Le 14/10/2012 11:06, Arnaud Constancin a écrit :
Bonjour,
Ca fait des lustres que je ne suis pas intervenu sur le forum.
Ayant été moi même parapentiste puis cagiste, le sujet me tient à coeur.
1) Une voile (C) qui fait 53 km/h accélérée à toc (des vrais km:h, pas des Km/h dans des revues genre 59 ) combien on peut espérer en cage ?
Avec la cage, on supprime le contact au frein. Le profil de l'aile s'en trouve amélioré et offre un peu moins de traînée. Par contre, le suspentage est souvent plus important qu'en parapente, et la cage elle même induit un peu de traînée.. A priori, on peu imaginer des vitesse équivalente.
2) Que ce passe t'il si on lâche la cage (genre pisser, ou chercher son appareil photo dans la housse qui est dans le sac, qui est dans la sellette avec la tirette de coincée ?
Si tu lâches, tu tombes.
Plus sérieusement, cela dépend des voiles. Sur ma Lagon, la voile se mettait en léger virage stable. Sur la P3, il y a aussi une mise en virage qui si j'ai bien compris est instable, ce qui peut poser problème au bout d'un certain temps d'absence de pilotage (pilote endormi).
3) Comment la mécanique de le cage gère t'elle les croisillons ou ABS des sellettes (genre Kortel) ? Le système ABS est il neutralisé, amplifié ?
Tu es accroché en un point unique. La sellette ne subit aucune turbulence. Quand la voile bouge (rouli/tangage) la cage bouge (rouli/tangage) , la sellette ne subit que des effort verticaux : pas de pendule induit.
L'avantage, c'est que dans une masse d'air agitée, le pilote n'est pas secoué plus que nécessaire, et en condition légère, il ressent du bout des doigts les moindres mouvement de voile. La cage est le reflet de la voile. La pilote tient la cage dans les mains comme s'il s'agissait de la voile. On ressent la moindre bosse dans l'airet on se fait très vite une idée de sa "forme". C'est un de mes plus grand bonheur d'ex-cagiste.
Un peu comme un surfeur va se déplacer sur sa planche (avant/arriere, gauche/droite), la cagiste va prendre ses apuis sous sa cage, aussi bien en tangage qu'en rouli.
4) Quel est le temps de montage d'une cage ?
dépliage : 5 minutes,
pliage : 10 minutes
5) La vitesse mini d'une voile est elle augmentée ou diminuée ?
Cela dépend des voile et des choix de conception du suspentage. Sur la Lagon, un cabré de la cage produit une courbure homogène du profil de l'aile qui résiste ainsi mieux au déccrochage. En contrepartie d'une légère perte de finesse.
En ce qui concerne la finesse, c'est en virage qu'une une aile cagée est à son avantage, contrairement à une aile déformée/freinée. On le voit bien sur la vidéo,les cages semblent "tourner à plat"...
6) Certaines voiles sont lourdes aux commandes. Cet inconvénient est il supprimé ?
A priori, il n'y a aucune corrélation entre lourdeur à la commande et lourdeur au pilotage, car le principe de pilotage est complètement différent.
A titre de comparaison,
- en parapente, on freine une demi aile -> lacet -> roulis induit
- en cage (comme en delta), on incline l'aile -> dérapage -> lacet induit
Certaine voile lourde a la commande peuvent résister à la mise en dérapage (ou pas) et inversement.
7) Certaines voiles sont plus vives (instables) que d'autres. Ce comportement est-il conservé ?
La encore, tout dépent du choix de conception. La voile ne fait pas tout. Le choix de projection de son suspentage sur la cage influe sur sa personnalité en vol.
8/ Comment se pilote une fermeture ou un décrochage?
Supposons qu'une demis aile ferme et se maintienne (genre grosse cravate pas belle). La cage va se soulever du coté resté ouvert. Il suffit au pilote de s'y suspendre et de continuer à piloter le morceau qui vole. A aucun moment le pilote ne tombe dans sa sellette puisque c'est la cage qui bouge. Bien sur, le risque d'autorotation ne disparrait pas et le contre reste indispensable.
Personnelement, je n'ai expérimenté le gonflage avec demis-ailes fermées qu'en cage. La chose me parrait impossible en parapente.
Pour le décrochage, JLD l'a déjà tenté. Le pitotage en marche arrière est possible, mais il demande beaucoup de maitrise. Le gonflage en marche arriere est possible, c'est la meme technique que pour le gonflage normal, mais c'est plus vif !
BREF,
Le meilleur moyen de rentrer dans le tout petit monde de la cage, c'est de contacter le personnage original qui l'a mise au point : Jean Louis Darlet, deltiste expérimenté, curieux, touche à tout, inventeur, très humain, et un peu grande gueule parfois. Je lui trouve un petit coté Doc Emett Brown.
Le gros inconvénient de la cage, c'est la solitude dans laquelle on se retrouve. Venant du parapente, les paradigmes de pilotage sont très différents. Nous passons souvent pour des incompris. Du temps où je cageait A StHil, j'étais le seul.
Ahhhh j'ai le blues du cagiste...