+ Le chant du vario +

Bonjour à tous,
J'ai pour projet cet été de faire un déco du mont blanc (en 18m²) en étant monté par la voie du gouter.
Y aurait il parmi vous des paralpinistes qui auraient des récits palpitants à nous raconter? car les vidéos ne sont pas très explicites sur le déco, les conditions idéales (sens et intensité du vent), les plans de vols....
de plus est il "facile" de décoller a ski de la haut?
allez y, je veux tout savoir  :mrgreen:
merci d'avance a tous !

Bonsoir,

Il y a déjà eu des fils de discussion sur ce forum au sujet du vol depuis le sommet du Mont-Blanc.
Il faudrait que je les retrouve.

Remarque : tu parles de l'été, mais je rappelle que le vol du sommet est strictement interdit du 1^er juillet au 31 août.

Les conditions pour voler de là-haut sont souvent excellentes début septembre.
Fin juin (autre créneau possible) le vent est souvent assez soutenu dans la région de Chamonix et cela peut souffler fort là-haut !
Mais il peut y avoir aussi de belles journées bien sûr.  :pouce:

La pense sommitale est régulière et pas trop pentue (en versant nord vers Chamonix) et le décollage skis aux pieds doit être possible, mais cela suppose d'atterrir dans l'herbe skis aux pieds (avec des cailloux possibles) et il ne faut pas craindre pour les skis.  :affraid:

Marc (qui a déjà eu la chance de réaliser ce vol magnifique  :vol: )

 

a chaque qu'on parle du mont blanc, j'ai une pense pour deux pote qui sont monté a pied au sommet et redescendu car trop de vent (un certain 19 aout !)
c'est arrivé dans la vallée qu'ils ont appris qu'une centaine de mec était posé au sommet  ROTFL

Atroce! Y a de quoi  :bu: pour oublier.


exemple de fil de discussion:http://www.parapentiste.info/forum/les-sorties-de-la-semaine/vol-mont-blanc-8-et-9-sept-t45289.0.html (http://www.parapentiste.info/forum/les-sorties-de-la-semaine/vol-mont-blanc-8-et-9-sept-t45289.0.html)

Voilà du mois de juin, par le goûter... y'a déjà quelques années. Tu verras bien le déco "nord" à partir de 2'30''. Et un aperçu de la montée avant.
Bon nous c'était bien travers ouest. Et je reprenais doucement le parapente.

Note que ça peut être tendu en été le Goûter.

A skis en été? Je vois pas trop l'intérêt... Une raison particulière à part de les porter longtemps?
Comme Marc, je pense que Septembre est le top! Mais nous pour garder toutes nos chances, on s'était bloqué un créneau en juin, en se disant que si ça ne faisait pas, on reviendrait en septembre.
J'y retournerai bien tiens...
https://vimeo.com/27658494

et bien si certaine personnes sont motivés pour faire cordée commune cette année, on a tout le temps pour organiser!

le déco a ski c'est plus pour monter a ski en mai...
donc le vent idéal c'est bien nord?

Absolument !
Le vent (pas trop fort) venant du nord est l'idéal.  :pouce:
Malheureusement il est souvent fort là-haut.
Il faut vraiment des conditions anticycloniques avec vent faible en haute altitude.
Il est aussi possible de décoller versant italien, mais la pente est nettement plus forte (avec les immenses parois de la face sud en dessous) et le décollage est beaucoup plus délicat et engagé.
Côté italien je crois (?) que cela décolle mieux en partant du Mont-Blanc de Courmayeur qui se trouve un peu plus loin que le sommet principal, mais je ne connais pas ce décollage.

Marc

Pareil, j'y ai décollé en septembre dernier : montée depuis les Cosmiques et décollage vers le nord avec un léger vent de nord de 5 à 10km/h.

Le déco nord est le plus facile avec une zone presque plate au sommet et une pente progressive.

Pour le ski, en septembre, je pense que ça ne te servira à rien à la montée et il faudra les gérer ça à l'atterrissage.

J'ai fait un vol de 2 heures : Mt Blanc, aiguille du Midi, aiguille Verte, les Dru puis traversée vers Planpraz et les aiguilles rouges en aller-retour.

Sur la vidéo on voit bien le décollage, tout le versant nord et la pente versant sud-est :

http://youtube.com/v/0Vy5i14b2V4

trés jolie!

J'ai fait le vol depuis le sommet le 25 septembre 2009 depuis les Cosmiques, montée par le Tacul et le Maudit.

(http://soyeuse.free.fr/2009/909/25/8293.jpg) Photo prise au sommet. L'orage gronde déjà sur l'Italie  :affraid:

J'avais une Ultralite 19 et on voit bien que mon sac était tout petit. C'était léger cul au sommet et Corinne décolla sur Chamonix dans une rafale de pétole, puis cela repassa cul et je me sentais bien seule là-haut... il fallait décoller sur le col Major et la pente est un peu plus raide, ma voile glissait sur la neige, les nuages m'enveloppaient et je n'en menais pas large, cela commençait à sentir la descente à pied.
Et puis une cordée arriva, ils me proposèrent de tenir mon bord d'attaque levé et ce fut un décollage salvateur, dans le nuage mais je voyais à travers et je pus longer l'arête des Bosses pour sortir au soleil à environ 4600m, bien au-dessus de Vallot. Après ce fut un vol magique mais compliqué, je l'ai raconté quelque part sur ce forum et vous saurez tout avec un CTRL+U pour voir l'adresse de la photo, et dons les pages de mon site où je raconte l'aventure.

J'avais mis un but 2 semaines avant, en étant montée par le Goûter : trop de vent.

J'en ai mis un autre le 8 septembre 2014 en étant montée par le Goûter, en conditions très dangereuses. Tout alla bien jusqu'à Vallot, mais il y avait un vent à déplumer les choucas :

(http://soyeuse.free.fr/2014/09/08/2309.jpg) L'aiguille de Bionnassay "fume", cela souffle velu.

Le lenticulaire se formant autour de nous, le sommet était accessible mais voler aurait été impossible. Il fallut redescendre et nous trouvâmes un petit thalweg abrité sous le dôme du Goûter, à 4000 / 4100m.
Ce fut un vol splendide dans le tout petit matin avec un froid à cristalliser la moelle des os. Posés à Chamonix à 8h30. Il n'y avait plus qu'à prendre le train pour descendre récupérer la voiture au Fayet.

Depuis plusieurs années, monter par le Tacul et le Maudit n'est pas plus difficile que d'habitude mais il y a des séracs instables et menaçants qui peuvent tomber n'importe quand, donc je n'y vais pas.
Monter par le Goûter est toujours très dangereux, la traversée du couloir est très exposée aux chutes de pierres et même de l'autre côté on n'est pas à l'abri, cela dégringole dans tous les couloirs et cela ricoche de façon aléatoire. Mummery disait que "les pierres ne visent pas les grimpeurs" mais j'ai vu la mort de très près en 1974, à cause d'une chute de pierres qui cassa la jambe de mon compagnon de cordée, en tête dans cette longueur. Je ne fus pas touchée et j'avais fait un bon relais, la corde ne cassa pas et je tins le coup, ce fut vraiment très limite.

Les chutes de pierres dans les couloirs du Goûter sont permanentes en été et quand on peut enfin voler, en septembre, les couloir sont secs.
En 2016, c'était si dangereux que le refuge fut fermé.

L'itinéraire le moins dangereux est celui dit des Aiguilles Grises, depuis le refuge Gonella.
Lien pour voir une vidéo ("musique" à chier) (http://www.rovel.info/guide-haute-montagne/alpinisme/mont-blanc-italie)

Il n'y a pas de moyens mécaniques pour monter et c'est terriblement long. Lien vers le topo (https://www.camptocamp.org/routes/54151/fr/mont-blanc-route-des-aiguilles-grises-voie-du-pape-voie-normale-italienne).
En décollant du sommet, on va évidemment bifurquer sur le glacier du Dôme et on posera au lac Combal, avec 3km à pied pour revenir à la voiture, ce fond de vallée est paisible.
Le problème peut venir de la règlementation italienne qui interdit le vol sur tout le versant italien du Mont Blanc. Pas vu pas pris, il ne doit pas y avoir souvent de carabiniers au lac Combal, tout au fond du val Veni. En tout cas c'est négociable, tout peut se négocier en Italie.
Il est quand même plus légal de voler sur Chamonix, avec la contrainte pénible d'aller rechercher la voiture.

Monter par les Grands Mulets au printemps se fait souvent, skis aux pieds. Les glaciers sont très ouverts en fin d'été et à tout hasard der pour y aller.

Les anciens itinéraires "historiques" du 19e siècle n'ont qu'un intérêt historique, ils étaient très malcommodes et à notre époque, avec le recul des glaciers, cela ne "passe" plus. On oublie.

Il y a bien entendu des voies magnifiques sur le Mont Blanc, à commencer par l'arête Kuffner (sur la frontière) qui aboutit au Mont Maudit, ce n'est pas du tout à vaches mais c'est sûr. On n'est plus là dans le paralpinisme pépère mais dans une grande course mixte en altitude, avec des difficultés techniques et surtout une longueur qui exigent une solide expérience d'alpiniste et une excellente condition physique.

On peut aussi commencer par gravir l'aiguille de Bionnassay (j'ai fait la face N début juillet 1970) mais elle a maintenant une sale gueule. C'est un parcours glaciaire dans des pentes modérées. L'arête qui descend est extraordinaire, en lame de rasoir, c'est celle qui est mise en scène par Gaston Rébuffat dans son film "Entre terre et ciel". Après, on remonte au Dôme (c'est assez bavant) et de là au Mont Blanc.
Les pentes ne sont jamais raides mais je ne m'y aventurerais pas en fin de saison.

La méthode américaine utilisée en Alaska n'est pas valide chez nous : montée en hélicoptère avec un guide et hop !
 :trinq:

une petite recherche sur ton moteur préféré te laissera penser qu'il y a un versant italien beaucoup moins impraticable pour cette activité là aussi...

Bonsoir,

Eh oui, l'Italie et la Suisse (comme le Canada ou d'autres pays) continuent à autoriser les déposes héliportées en haute altitude à des fins de loisirs (pour emmener par exemple skieurs et/ou parapentistes au sommet de certaines montagnes).

Des associations françaises (Mountain Wilderness France, FFCAM...) se sont battues (il y a quelques années) contre les autorisations qui existaient en France et ont obtenu (enfin !) l'interdiction de l'héliportage à des fins de loisirs (je ne parle bien sûr pas des secours en montagne !).

Cette pratique :

- est bien sûr réservée uniquement à une clientèle aisée qui a les moyens financiers correspondants (au vu du coût de la minute d'hélicoptère, on imagine les tarifs :grat: ) ;
- constitue une pollution sonore intolérable pour les pratiquants de sports de nature en altitude ; je me souviens de déposes héliportées sur des glaciers en Oberland (Suisse) où nous effectuions un raid à skis dans le silence de la nature "sauvage" : l'arrivée de l'hélico tout près de nous a été vécue par notre groupe comme une agression intolérable ;
- est évidemment en contradiction totale avec le souci de préserver les économies d'énergie (lutte contre le réchauffement climatique).

Alors on peut se faire monter en hélico en altitude (si on a les moyens financiers), mais il faut être responsable de ses choix !

Il y a déjà eu des conflits sérieux à ce sujet.
Un hélico (italien je crois ?) avait voulu déposer des skieurs au sommet du Mont-Blanc.
Un groupe d'alpinistes présents au sommet ont menacé de balancer leurs piolets dans les pales de l'hélicoptère en approche (je ne dis pas que j'approuve cela !), et l'hélico a dû dégager et déposer ses skieurs plus loin (vers le Mont-Blanc de Courmayeur).

Si vous voulez faire du parapente en haute montagne, prenez le temps d'y monter à pied !
Et si vous souhaitez effectuer de belles descentes à skis en altitude : idem !  :pouce:

 :trinq:

Marc

J'approuve toujours Marc, skieur et alpiniste comme moi depuis notre plus tendre jeunesse.
La Montagne se mérite, il faut la gagner.
Beaucoup de gens trouvent normal d'enchaîner la montagne (observez mon usage des majuscules / minuscules) dans un réseau serré de télécabines, télésièges, téléskis etc, afin de permettre aux pimpins des villes de monter sans effort pour pouvoir ensuite glisser sur des pistes, bien rabotées comme des autoroutes.
On a le droit d'aimer ça, on a aussi le droit d'aimer la Montagne sans les foules, une des raisons pour lesquelles je n'ai jamais fait Chamonix-Zermatt.

J'ai fait pas mal de "raids" à skis au printemps, notamment en Vanoise et en Oberland. Monter en faisant sa trace, descendre dans une neige tout aussi propre, sans rencontrer âme qui vive pendant plusieurs jours, quel PIED !.. mais cela impose aussi de savoir marcher aux instruments quand on se retrouve dans la crasse, donc d'avoir au préalable préparé la carte avec relevé des angles de marche et détermination des points cotés.
Cela ne s'improvise pas.
Naviguer au GPS a apporté un progrès... mais les batteries peuvent ne pas supporter le froid. Une boussole et un altimètre ne gèlent pas.

Il faut avoir une sacrée frite pour monter au Mont Blanc à skis par les Grands Mulets, ce n'est plus de mon âge mais je ne casserai pas ma tirelire pour une place dans un hélico, et si des copains du PGHM m'en proposaient une je refuserais.

La Montagne se mérite, le Mont Blanc se mérite encore davantage et s'il faut souffrir pour y arriver c'est une souffrance qui apporte la satisfaction du dépassement de soi. On n'y arrive pas toujours, la météo change très vite à cette altitude et les conditions peuvent devenir infernales, certains parmi les meilleurs y laissèrent leur peau.
Le Dôme du Goûter a l'air débonnaire, comme ça par beau temps... mais c'est immense et on a vite fait de s'y perdre quand on est dans le brouillard, avec le vent et le grésil qui effacent les traces, même avec la carte préparée et les instruments on ne s'en sort pas parce qu'il n'y a aucun repère caractéristique, le risque est énorme de se fourvoyer dans une impasse, de tomber d'un sérac ou de se retrouver au sous-sol. La seule solution viable est alors de remonter à Vallot... mais il y a eu des alpinistes qui sont morts juste à côté du refuge et qui ne l'avaient pas trouvé dans le mauvais temps.
En septembre 14, le refuge Vallot était dans le lenticulaire (l'âne) qui coiffait le sommet, le vent était violent mais il ne neigeait pas et nous avions commencé la descente avec moins de 10m de visibilité, sur une trace pas toujours évidente à suivre et facile à perdre, qui s'effaçait rapidement. Une fois au Dôme, la visibilité était excellente et nous avions pu décoller.
En fait l'âne était remonté pour devenir un immense voile résiduel et à Chamonix on voyait ça :

(http://soyeuse.free.fr/2014/09/08/2314.jpg)  9 septembre 2014 à 9h.

Cela devait sacrément souffler là-haut, y poser un hélico aurait sans doute été assez scabreux et décoller en parapente aurait été impossible. Nous avions eu raison de descendre décoller plus bas. Dans le lenticulaire, il n'y eut aucune discussion, aucune hésitation, les deux alpinistes expérimentés savaient ce qu'il fallait faire.

J'étais surtout branchée "faces nord" et je ne suis pas allée souvent au Mont Blanc, j'y ai marqué des buts (par exemple le jour de mes 25ans) mais je n'ai jamais risqué ma peau... sauf dans le couloir du Goûter, le lieu le plus dangereux des Alpes. Des copains y ont laissé des orteils, d'autres se sont cassés, et j'ai évidemment lu les récits de Walter Bonatti.
On ne rigole pas avec le Mont Blanc et même s'il y a chaque année des milliers de "pimpins" qui en font l'ascension, avec l'impression que c'est plutôt facile, je ne souhaiterai à personne de prendre le mauvais temps là-haut. J'y ai eu -25°C en juillet par grand beau avec un bon 30km/h de vent du nord, j'y ai eu une pétole en septembre au point de faire brûler totalement une allumette par les deux bouts, on n'a jamais deux fois les mêmes conditions et quand un guide de Chamonix dit ça il ne radote pas, il dit vrai.
 :trinq: