Salut Laurent,
Mon point de vue peut sembler "extrême", trop alarmiste. Il est celui d'un type qui a fait beaucoup de bi depuis 2003, et qui prétend passer le final du BE cet automne. Donc je fais très attention à ce que je fais, et à ce que je dis sur un forum qui peut être lu par n'importe qui.
D'autant plus que le titre du fil, avec "personnes à mobilité réduite", impose la prudence.
La situation que tu décris, en bord de mer avec des assistants, et des passagers relativement solides sur leurs jambes etc..., paraît être un bon compromis. De toute manière, en biplace, c'est le pilote le commandant de bord. C'est donc toi qui prend la (grande) responsabilité d'emmener ou non une personne à mobilité réduite. Le risque de réduire encore la mobilité existe cependant, c'est à toi de l'évaluer. Un passager, même informé de la nécessité d'avoir un train d'aterrissage / décollage solide et capable de galoper, ne peut être tenu pour responsable si il s'avère finalement incapable de bien se comporter au déco. En tous cas c'est comme ça que je le vois.
Quand tu parle de pépé en forme, c'est pas de la "mobilité réduite". C'est de la "fragilité accrue".
J'ai fait voler en 2006 un pépé de sois-disant 70 ans. Un homme espiègle, en pleine forme. Il courrait ses 10 bornes 2 fois par semaines, à son rythme. Un vol magique au-dessus de la mer au Québec (pas la peine de chercher le site, il n'existe plus). Cet homme, une fois posés sans problème et avec ses pieds, m'a annoncé hilare qu'il avait en réalité 87 ans. Un force de la nature nommée "Normal" (z'ont de ces noms au Québec...). Et bah ça m'a fait froid dans le dos. Parce-que le moindre pépin, même en pleine forme mais avec 87 printemps, c'est vachement plus handicapant qu'à 50 ans.
Un pépin à cet âge peut être le dernier, en astreignant la personne à des soins beaucoup plus longs qu'un jeune, avec un impact psychologique énorme... T'es cloué au lit à 30 balais, même pour un dos en vrac ? Tu te dis que c'est OK, une histoire de patience, que ça va revenir. A 87 ans, t'attends la faucheuse.
Je lui en ai voulu, à Normal, de ne pas m'avoir dit son vrai âge... Mais en même temps quel bonheur d'avoir partagé ce moment.
Pour ce qui est du
vol en fauteuil, le mieux est de t'adresser à la fédé. Vois ça :
http://federation.ffvl.fr/handicare-le-vol-libre-pour-tous.
Tu peux t'adresser à Jean-Jacques Doucet, qui s'occupe de Hand'Icare. Un type très compétent qui saura répondre à tes questions, notamment sur la formation.
Je ne saurais que te conseiller d'avoir déjà un bon niveau en biplace pour apprécier la formation et t'y sentir à l'aise. Les sensations au décollage sont très spéciales par rapport au bi "à 4 pattes". Ca a un côté "irréversible" bien plus tôt qu'en bi classique : une fois l'aile au-dessus de la tête, il est très difficile de s'arrêter. La confiance dans la paire d'assistants compétents doit être quasi-aveugle. Rien ne doit être laissé au hasard.
Le passager est plus vulnérable qu'un valide : un handi qui se pète un poignet parce-que le fauteuil s'est renversé perd non-seulement l'usage de sa main mais aussi un moyen de locomotion pour ceux qui sont en fauteuil de ville à l'année longue. Le passager qui se fait une escare parce-que tu as oublié une petite sanglette de merde (c'est rien, un petit pli sous les fesses quand on est valide !) sous ses fesses passera 3 mois sur le ventre, le cul à l'air pour que ça cicatrise. Bref les responsabilités et les précautions à prendre sont décuplées.
Bref je te souhaite de t'engager dans cette voie, c'est extrêmement enrichissant sur le plan humain.
Sylvain.
PS : dommage pour le barbec ! ;o)))