+ Le chant du vario +

A la fin du siècle dernier, le journal Vol Libre présenta ce qui ressemblait à une aile parapente optimisée, reliée à deux mono-élevateurs. Il s'agissait d'une expérimentation menée par la marine nationale.

Héritage d'une longue tradition du vol captif, dont les ballons de réglage des tirs d'artillerie sont restés dans les annales, avec quelques grands hangars encore debout sur le territoire métropolitain, les cerf volants d'observation ressurgissent ça et là, comme les projets de grands dirigeables, mais moins vulnérables aux accidents météorologiques et... financiers.ravaux

Entretemps, le cerf volant a intégré la technologie d'un engin novateur issu, comme tant d'autres, des travaux des organismes institutionnels étatsuniens, recherche spatiale en tête. Comme les ailes Rogallo.

Ce serait oublier une propention des armées à s'approprier toutes sortes d'inventions par l'entremise des agences gouvernementales, le tout avec la caution d'un état de guerre ou d'une menace.

C'est ainsi que sont restés méconnus de géniaux inventeurs qui avaient le tort... d'inventer seuls l'impensable au sein de très lourds et hiérarchisés bureaux d'étude et laboratoires de recherche.

Des esprits brillants dont on ne doit de connaître l'existence qu'à l'opiniatreté de comités d'obscurs membres de corporations professionnelles ou d'historiens des sciences et de l'industrie.

Rares sont parmi ces inventeurs oubliés ceux qui furent reconnus de leur vivant, comme des anciens combattants témoins de faits indignes, que l'on ne souhaite pas voir resurgir au détour d'une demande de pension.

Parmi ceux-ci, des femmes ou des représentants de minorités éthniques ou religieuses, dont certain(e)s avaient le malheur de cumuler les motifs d'ostracisme et... de ne pas étre né du côté des nantis et puissants de leur époque, ou pire parfois, victimes ordinaires de la jalousie de leur supérieur hiérarchique, de manigances ou d'escroquerie manifeste.

Dont une star, " vedette de cinéma le jour et inventrice de génie la nuit, à l'origine de l'un des principes fondateurs du Wifi, du bluetooth et d'un tas de systèmes critiques protégés par ce concept unique et... le secret militaire absolu. Nous sommes en 1940 quand cette femme a fui le régime nazi et un mari... Hedy Lamarr dont l'état de santé contraint son fils à lire une lettre de remerciement à la cérémonie organisée en son honneur. Ce n'est qu'en 1997 qu'elle est identifiée et récompensée par ses pairs en sciences 8du prix de l'Electronic Frontier Foundation. Elle a alors 82 ans.

https://u-paris.fr/hedy-lamarr-une-star-de-linvention/

Pour nous parapentistes, quelques figures célébres ont eu la chance d'être invitées 'guest stars' choyées lors d'éditions de la Coupe Icare.

Mais il reste une qui n'aura pas eu la chance de bénéficier de cette (modeste) reconnaissance d'une communauté qui lui doit tant :

Domina Cléophas Jalbert

Ci-devant inventeur en 1962 du Para-Foil, et de nombre de ces applications. Rien de moins.
 
https://patents.google.com/patent/US3285546A/enhttps://www.fai.org/news/domina-jalbert-awarded-fai-gold-air-medal

https://www.fai.org/news/domina-jalbert-awarded-fai-gold-air-medal [à titre posthume]

https://en.m.wikipedia.org/wiki/Domina_Jalbert [récompenses]

Jalons :

In 1942, Jalbert demonstrated the power of his custom-made kite by lifting his daughter, Dorothy Jalbert, in a "kite-swing" at Point Judith, Rhode Island.

He filed a patent in 1944 for a combination of a balloon with a stiffened flexible wing, forming what is now known as a "kytoon".

In 1956, Jalbert tested his square parachute for the first time in Boca Raton, Florida.
Annotated form of drawing from April 15, 1944 patent for Kite Balloon

In 1957, Jalbert invented the ram-air airfoil and began testing and formalizing the design.[5]

In January 1963 he formally confirmed his discovery and invention of the ram-air double-surfaced fully flexible airfoil that would profoundly change kiting, parachuting, skydiving, hang gliding, paragliding, sport flying, power kiting, and more. All parafoils today owe their roots to Jalbert's invention.

In 1964, he filed a patent titled "Multi-cell Wing Type Aerial Device" This would become key to paragliding, sky diving, powered paragliding, landboarding, kite surfing and cargo-ship kite tugging.[6]

In 1971, Jalbert's dream of creating a ram-air parachute was realized. Working with Jalbert, Theodore Hulsizer, civilian prototype parachute manufacturer for the United States Air Force and NASA (1947–1973), made the first parafoil parachute that worked. While testing his prototype in the wind tunnel at Wright-Patterson Air Force Base in Dayton, Ohio, USA, Theodore realized its drag was considerably stronger than any other parachute he had tested in his 25 years of experience. He believed others' attempts ripped to shreds, because of the drag. To slow the opening of the parafoil, Theodore ran the cords through rings he designed that were slid to the top while packing the parachute [...]

Plus très sûr avec le temps ,mais je crois que j'ai passé ma qualif aile dans les années 80 avec un Para-Foil ,marquage inscrit sur le sticker

non pas sur un caisson interne ,mais sur le coté de la voile.A l'époque j'étais au 2°RPIMa.

C'était la voile des CRAP avec le secours en ventral et pas encore tout dans le dos avec les Aerazur. On prenait une claque à l'ouverture

et le slider n'était pas le ralentisseur en tissus ,mais une drisse de temporisation qui faisait le tour de la voile en passant dans des oeuillets.

Voile qui était très chiante à plier ,mais qui tenait très bien les basses vitesses ,une des meilleures voiles pour la PA.

On devrait en trouver un exemplaire au musé de l'ETAP à PAU.

Bien vu :pouce:

L'article que lui consacra Paramag en 2001.
https://www.nxtbook.fr/newpress/Paramag/paramag-2001_392/index.php?startid=6#/p/6

A noter que Domina Jalbert développa en 1980 avec des étudiants d'université une aile Parafoil géante qui pesait plus de 200 kg pour 327 m2 (le Classic double enduction Porcher... n'existait pas encore...). Tractée par un camion, cette aile souleva les 20 tonnes de gravier qui avaient éte chargée sur le véhicule, soit une charge alaire de plus de 80 kg/m2 !

Quinze ans plus tard, Michel Werli, alors concepteur pour la marque française Atelier de la Glisse (joli nom!) qui n'en manquait une, vola avec sa trial 200 Fantic, puis avec un petit 4×4 Suzuki Santana sous unexaile qu'il avait spécialement conçue pour une campagne publicitaire.

Mais ce fut bien évidemment l'armée américaine qui manifesta le plus d'interêt pour l'invention de JALBERT. Avec le développement rapidecde système de cargo largués depuis des avions de transport militaires, capables de naviguer seuls pour rejoindre des troupes au sol selon des trajectoires programmées et coordonnées avec d'autres parafoils ou des éléments parachutistes.

https://www.google.com/url?q=https://apps.dtic.mil/sti/pdfs/AD0646578.pdf&sa=U&ved=2ahUKEwjgpuGH49D9AhWNTaQEHT4bClUQFnoECAcQAg&usg=AOvVaw39ACVzE-owsDHRCFtXn4k7

La NASA, qui lui avait préféré les parachutes hémisphériques pour le programme Apollo, la précision n'étant pas requise pour la récupération en mer d'une capsule habitée, revint plus tard au Parafoil pour récupérer avec précision sur des terrains militares des expériences très sensibles, dont les premières navettes spatiales automatiques.

A la fin de sa vie, Jalbert, toujours visionnaire, travaillait sur un projet de planeur stratosphérique parafoil largable à poste depuis un ballon d'ascension. Projet qui aurait pu reprendre le concept hybride du 'Tycoon' inventé aussi par Jalabert, associé à des motorisations en nacelle.

Des systèmes infiniment moins couteux à fabriquer et à lancer que les très couteux systèmes satellitares, qui ont de plus l'intérêt d'être plus discrets aux systèmes de surveillance classiques, conçus pour la détection d'aéronefs rapides ou de missiles, avec des filtres 'tarés' gros pour éviter les 'faux positifs'.

Un concept de pseudo-satellite pertinent pour qui peut admettre un taux d'attrition élevé, comme l'a conçu la RPC, dont les ballons dirigeables commencent à peine à servir de cibles d'entrainement aux F-22 quand ils redescendent.

A Review of High-Glide Personnel Parachutes and Their Potential for Military Airborne Operations

https://apps.dtic.mil/sti/citations/AD0753577 [1971]