Accident de wingsuit au Brévent, répercutions possible pour le parapente ?
airnaute:
Brévent : positionnement du bureau de l'association de Paralpinisme. (lien paralpinisme.fr)
fb73:
Un article dans le dauphiné:
http://www.ledauphine.com/environnement/2012/10/03/les-hommes-oiseaux-en-font-ils-trop
Citation
Ils volent avec des caméras Gopro pour immortaliser leurs exploits, jaugent leur décollage au télémètre laser et testent leur équipement avec repérage GPS. Malgré ces précautions, les adeptes de la combinaison ailée -prononcez wingsuit- peinent à passer pour des gens normaux. Il y a 100 ans Frantz Reichel et sa combinaison parachute s’élançaient de la Tour Eiffel pour… s’écraser sur le pavé parisien. L’acte de naissance de la discipline était signée à l’encre de l’effroi. En 1994, le parachutiste Patrick de Gayardon se jette d’un avion et grâce à son habit cosmique parvient à regagner l’aéronef en l’air. 80 ans séparent les deux dates pour un bond technologique qui révolutionna la chute libre sans gommer la réputation de trompe la mort qui colle aux hommes oiseaux.
Et si l’an 2012 marquait la troisième révolution du wingsuit ? Le 25 juillet, Géraldine Fasnacht et Jérôme Meyer “sautaient” un monument du massif du Mont-Blanc le sommet des Drus (3730m) avec un départ ultra court de 140m de paroi verticale en guise d’aire de dégagement, là où naguère il fallait 300m.
La légion saute sur Chamonix
“Il y a six mois encore c’était impensable. Je n’aurais pas évolué dans ma zone de sécurité. Sauter le Dru, c’était un de ces rêves dont on parle en riant, comme d’une gageure”, sourit la Suissesse. Grâce à l’aérodynamisme de sa nouvelle combinaison ailée la voilà qui vole dès les trois premières secondes de chute. Avec toujours plus de surface de tissu, cet équipement permet de progresser de 3 km en distance horizontale pour 1000m de chute. Une bonne poussée au départ et Géraldine gonfle sa combinaison de l’air qui baigne le vide de la face nord avant d’épouser les contours du monolithe et ses flammes des pierres à la manière d’un choucas.
Déjà le 4 juillet, la bande du “team du Vercors” avait frappé fort en sautant sur Chamonix depuis la terrasse de l’aiguille du Midi (3842m). Une première qui chiffonnait les gendarmes puisqu’elle s’effectuait dans le couloir aérien réservé aux hélicoptères du secours.
Auparavant, les hommes volants avaient déjà donné des sueurs froides aux autorités, en sautant du Brévent, autre paroi accessible par téléphérique. Dès le soir même la vidéo fait le tour du web. Un blog en parle comme d’un jeu vidéo et gare au Game over : “Les très expérimentés poussent le risque encore plus loin en rasant le sol sur un parcours exigeant avec départ court, câbles électriques et des dizaines de parapentes.” Signe des temps et de la réactivité d’un microcosme grandissant. “Avant tu faisais du base jump tu te cachais”, s’étonne un “ancien” paralpiniste, Jérôme Blanc Gras. Par le tam-tam des réseaux sociaux un essaim de wing suiters a pris d’assaut le spot de Chamonix. Les touristes goûtent le spectacle mais les parapentistes qui craignent la collision avec les volatiles et les grimpeurs, les chutes de pierre, moins. Roch Malnuit, de l’association française de base jump, sensibilise les enthousiastes, rappelant quelques règles de cohabitation.
Disneyland en Suisse
Las, le jour où un Norvègien se tue, dans le vif de l’émotion la mairie interdit provisoirement la pratique au Brévent. “Les personnes qui ont fait ce saut n’ont pas été responsables en le diffusant sur internet”, fulmine Jean-Louis Verdier en charge de la sécurité, évoquant une prochaine concertation. Roch Malnuit relativise : “Certes il y eut un effet de mode. Mais vu la technicité du saut, il n’y aura jamais une croissance exponentielle. Il n’empêche qu’il faudra trouver un mode de cohabitation, comme le parapente a dû le faire en son temps”.
En France, excepté dans le Verdon, ou les réserves naturelles, la pratique n’avait jusque-là pas posé de souci. En Suisse, la Mecque de la discipline, Lauterbrunen, a aussi connu cette “crise” de croissance. Dans cette vallée en U, une vingtaine de sauts sont accessibles par remontées mécaniques. Les autorités ont réglementé la pratique alors qu’en 2006, elles ont failli l’interdire. Les pratiquants s’acquittent d’une carte de 20€ pour indemniser les agriculteurs. Cinq personnes ont trouvé la mort l’an dernier - 22 depuis 1994 - dans ce “Disneyland” du base jump aux 1500 sauts par an.
Trop vite trop haut
Ces chiffres pointent l’autre débat qui traverse une pratique qui cherche sa maturité. Les 7 morts en France de 2011 préoccupent certains comme Jérôme Blanc Gras, de l’association de paralpinisme, reconnue par le Club alpin français. “Il manque une formation ou un cadre pédagogique transmis de manière uniforme. En dix ans la pratique a explosé et certains veulent accéder trop vite à la wingsuit qui relève du haut niveau”. Savoir lire le relief, l’aérologie et gérer son stress…Des notions que Géraldine Fasnacht ne prend pas à la légère. “Je suis peut-être has been mais quand je vois des jeunes franchir aussi vite le pas, je m’interroge. Ils tremblent de tous leurs corps au bord du vide avant de sauter… Pourquoi se faire autant de mal ?”
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