Salut
S'il y a des ascendances thermiques au dessus de surfaces enneigées, nous ne devons pas nous étonner qu'il puisse tout aussi bien y avoir des manifestations violentes de celles-ci au sol.
2nd constat : l'expérience venant, nous avons tendance à chercher à décoller au plus haut et au plus près des ascendances, donc des collecteurs.
Le risque en vaut-il la chandelle ?
En tout cas c'est ce que notre 'conscience statistique' nous suggère. Et sur un site, comme sur des déco très fréquentés en montagne, c'est le 3ème constat, la majorité des pilotes observant les décollages, et les premières minutes de vol de ceux qui les précédent, vont ensuite se positionner à l'endroit d'où 'ça décolle et ça monte' le plus vite, ignorant au passage, quand ce n'est pas pour en rire, quelques gonflages et décollages scabreux !
Des non-événements, car il affecte 'l'autre', qui forcément est 'moins bon que nous' et 'maîtrise pas', qui pourtant devraient nous alerter du danger de se retrouver un jour ou l'autre sur la trajectoire d'un dust.
Typiquement, les faces sud en versant nord des Pyrénées sont très favorables à la formation de dust : on y décolle souvent face au soleil, au milieu de dizaines d'autres parapentistes, dans une brise de pente bousculée par les déclenchements thermiques, avec une insouciance seulement contrariée par l'irruption d'une brise antagoniste, témoin de la mise en route de l'échange plaine-montagne, dans les versants opposés. (*)
D'expérience de ceux-ci, on constate qu'il y a des profils 'nids de dust', comme des nids de vipères !
En période de sécheresse estivale, comme sur toutes les journées de réchauffements diurnes rapides, au printemps comme à l'automne, par tendance nord faible avec l'air sec qui va souvent avec, ou à l'approche de fronts froids ou de fronts d'advection, ces zones vont acquérir encore plus de puissance et devenir des phénomènes dangereux par leur déclenchement brutal et imprévisible.
A quoi ressemble ces reliefs dangereux ?
Ce sont souvent des sommets aplatis dominant des versants abrupts, des crêtes où des effondrements ont formé des cuvettes abritées des brises qui les coiffent où l'échauffement peut être très important, augmentant d'autant la 'cylindrée' des dusts qui y naissent.
Notez que pour le promeneur, ces cuvettes sont souvent engageantes parce que se sont souvent de magnifiques belvédères, verdies parce que fertilisés par les animaux sauvages et les troupeaux venant s'y abriter depuis des lustres. Pour le parapentiste qui prend soin de sa voile en l'étalant sur l'herbe grasse, c'est un faux ami, un 'piège' !
Lorsqu'un tel profil se présente à vous, observez plutôt le relief environnant pour trouver un endroit où la rupture de pente est moins marquée, où la brise de pente est régulière plutôt que cyclique, un profil en forme de selle de cheval (s'il est le siège d'un effet venturi, il suffit souvent de descendre de seulement quelques mètres dans la pente pour pour moins le sentir) plutôt que lame de couteau, une zone en dos de cuillère plutôt que cuvette, etc.
Ignorez l'appel des 'sirènes du thermique' et le 'mirage' du gain instantané.... prenez le temps d'observer les insectes, les oiseaux... Imaginez les écoulements et les déclenchements thermiques, les collecteurs et déclencheurs en aval que vous pourrez exploiter après quelques secondes de vol stable, bien installé dans votre harnais, après un gonflage et un décollage sécurisé.
Une bonne entrée en matière pour un bon vol, qu'il dure 30' pour plusieurs heures.
(*) L'exemple pyrénéen le plus populaire : les déco orientés est qui dominent le col d'Azet et le lac de Loudenvielle, sur le site de la station de Val Louron, qui sont témoins de gains spectaculaires, mais aussi régulièrement d'incidents de vol importants et d'accidents.
Je citerai aussi, à l'extrême sud du site de la station Peyragudes (65), un site de départ en cross réputé du fait d'un accès par des pistes d'altitude, avec un déco étroit en crête surplombant des vallons ensoleillés et des versants abrupts, où les pilotes dédaignent les départs matinaux en versants est, préférant décoller dans le versant opposé quand l'activité thermiques est bien établie... et les dusts avec !
Magnifique mais... 'chaud' !
C'est vous qui voyez.