13/08/22 Arbrissage haut mélèze sans dommages
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ManuB:
Hello,
Retour d'expérience d'une mauvaise action qui heureusement se résout bien, arbrissage fond de vallée de Peisey-Nancroix en Savoie, fin de journée samedi 13/08/22.
Je recopie le texte de mon site perso, du coup il y a des commentaires personnels parmi le récit de l'incident, mais voilà vous avez ainsi tout le contexte.
Je vole depuis longtemps, toujours des vols randos, mais comme je me partage entre beaucoup de sports je ne vole pas souvent en fait. Mais par contre j'ai bien l'expérience de la vallée où ça s'est passé.

...

La journée se passait pourtant bien : les garçons au terrain de foot, ma fille et ma femme à jouer et se prélasser au bord du torrent... Alors en fin d'après-midi je décide d'aller faire un petit vol en parapente. La perspective d'une petite marche avec bâtons pour bien s'activer et faire du bon exercice, puis glisser dans l'air doux, ensoleillé et doré de fin de journée... C'est tentant hein ! Je monte donc des Lanches aux Loyes, c'est cool en ce moment le genou fonctionne bien, je marche bien. Normalement la brise de vallée de l'après-midi devrait faiblir... Mais pour le moment ça reste fort en fait. Arrivé aux pentes d'où je décolle habituellement, surprise c'est plein d'herbes plus hautes que d'ordinaire, toutes sèches et raides, ça va être beaucoup moins bien pour installer la voile. Comme la brise est toujours forte de travers j'en profite pour marcher et chercher un meilleur endroit pour installer mon déco... Mais non partout les hautes herbes dures et arides. En face l'ombre de Bellecôte commence à gagner toute la vallée, il faudrait quand même se dépêcher avant que ça ne passe cul, je reviens à mon endroit de déco habituel. Mais toujours la brise de travers rafaleuse... Je sais que j'avais ma commande de frein mal démêlée du dernier autolargage, mais dans ces grandes herbes sèches c'est pénible à manipuler, je me dis que je ferai ça plus facilement en vol après avoir décollé. Le temps passe encore la brise ne faiblit guère, mais je sais que Sabina m'attend en bas si je tarde trop ça va être trop galère pour elle avec les enfants, allez GO je vais y aller pour décoller et avant que le soleil ne disparaisse.



Quelques pas d'élan et me voici en l'air, le vent me porte de côté mais okay ça vole. J'essaie tout de suite de remettre mon frein comme il faut mais c'est coincé dans les élévateurs je n'y arrive pas. Le vent me secoue, est-ce que je tente d'aller contre la brise direction chez moi les Lanches ? Ou est ce que je me laisse descendre devant ? Et cette commande de frein comment la défaire ? Autant de questions que je n'ai pas le temps de résoudre, ça descend fort, et puis d'un coup le vent me tire subitement en haut... et aussitôt après encore plus brusquement vers le bas... Waaahhh je vais m'écraser là ! Je suis tout secoué je ne contrôle plus rien, je suis en chute et ça va très vite et vlan voilà un mélèze qui arrive je vais me le prendre en plein, juste le temps de tendre les jambes en avant et je m'écrase en pénétrant à travers les branches. Deux secondes ensuite c'est terminé, je me retrouve arrêté pendu à travers les branches du mélèzes. Tout de suite je me rends compte que bonne surprise ça va bien, rien de cassé et je suis en fait juste contre le tronc du mélèze, je vais pouvoir me détacher de la sellette et je repère déjà que je pourrais descendre du mélèze grâce à toutes les branches que je vois en dessous. J'appelle le refuge de Rosuel au téléphone pour dire que tout va bien, car c'est situé juste en face dans la vallée, ma collision dans le mélèze a sûrement dû être vue. Et j'appelle aussi le 112 au cas où quelqu'un d'autre ait observé la scène et appelle les secours.
Maintenant surtout ne pas s'accidenter en descendant du mélèze, j'y vais branche après branche, parfois une casse, heureusement entre l'habitude de l'escalade, de la gymnastique et des treelines, je suis suffisamment à l'aise. À la fin plus de branches, j'enlace le tronc de tout mon corps et je me laisse ainsi glisser jusqu'en bas. Ouf arrivé, je rappelle Rosuel et le 112 pour indiquer que je suis tiré d'affaire. Reste le parapente coincé abandonné là-haut... Mais le soir va tomber je ne peux pas m'en occuper maintenant, je reviendrai demain, en prenant le sentier de sortie de la via ferrata qui rejoint le chemin du refuge du Mont Pourri je prends juste en photo la voile perchée tout en haut du mélèze. J'ai quand même peut-être eu de la chance d'arriver là, en prenant le mélèze bien de face et dans les branches douces du haut, plutôt que de m'écraser de toute force au sol ou pire dans les barres rocheuses en contrebas.



Le temps de descendre le chemin pour revenir à la maison je rentre quand même tard et pendant ce temps Sabina a souffert des bêtises des garçons, mon écrasage dans le mélèze est secondaire pour elle. Pour ma part je suis anxieux pour mon parapente resté là-haut dans la montagne, alors le lendemain matin je me réveille très tôt, je monte de nuit et je suis dès les premières lueurs de l'aube au pied du grand mélèze. Waouuh dans la pénombre se dire de remonter là haut c'est impressionnant, mais allez il faut y aller et je suis équipé. 06h00 je lance une corde aux premières branches pour passer la première partie du tronc, et puis de branches en branches je remonte délicatement jusqu'en haut au parapente. Les plus petites branches sont sèches et cassent, mais les plus grosses sont bien solides. Je me vache au tronc et je commence à dégager les suspentes en partant de la sellette que je fais reposer sur une grosse branche principale, j'ai pris une scie et je coupe plusieurs petites branches pour dégager petit à petit de l'espace autour et au-dessus de la sellette. Il faut refaire passer la voile par-dessus le sommet du mélèze pour la ramener sur la sellette, le plus ardu ce sont les bouts de la voile qui sont en fait pris sur les branches des autres mélèzes d'à côté, ouf je parviens à tirer tout à moi et je n'observe rien de déchiré. Je suis quasiment au sommet du mélèze, ça balance mais ça tient bien, 07h45 je réussi finalement à avoir ramené toute la voile en boule sur la sellette. Je bourre tout dans mon sac et j'entreprends une nouvelle fois la désescalade du mélèze, ça doit faire une vingtaine de mètres, j'y vais encore très doucement et prudemment et en m'aidant de ma corde. 08h30 ouf enfin je reviens en bas, opération réussie ! J'appelle encore Rosuel et le 112 pour prévenir que l'histoire de hier soir est définitivement terminée. Je redescends le chemin et en arrivant à Beaupraz je croise deux randonneurs qui demandent "si j'ai vu le parapente dans les arbres de hier soir", forcément ils sont du refuge de Rosuel, je leur explique donc que c'était moi, et deux jours plus tard nous nous retrouverons quand nous viendrons manger une raclette en famille au refuge.

Ce n'était pas mon premier crash en parapente (décos ratés trop de vent emplâtré dans les rochers aux Rayes Alpes de Haute-Provence et au refuge Temple Écrins, atteros catastrophes dans les vols de Bellecôte et de la Dent d'Hérens, parmi quelques autres...) ni ma première voile accrochée à des trucs, mais là tout en haut d'un si grand mélèze c'était une première. Passées l'amère tristesse et la déception ressenties lors de l'évènement reste une expérience de plus dans ma vie de parapentiste et de montagnard et sportif en général. Cette brise de vallée était encore trop forte et trop de travers, et le déco me plaçait juste derrière une sorte de double crête et de relief tourmenté propres à la formation de turbulences et de rouleaux. On dit "mieux vaut rester au sol et regretter de ne pas être en l'air, qu'être en l'air et regretter de ne pas être resté au sol"... Mais la crainte de l'horaire qui tournait, du soleil qui disparaissait et vouloir retourner au plus vite à la maison m'ont fait prendre une mauvaise décision. Je ferai contrôler ma Nervures LOL mais elle paraît en tout bon état, ouf je ne me suis rien cassé ni blessé, et c'était presque agréable d'être juché tout en haut du mélèze quand petit à petit je parvenais à récupérer mon parapente.

(Recopié de http://nedved.free.fr/contributions/2022/parapente/meleze.htm)
wowo:
Heureux que cela se soit terminé aussi bien et merci du partage qui peut être utile à tous. :bravo:

Maintenant ce passage de ton récit m'interpelle tout de même vraiment :

Citation

Mais toujours la brise de travers rafaleuse... http://Je sais que j'avais ma commande de frein mal démêléedu dernier autolargage, mais dans ces grandes herbes sèches c'est pénible à manipuler, je me dis que je ferai ça plus facilement en vol après avoir décollé. Le temps passe encore la brise ne faiblit guère, mais je sais que Sabina m'attend en bas si je tarde trop ça va être trop galère pour elle avec les enfants, allez GO je vais y aller pour décoller

Au-delà de la question de ce que tu appelles "autolargage", je ne peux qu'avouer mon étonnement que tu puisse attendre "un certain temps" une hypothétique baisse de la brise (de travers) sans te donner la peine de régler ton problème de frein emmêlé.  :grat:

Car là du coup ta crainte de laissee ta femme se débrouiller seule avec vos enfants pour la soirée risquait carrément d'en faire un veuve qui aurait due alors se débrouiller seule avec ses orphelins.

Puis de redescendre sans assurances de l'arbre et même aussi d'y retourner seul à la fraîche pour récupérer seul ta voile, comment dire... Dans un de mes clubs, un pilote, grimpeur et alpiniste avéré  l'a fait il y a quelques années après s'être branché dans les alpes du sud et... y a laissé sa vie.

Ne penses-tu pas que tu as peut-être une approche un peu trop "téméraire" de tes activités sportives en général et du parapente en particulier ?

 :trinq:
Michou:
Salut,
merci pour ton partage!

Pour mieux comprendre, est-ce que tu te souviens de l'heure du déco, de la tendance météo ce jour là (le vent surtout) et à quel endroit précisément tu décolles?
Je me souviens que la veille ou l'avant veille le petit déco de vallandry est resté fort et turbulent jusque particulièrement tard.
Willitou:
La technique de "l'autolargage" qui visiblement n'est plus enseigné dans les écoles.

https://www.youtube.com/watch?v=gx8KtPZsP6o

 :sors: 
ManuB:
Re-salut,
C'était 19h45 le déco, d'habitude vers cette heure là la brise de vallée est très abaissée... mais pas ce jour là.
Le déco était juste au-dessus des petites bergeries abandonnées des Loyes, au-dessus du chemin de sortie de la via ferrata des Bétières, quand le chemin qui va au refuge du Mt Pourri entame une grande traversée à plat jusqu'aux autres chalets abandonnés (qu'on appelle aussi les Loyes je crois ?)
Je ne me souviens pas du vent météo, durant le temps que je passe vallée de Peisey-Nancroix je le checke chaque jour, là juste pour ce petit vol en tous cas il ne m'inquiétait pas.
En fait je crois que j'ai oublié d'écrire l'essentiel : je n'avais vraiment pas envie de redescendre à pied !
L'autolargage ce n'est pas explicité dans mon texte, c'est quand je saute en parachute de mon parapente, voici par exemple : https://www.youtube.com/watch?v=yLLuJTipiII, vallée de Peisey-Nancroix toujours.
C'est sûr que j'aurais au moins dû m'assurer de résoudre l'histoire de mon frein avant de décoller.
Finalement après quand je sois redescendu à pied la brise de vallée était terminée, sans que les brises de pentes ne deviennent descendantes pour autant. En attendant plus longtemps j'aurais pu avoir les conditions espérées. Mais "psychologiquement" j'avais envie de décoller tant que le soleil était encore là, pour la beauté du vol... Un argument irrationnel qui m'a mené à l'erreur.
Pour la descente et la montée du mélèze : j'avais précisément en tête les exemples d'accidents survenus dans ces circonstances, c'est vraiment parce que j'étais archi sûr de moi que je m'y suis lancé, j'aurais demandé du secours sinon.
Wowo : et pourtant, la vie de famille fait que je me modère beaucoup ! Mais en tous cas oui je suis finalement chanceux sur ce coup là. EMMANUEL
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