Totalement raccord avec Patrick, de la même façon que voler sous une voile plus performante sur le papier ne
vous rendra pas plus performant si vous n'avez pas les compétences de pilote en rapport, une voile plus sûre sur le papier ne
vous mettra pas plus en sécurité si vous l'emmener dans des conditions aérologiques pour lesquelles vous n'avez pas non plus les compétences adaptées en tant que pilote.
Pas toujours évident, en tout cas à mon petit niveau "en progression", de faire la part de l'aile et de l'aérologie, surtout quand on change d'aile en même temps que de saison ! (NB - On ne change pas nécessairement d'aile pour la performance, mais aussi pour gagner en finesse de pilotage : combien de fois m'a-t-on vanté les mérites des B modernes qui "transmettent tellement mieux qu'une aile-école les informations de la masse d'air" ? En tout cas ces derniers temps la masse d'air je la sens bien, c'est le moins qu'on puisse dire.
)
Qui sait ce que Narko74 aurait subi s'il avait été sous son Apollo plutôt que sous sa Iota dans les conditions qu'il a évoquées ici ? En tout cas si ç'avait été possible (pour la science et au péril de ma vie, toutes proportions gardées
) j'aurais été curieux de refaire le même vol dans les mêmes conditions avec l'Alpha (sous laquelle j'ai toujours été serein, y compris en conditions de printemps à 14h). J'admets bien volontiers que je n'ai pas le volume de vol suffisant pour avoir connu tous les types d'aérologie, et que l'issue aurait sans doute été la même avec l'Alpha qu'avec la Sprint : posé au bout de 15 min. Après tout, ce n'est pas parce qu'on a fait quelques vols à la Forclaz à 14 h en mai/juin deux années de suite qu'on a nécessairement vécu des conditions aux limites de la volabilité (surtout avec une grosse moitié de vols encadrés). D'ailleurs ce début de saison a été semble-t-il particulièrement accidentogène : le signe d'un mauvais millésime 2019 marqué par une récurrence de conditions particulièrement peu propices au vol serein ?
Je reconnais volontiers des lacunes en analyse aérologique, surtout en conditions thermiques. En soaring c'est facile : quand le vent est trop fort je vois les "fusibles" (en général des bons) galérer sous mon nez au déco, ou encore ceux qui sont en l'air avancer difficilement face au vent. Facile de s'abstenir dans ces conditions (pourvu qu'on n'ait pas trop "la dalle"). Pour en revenir à mon vol thermique en Algarve, les conditions au déco étaient plutôt tranquilles : le décollage a été un non-événement, par contre j'avais attendu une accalmie de la brise puisque le déco n'était pas très grand et que je découvrais le site. Peut-être que j'aurais dû prêter plus d'attention à la régularité de la brise ? à la durée caractéristique entre 2 accalmies (ou 2 bouffées) ? Peut-être aussi que j'aurais dû essayer d'être plus attentif au comportement des ailes déjà en l'air ? Peut-être que finalement je n'aurais pas vu grand chose puisque les ailes déjà en l'air étaient pilotées par des bons, et qu'avec des bons ça ne se remarque pas ? (Ceci dit les fermetures de l'Enzo j'aurais pu les voir.) A la relecture du manuel du vol libre, le paragraphe sur les inversions semble bien coller avec la situation d'alors (conditions au sol qui paraissent saines) ; je me souviens que ce jour-là le plafond était prévu assez bas (proximité de la mer ?), et effectivement personne n'arrivait à monter très haut. Faible hauteur de plafond, grand soleil au méridien et pente orientée sud, tout ça après une nuit fraîche, peut-être la recette pour ce type de conditions foireuses ? Si vous avez des ressources sur tous ces sujets je suis preneur. En tout cas à titre personnel ça me paraît un bon objectif de progrès pour les années à venir !
Ensuite pensez que tenir en l'air quand les conditions thermiques sont fortes même un mauvais pilote y arrive sous peine d'avoir un peu de chance de ne pas se prendre la fermeture de trop et d'avoir le coeur (ou les tripes) bien accroché voire la conscience (perception) du risque un peu trop émoussée. Bien sûr si on se prend cette fermeture de trop... on a la probabilité de sortir de l'anonymat au travers d'un article dans les faits divers.
La sagesse à parlé ! Je pense que nous sommes tous d'accord là-dessus.
Par contre tenir dans du petit temps voire faire de la distance dans des conditions aérologiques sommes toutes "faibles" requiert vraiment de la finesse et intelligence dans le pilotage. Donc fait réellement progresser en compétences et ce sans prises de risques exagérées pour, peut-être, un jour être apte à jouer dans la cour le ciel des "grands"
Voilà, le tout c'est d'arriver à détecter avant de décoller si les conditions vont être de notre niveau ou pas. Et si on s'est trompé d'analyse, d'aller rejoindre aussi rapidement que possible (quoiqu'en toute sécurité
) le plancher des vaches.
J'espère que je ne pollue pas trop ton fil Narko74 : mon cas n'est peut-être pas si similaire au tien car je n'ai clairement pas ton expérience en cross. Au pire il doit y avoir moyen de demander à un modo d'effacer ou transférer mon expérience et mes questionnements dans un fil plus approprié. Dis-nous ce que tu as pensé de la S3 !