+ Le chant du vario +

Je partage le souvenir de 2 accidents quasi simultanés.

En Mars 2022 avec quelques amis nous étions au Maroc , ce jour la la météo pas top ne devrait pas nous permettre de voler .
Quoique sur un petit site bien exposé une séance en soaring semblait envisageable.

Bref , les conditions sont faibles, on picnic en attendant. Plus tard on en profite pour faire du gonflage dans le champ sous la crête.
Tout se passe bien pendant une heure, puis ça se renforce vraiment , j'ai du mal a ne pas me faire embarquer et je préfère mettre ma voile en bouchon a l'abri du vent.
La moitié du groupe fait pareil, seul les "champions" du gonflage insistent . D'un coup un premier dust traverse le terrain, mon pote B concentré à regarder les mouvements de son aile ne le voit pas venir et d'un coup se retrouve à 5/6m du sol, sa voile incontrôlable et sans qu'on ait eu le temps de réagir se fracasse au sol avant de se faire trainer sur 20m .
Choqué, il se plaint de fortes douleurs au poignet, au dos . Il se repose livide dans la voiture . Je reste auprès de lui pour surveiller l'évolution de son état qui s'améliore doucement.
Les conditions deviennent bonnes pour un vol en soaring, B nous dit : "allez y les gars ne vous inquiétez pas pour moi tout va bien"

Je me rends au déco bien tendu par ce qui vient d'arriver, je suis stressé amis je n'en prends pas conscience,  l'envie de voler est forte,  et puis il faut que je pense à autre chose,  et puis ça fait 2 jours que ça vole pas,  et puis, et puis ...
Je merde au gonflage, j'ai une clef, je m'énerve, je re tente, finalement je décolle, virage à gauche pour coller au relief, la commande droite m'échappe, pas le temps de contrer retour au sol dans un pierrier .

Le choc est violent, j'ai essayé de bien amortir avec les jambes mais ça ne suffit pas je rebondis tête la première dans la caillasse .
Bilan casque HS, déchirure dorsale, grosse plaie sur la hanche et les 2 poignets douloureux.

Le lendemain avec mon pote B direction l'hôpital dont on ressort lui avec un plâtre bras droit et moi bras gauche. Fractures pour l'un et l'autre et 3 mois de convalescence .

Je vous laisse en tirer les conclusions

Merci pour le retour qui devrait normalement donner à réfléchir à presque tous les pilotes car avec quelques années d'expériences on est sans doute nombreux d'avoir vécu de tels contextes même si heureusement pour la plupart sans conséquences... physiques.

Mes conclusions sont :
- que même les "champions du gonflage" ne sont que des fétus de paille quand Eole s'énerve. J'ai déjà raconté une anecdote très similaire d'un accident arrivé à une connaissance lors d'une séance de travail au sol lors d'une entrée de Tramontane. Entrée prévue et annoncée et qui a amené tous les présents, sauf lui, à ranger leurs ailes à la demande du Président du club qui connait bien les spécificités de leur site. Résultats trois semaines de coma, des mois de rééducation et des années avant de re-voler. On peut aussi se rappeler l'accident tragique car malheureusement mortel en 2018 (ou 2019 ?) d'un jeune pilote de haut niveau projeté lors d'un gonflage contre des rochers en arrière de l'endroit où il s'entraînait avec son gun, du fait d'une rafale violente liée à l'arrivée d'un front froid dans le Sud-Ouest.
- que si un accident arrive, un fort stress est inévitable pour tous les présents et qu'un tel stress n'est jamais de nature pour assurer les meilleures conditions de pratique tout de suite derrière. Il faut un temps de décompression, certe variable fonction de chacun, qui n'est jamais nul et qui devrait être intégré dans les bonnes pratiques sécuritaires (BPS) ou stratégie individuelle de gestion des risques (SIGR) de chaque pilote qui s'estime autonome et qui devrait être "conseillé" par les pilotes d'expérience qui accompagne des pilotes moins aggueris.
- que si un accident fait un blessé qui visiblement souffre et n'est pas bien. La priorité devrait être la prise en charge de celui-ci même contre son avis personnel. Comme l'histoire d'aller se poser et/ou de ne plus decoller si un hélicoptère de secours intervient par ex.
- que dans un pays "exotique" tel le Maroc, encore plus qu'en France il est bon de garder en tête comment sont organisés les secours et le système de soin. J'ai dans les connaissances au moins trois cas de retour avec une nosocomiale en clandestin embarqué après des soins hospitaliers au Maroc.

 :trinq:

Aucune critiques dans mes conclusions, juste mes conclusions.

La commande en dragonne, c'est bien.

En effet et je ne me souviens pas de la position de ma main sur la commande . D'habitude je la prends en dragonne...

Il y a effectivement toute une littérature sur les accidents de parapente à l'étranger.

Il y a souvent une forte attente des pilotes. On est sur place pour voler, on a payé (un stage, des navettes...), on reviendra pas forcément 10 fois...

Il faut vraiment garder la tête froide dans ces situations ou le renoncement est un crève cœur.

Effectivement sans parler de la qualité du secours ou des soins. Combien de pilotes gravement abimé au dos, ont finis en fauteuil ou pire, car trimballé dans un 4x4 pourri sur des pistes en cailloux sans aucune précaution.

Il y a très peu de chance que j'embarque mon aile à l’étranger un jour.