+ Le chant du vario +

Hello ici,

1ere video d'une série sur les idées reçues en parapente :
https://youtu.be/M6tkAtHKviE?si=UcayrGMEibChVHiP (https://youtu.be/M6tkAtHKviE?si=UcayrGMEibChVHiP)

Vidéo très intéressante, merci à toi !  :lol:  :pouce:

Marc

Je crois que même s'ils ne tiennent pas particulièrement de carnet de vol, la très grande majorité a pris l'habitude de débriefer son vol et celui des autres...au bar. C'est presque une tradition.
Pour une fois qu'on peut attribuer une vertu de progression à la bière, faut le signaler.

Merci !

Quelque-soit le sujet j'avoue avoir une certaine méfiance pour la démarche commençant par énoncer une "idée reçue malvenue" pour pouvoir expliquer comment la dénoncer et la dépasser : ça consiste à suggérer à autrui de commencer par endosser un rôle troué qu'il n'avait pas forcément pour pouvoir lui présenter des rustines qu'il n'avait pas forcément de raison de comprendre ce qu'elles sont sensées boucher.

Pourquoi ne pas exposer plus directement ce que peut apporter ta formalisation d'une "spirale de l'apprentissage", sans commencer par suggérer à tout le monde d'endosser préalablement une idée fausse qui s'y opposerait ?
On n'a pas forcément besoin du mal pour apprécier le mieux, et même mieux : on cherche plus finement le mieux si on ne se complait pas d'abord dans le manichéisme.

Il y a évidemment du vrai dans cette analyse, mais attention à ne trop inverser les causes et les conséquences. C'est une dérive que j'ai beaucoup critiqué dans les départements QHSE pendant ma carrière dans la prospection pétrolière.

On observe que dans les entreprises où les gens sont pro-actifs concernant la sécurité (ce qui se traduit parfois par des rapports d'incidents et des retours d'expérience plus nombreux), il y a moins d'accidents. Donc, par pure idiotie, on force les gens dans les autres entreprises à rédiger un quota de rapports d'incidents parce qu'on croit que ça va automatiquement créer la culture de la sécurité. Juste avant ma démission  on en était arrivé à une obligation de deux rapports d'incidents par mois par employé sur mon bateau, donc on voyait passer trois rapports d'incident à chaque fois que le gars qui passait la serpillère ne mettait pas le panneau "sol glissant" dans le couloir.

Voir Loi de Goodhart : https://fr.wikipedia.org/wiki/Loi_de_Goodhart

Donc oui évidemment une bonne préparation et une bonne analyse vont certainement aider à la progression et à la sécurité, mais formaliser tout ça par une obligation de tenue d'un carnet de vol, non. C'est juste que les gens qui ont l'intelligence de faire ça naturellement, de leur plein gré, parce qu'ils sont plus passionnés que les autres, progressent évidemment plus vite. Obliger les autres à le faire n'aura pas forcément d'autre conséquence d'augmenter la pénibilité de l'activité.

Expérience personnelle :  si tu poses après 5 minutes de 360 plus ou moins engagés et que tu prend les premières gouttes et rafales de l'orage pendant que tu plie l'aile, tout pilote sauf le fou le plus irrécupérable va évidemment s'en souvenir et apprendre de son erreur. M' expliquer que je doit faire une "analyse" ou un "débriefing" n'aura pas tellement d'influence, c'est déjà fait en boucle dans ma tete depuis la frousse initiale de constater que ça monte partout dans plusieurs kilomètres autour de l'atterrissage, et encore plusieurs années après.

Le débriefing formalisé est utile  aux autres pilotes, mais pas au pilote qui le rédige. C'est pour ça que je suis un grand fan de la base de données des presques accidents, et que je déplore qu'elle n'ait pas eu plus de succès.

Par exemple pour reprendre mon posé sous l'orage, si j'avais rédigé un briefing il y aurait peut-etre eu des infos intéressantes à glaner sur comment un pilote passionné de météo avec presque 10 ans de pratique peut se laisser surprendre par le développement d'un orage au dessus de sa tete alors qu'il a bien vu le matin dans le bulletin météo qu'il y avait un front froid qui arrivait :
- conceptions érronnées sur le fait qu'on verrait un front froid arriver au loin et qu'on pourrait se poser bien avant que ça pose un risque, pas conscience que ça pouvait encore juste ressembler à des cumulus dans les préalpes dans la direction d'où arrivait le front alors que les premiers orages peuvent déjà se former sur les massifs plus en avant
- influence des autres pilotes qui font la meme erreur en meme temps en nombre : s'il y a encore des dizaines de pilotes qui décollent c'est qu'on doit encore avoir du temps avant que ça devienne involable
- quand on est juste  dessous on ne voit pas le nuage grossir, donc le tout petit cumulus très vertical d'il y a 5 minutes sous lequel je me dirigeais aurait déjà du etre un signe clair

Mouais il ya des gens qui sont dans l'analyse formalisée d'autre non..ce qui ne veut pas dire qu'ils n'analysent pas, au moins consciement.

On parle quand même d'un sport dans lequel la proprioception et le flow ont une grande part à jouer, même si je suis d'accord que l'analyse formelle peut aider à prendre du recul. Mais gare à l'analysis paralysis.

Je caricature certainement mais je dirais que les meilleurs pilotes (en performance, mais la performance sans la sécurité ne dure pas donc pour moi c'est kiff kiff bouricot) que je connais sont des fonçeurs plus que des analystes.
Mais c'est vrai que quand le fonceur est doublé d'un analyste une pépite façon Charles Cazaux ou Maxime Pinot éclot.

 Mon carnet de vol est le compteur de ma voile, après faire une critique du vol en bien ou en mal c’est pas systématique surtout quand tout s’est passé  normalement.
 C’est surtout quand il y a accident ou presque accident que j’essaie d’en comprendre les raisons et j’essaie de me mettre en tête ’plus jamais  ça ’. Il y a 10 jours, grosse chaleur portance sans fin sur l’atterro de St n les eymes, ça allonge, ça allonge, je vois bien le petit arbre de la biroute passé à côté de moi mais oublie que le mat de la biroute dépasse  de 1,50 et vlan au moment ou je touche le sol les A du bout d’aile accroche la ferraille,  roule boulé,  égratignure au coude. Rien d’abîmé,  j’ai tout contrôlé.   J’étais concentré,  pas de sideration, des bulles, le cimetière qui se rapproche....la biroute,  oubliée, point. J’y pense et repense...faut dire qu’une biroute au milieu de la zone posable, peut mieux faire, et puis  il faut bien que je me trouve une excuse. ?.

Progresser et voler avec un maximum de sécurité n'est pas seulement une question de volume de vol ou même de dextérité à tirer sur les ficelles.
Le parapente est avant tout un jeu d'échecs avec la machine, les éléments et surtout nous même.
Il y a déjà quelques temps, une soirée adhérents dans notre club-école, s'est tenue sur le thème de la "progression" et l'intérêt des débriefing et de la tenue d'un carnet de vol en étaient des chapitres essentiels car ils permettent de mieux se comprendre soi-même dans nos choix, décisions et actions et ainsi être plus pertinent dans la suite.
Tous ceux qui ont suivi un stage SIV ont constaté l'importance du débriefing vidéo pour comprendre ce qui s'est joué durant les exercices.
Il faut être convaincu qu'aucun vol, même le "plouf" le plus court, est anodin. Chaque expérience peut nous faire progresser si nous savons en tirer un enseignement. Et c'est en ça que débriefing et carnet de vol jouent tous leurs rôles :
- Le débriefing pour l'analyse à laquelle il oblige.
- Le carnet de vol pour la mémoire qu'il permet et qui, en utilisant cette mémoire, permet de contextualiser et confronter les situations vécues pour en extraire les réflexions pertinentes et utiles.

Après chacun voit midi devant sa porte et adopte (ou pas) les outils qui existent pour progresser.et voler avec un maximum de sécurité active.