Le coup de la drisse de frein qui fait un tour des élévateurs en Dyneema, cela m'est arrivé une fois avec mon Ultralite 19 en décollant au col des Frêtes. Pas moyen de décoincer le fourbi, j'ai été obligée de contrer et de piloter aux D. Cela fait très bien, avec une petite crispation fessière au moment de poser.
J'ai résolu ce problème en remplaçant les velcro débiles d'origine, qui ne tiennent pas les poignées, par des petits clips en plastique. Je n'ai plus jamais eu le moindre emmêlement à la prévol, les suspentes dégainées ne sont un problème que pour les gens un peu bordéliques.
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Il m'arrive - rarement - de démonter la voile de la sellette (Sup'Air Radicale) qui lui est dédiée. C'est là qu'un esprit brouillon va faire des sacs de noeuds avec les élévateurs... mais pas moi : je les attache ensemble avec deux mini-mousquetons en alu, du genre porte-clés. J'avais commencé par utiliser des bouts de suspentes mais on les perd trop facilement.
Certains pilotes mettent carrément les élévateurs dans les caissons : cela abîme moins le tissu avec des dyneema qu'avec des sangles... mais la prévol reste compliquée.
Avec ma technique c'est tout simple, quelques secondes suffisent.
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Ce qui est génial sur l'Ultralite - et sur quelques autres voiles typiquement "montagne" - ce sont les petits passants cousus sur l'extrados qui permettent de "fixer" la voile sur sol enneigé. Pour ce faire, LE truc est d'utiliser des petits brins de laine, pris d'un côté dans une boule de neige, wrappés de l'autre dans les passants mais
pas noués. La voile ne glisse pas quand on la gonfle et les brins de laine ne polluent pas, ils seront récupérés par les oiseaux pour faire leurs nids.
Tout ça ce sont des astuces de paralpiniste. Pour le vol-rando lambda, on s'en fout un peu.
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Le vol-rando est accessible à partir du moment où on est complètement autonome, capable de jauger les conditions météo AVANT de monter, de les évaluer pendant la montée, de trouver un "déco" décollable et de ne pas se tromper, tant au sujet de la technique à employer que de le lecture des créneaux de vent favorables... avec la capacité mentale de pouvoir marquer un but quand ce n'est pas bon.
Mieux vaut redescendre à pied, avec un but à laver, qu'en hélico avec des fractures partout et une saison foutue, et le même but à laver.
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J'ai fait mon 1er vol-rando à mes tout débuts (12ème vol et 2ème en autonomie). Mes moniteurs m'ont engueulée comme un môme qui aurait mis ses doigts sales dans le pot de confiture. Ils avaient raison mais j'ai continué mes conneries.
La sanction est venue au 26ème vol : fracure d'ostéoporose, hélico, hosto, chirurgie, 10 mois et 8 jours sans voler dont 8 sur des béquilles, mais en vie. Quand on joue au con, il arrive qu'on gagne.
La montagne et le parapente m'avaient donné un conseil.
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Il ne faut pas rigoler avec la montagne, il ne faut pas rigoler avec le parapente. Le parapente en montagne, qui exige un certain nombre de compétences cumulées, n'est pas accessible aux "bleus" en début d'autonomie.
Pendant ma saison à Annecy, je monte très souvent au col des Frêtes et j'emmène souvent des pilotes encore très tendres qui vont faire leur premier vol-montagne et qui ne se sentent pas d'y aller seuls. C'est là une saine précaution qu'ils prennent, et ils sont toujours un peu stressés au moment de la prévol.
Le décollage aux Frêtes est très facile : pente d'herbe large et assez raide, sans obstacles, on a le droit à l'erreur... mais il ne faut pas se tromper, cela peut être rock n'roll et la paroi sud des Dents de Lanfon, tout près, met dans l'entreprise une dimension un peu sévère.
Je conseille donc aux adeptes novices du vol-rando d'y aller d'abord avec des copains, donc bien encadrés, et surtout de
POSER SUR UN TERRAIN CONNU. Les vols-montagne avec posé aux vaches sans
, c'est encore une autre dimension, c'est l'expérience du cross qui est requise.
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Dans ce genre de plan - le plus souvent dans les Aravis - je fixe sur ma voiture une canne de ski cassée avec plusieurs rubans de bande de chantier, comme ça je vois le vent avant de poser... quand je vois les rubans.
D'autres fois, je reconnais le terrain aux environs de la voiture, pour déterminer où poser et dans quel sens. Ce n'est pas toujours évident, alors il faut aviser en l'air et c'est encore moins évident. Une belle prairie vue d'en haut peut être en contre-pente ou en dévers, pleine de trous et de bouses, les clôtures ne se voient qu'au dernier moment, chagrin.
En vol rando, atterrir n'est pas plus facile que décoller.
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J'ai fait le vol du Mont Blanc avec mon Ultralite 19. Il fallait déjà monter au Mont Blanc... puis ce fut très compliqué pour décoller à cause des conditions météo qui se dégradaient à toute vitesse, très compliqué en vol et affreux à l'atterrissage dans un vent de vallée féroce. La voile ne pèse rien et je ne l'avais pas sentie sur le dos à la montée, mais Corinne avait une Orbéa 21m², un peu plus lourde, et elle ne l'avait pas sentie non plus.
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Après m'avoir lue, le néophyte se grattera le crâne. Le choix de la voile pour le vol-rando n'est pas fondamental, il est même secondaire, il faut
d'abord être capable techniquement et mentalement de faire ce genre de vol.
Le paralpinisme est encore une autre dimension, qui exige en plus du vol-rando l'expérience de l'alpinisme. Autant dire que ce n'est pas tout de suite accessible au pilote lambda qui sort d'un stage init.
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Il y a sur le marché d'excellentes voiles de classe A voire Binf et légères. J'aime bien l'Orbéa de MCC, la Nemo de Dudek et encore plus la Joy de feu Aérodyne, qui existent toutes en version légère, mais l'Ultralite ou la Montana ne sont pas accessibles au pilote novice qui sort d'un stage init. Avec au moins 100-150 vols dans la musette [Mode POB] et un stage SIV [/Mode POB], ce sera différent.
Salut et fraternité*