très hauts, les nuages accueillants, j'allais essayer de voler comme en plaine, aux nuages et essayer de ne pas descendre dans ces vallées étroites dont Patrick avait dit que le stop était redoutablement difficile.
Tant pis, je verrai pour le stop. Juste une tactique : rester haut tout le temps. Et je fus servi...
Le vario continuait à biper et avec le vent, ça m'a déconcentré. J'ai éteint. L'altitude oscillait entre 3000 et 3200 m (3234 mètres max) et j'étais un peu poussé par le sud-ouest. Deux fois dans les nuages, deux fois oreilles accélérées en regardant mon cap. Une autre M6 surgie de je ne sais où m'a doublé, pris le nuage et puis disparu au loin. Je n'étais pas à l'accélérateur, je profitais du panorama en prenant des photos et en essayent de deviner les noms des villages survolés. Montriond, Avoriaz sur la droite, Morzine. Mais c'était tellement haut, que je reconnaissais rien, j'avais juste mon cheminement à faire entre les nuages et au-dessus des pics. Vous me donnerez les noms des sommets, mais je partais dans l'inconnu. C'était inconnu et j'étais un aventurier perdu au milieu de nulle part. Le Criou loin derrière moi, le Marcelly que je devinais à gauche et puis le lac qui me souriait. C'était mon but, aller poser et manger une glace au lac. Evidemment, et je l'ai su le soir, je n'ai pas entendu les alarmes. J'étais concentré à rester aux nuages, ne pas me faire engloutir et viser entre les cols, au-dessus. La tactique était très bonne sauf que j'étais devenu trop haut pour une certaine TMA dont j'ignorais l'existence car lors des stages cross on n'en n'avait jamais parlé, n'ayant jamais eu ce gaz... et n'ayant jamais été dans ce coin.
A un moment je vois des barbules au-dessus du Roc d'enfer (vous me direz si c'est bien cet endroit)
et la M6 aperçue a effectué un quart de tour vers le massif de Mieussy. Je n'ai ps pensé le suivre car je me demandais juste si j'allais en finesse atterrir au lac. un dernier tour dans les nuages et je m'aperçois que je reconnais la barrière d'Orcier où j'avais volé deux jours auparavant.
Seulement je n'étais plus à 1700, un tout petit peu plus haut. Dans mon triste"malheur", j'ai eu de la chance d'être contré par la brise du lac
et de m'apercevoir que je n'atterrirais jamais à Thonon ou Evian ou je ne sais quelle ville du bord du lac.
Ca descendait grave et donc j'ai trop tard décidé de bifurquer vers l'intérieur
J'aurais dû m'appuyer sur ces reliefs, mais je ne le sentais pas. Pourquoi ? je n'en sais rien. Peur de me retrouver coincé ?
Du coup, je tente la vallée (qui s'avèrera être celle de Bellevaux et Mégevette).
Ce fut la longue descente vers la destination finale. J'avais raté les nuages qui m'auraient ramené haut, et là le soleil se cachait derrière un ciel laiteux. J'avais très mal joué, il faudra aller faire du stop. Mieussy n'ayant pas été si loin (à vol d'oiseau), j'aurais pu boucler si je ne m'étais pas obstiné à voir le lac de près... deux oiseaux m'ont montré un chemin mais c'était trop cisaillant. Je suis allé poser quelques kilomètres plus loin.
Cela m'a permis de rencontrer une dame charmante qui m'a ramené à Mieussy. On y a bu un café et puis un parapentiste qui allait ploufer à Samoëns, m'a ramené au GME; c'est pas beau la vie ?
Evidemment, j'aurais signé dès le matin pour ce vol et ces paysages survolés magnifiques.
Evidemment, je ne me serais jamais douté qu'à plus de 2000 m j'aurais emplafonné une TMA dont je ne soupçonnais même pas l'existence. Je le saurais désormais sachant que j'ai des capacités à voler haut et bien. C'est ce qu'on fait en plaine. Surveiller les TMA et autres CTR; je n'avais rien préparé du "cross" vers le lac, ni regardé les traces, encore moins les noms de massifs, de villes ou de zones aériennes.
Je me suis excusé auprès du validateur de la FFVL. Maintenant je saurai.
J'en ai discuté le soir de l'invalidation pendant 20 minutes avec un responsable qui sortait d'une réunion réglementation. J'ai fait une erreur, je ne la recommencerai pas. En tout cas, comme l'a conseillé un local après coup, je n'essaierai même pas d'envoyer ma trace si du rouge apparaît. Je la garderai pour moi, comme beaucoup de parapentistes qui savent mais qui font.. en fait, la prochaine fois, je n'éteindrai pas le son des alarmes. D'ailleurs j'aimerais bien que mon Flymaster arrête de biper quand ça monte ou ça descend à tout va et ne fasse du bruit que quand on approche d'une TMA ou CTR
Les donneurs de leçons peuvent maintenant s'en donner à coeur joie s'ils veulent
mais ce vol restera inoubliable pour les images qu'il m'a procurées