Je vais essayer de régler quelques pendules.
- Par le Goûter il va falloir marcher parce que le TMB ne fonctionne plus, réouverture le 13 décembre. Le Fayet est à 580m d'altitude, les Houches à 1000m, il est donc plus judicieux de partir des Houches et de monter à Bellevue, et si le téléphérique fonctionne c'est carrément le bon plan. Après, on marche le long de la voie ferrée, plaisir moyen.
Le refuge du Goûter est fermé, l'ancien est en travaux pour désamiantage avant démolition, il reste le refuge d'hiver.
En cette saison il y a normalement de la neige dans l'aiguille du Goûter, mais les conditions démentes de cet automne laissent présager que ce sera sec.
C'est vraiment le bon plan.
- Par le Tacul et le Maudit c'est une autre histoire.
Le refuge des Cosmiques est fermé et il faut dormir à la cabane Simond (14 places) au col du Midi. Il y a surtout une énorme barre de séracs qui surplombent la face et qui ne demandent qu'à tomber. Pas glop du tout.
Photo prise le 3 septembre 2014
Je n'ai aucune envie de crapahuter pendant 2h sous des séracs menaçants, donc je ne suis pas allée cette année au Mont Blanc par cet itinéraire, comme en 2009. D'autres y sont allés et les séracs ne sont pas tombés, tant mieux pour eux. La face étant impraticable à cause de la sortie barrée et de la rimaye énorme, ils sont passés complètement au ras des rochers du Triangle (tout à gauche sur la photo).
La traversée sous le col Maudit est avalancheuse et il y a eu récemment des gens qui se sont fait embarquer. En cette saison, les conditions de neige sont pourries s'il y a de la fraîche, pas encore tassée et qui ne transforme plus. S'il n'a pas neigé depuis un mois et si c'est tracé, cela passe sans souci.
Le remontée à l'épaule du Maudit n'est normalement pas difficile (45° et non 50°) et il y a des vieilles cordes fixes très pourries et très étirées du rognon médian à la rimaye. La rimaye n'est en général pas difficile et il y a un relais dans le rognon pour assurer le second de cordée.
25 septembre 2009
Au-dessus, c'est un peu moins raide et la sortie sur le col de la Brenva est à vaches.
La remontée du Mur de la Côte est une grosse bavante, mais sans difficulté si on a des globules rouges.
Pour décoller au Mont Blanc, il faut un peu d'air sinon la voile glisse sur la neige dure. Certaines voiles montagne (ma U-Turn, l'Ultralite) ont des petits passants en extrados permettant de les fixer au sol (par exemple avec des brindilles de bois, moi j'utilise des bâtons de glaces coupés en deux et des brins de laine wrappés pour la liaison).
Un petit vent de N ou NW est idéal pour décoller sur Chamonix. Avec du S ou SW on décolle sur l'Italie et on repasse l'arête des Bosses au-dessus de Vallot. Avec de l'E ou de l'W c'est compliqué et on a meilleur compte à aller décoller au col Major, sur l'Italie évidemment.
Il faut que la météo annonce "
vent faible". Si c'est "modéré" il faut traduire 25 à 50km/h et le risque de marquer un but est évident... et le 8 septembre ils annonçaient "vent faible" mais nous avons eu un bon 50 et un lenticulaire, ce fut le but.
Redescendre à pied n'a rien de folichon, la vallée est très loin et les jours sont courts, il y a du bivouac dans l'air... mais fort heureusement on peut décoller un peu partout, notamment à Vallot et au-dessous du Dôme du Goûter :
7 septembre : la croix indique où nous avons décollé le lendemain, protégés du vent par l'arête des Bosses.
Je rappelle aux alpinistes peu expérimentés que le Mont Blanc n'est pas une promenade de santé. A cette altitude, le mauvais temps y induit rapidement des conditions hivernales infernales, la température descend très vite à -30°C en été et -50°C en hiver, un bivouac sans protection ni équipements spéciaux peut être mortel. D'autre part, le Dôme est plat et dans le brouillard on perd très vite les traces, effacées par le vent, l'orientation y est impossible.
C'est pour ça que les alpinistes expérimentés, qui montent en saison froide ou par les versants italiens (Brenva, Freney ou Brouillard) emportent toujours une tente de paroi type Himalaya, et il ne faut pas trop compter sur le GPS quand le froid met les batteries HS. Il faut avoir le morceau de carte au 1/25000e avec les angles de marches tracés, la boussole et l'altimètre, et savoir s'en servir, sans oublier que dans le brouillard on dévie toujours vers l'Equateur (donc vers le sud).
Et même ainsi, même avec avec de l'expérience, revenir au refuge du Goûter est très aléatoire, on risque fort de se retrouver dans les séracs au-dessus de la Jonction.
Le 8 septembre, quand nous sommes redescendus de Vallot dans le lenticulaire, la visibilité était inférieure à 5m mais il ne neigeait pas et nous avions toutes les chances de sortir du nuage sans avoir perdu les traces, au pire nous serions remontés à Vallot pour attendre.
Par mauvais temps, la sécurité c'est le refuge Vallot, facile à atteindre depuis le sommet. Il est dégueulasse, glacial et très inconfortable, mais on y est à l'abri et en sécurité.
Je ne pense pas qu'un parapentiste novice et alpiniste occasionnel soit bien inspiré de monter au Mont Blanc en cette saison, en tout cas je le lui déconseille très fortement.