Bonsoir à tous,
Une première réaction construite à notre forum, de mon ami Bruce. Je vous informe que la vidéo est en cours de montage et c'est extrêmement difficile de faire un contenu agréable, accessible à tous. Nous y travaillons d'arrache pied !!!
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En attendant la video du colloque et la lecture du manuel des facteurs humains que je recommande vivement :
"les erreurs de jugement conduisant les pilotes à prendre de mauvaises décisions constituent une grande part des causes d'accident. Aider le pilote à prendre des décisions pertinentes est donc crucial pour la sécurité des vols" (Direction Générale de l'Aviation Civile Française).
Depuis que ces facteurs humains ont été pris en compte dans les années 50 dans l'aviation le nombre d'accident a statistiquement été diminué de 80%. évidemment cela n'est pas la seule explication mais l'apport de la prise en compte des ces FH ne laisse aucun doute !
En VL les statistiques confirment que la majorité des accidents sont liés à ces FH.
Une des propositions de ce colloque est d'établir une check liste pour ces facteurs humains avec un système de point ( suis je fatigué, stressé, motivé, sous pression…) et un score qui nous aiderait à être plus objectif sur notre disposition à voler le jour même. une check liste aussi importante que celle de la vérification des attaches sellettes…
le bilan 2012 est effectivement en forte augmentation/ 2011 et non proportionnel à l'augmentation des licenciés.
En effet en 2011 il y a eu une centaine de déclaration d'accident, plus de 600 en 2012. Six décès en 2011, >13 en 2012. (chiffres à préciser)
Pour le moment il n'y a pas d'explication à cette très forte hausse.
il n'y a pas un grand % d'accident dû à l'inadéquation entre niveau de pilotage et catégorie d'aile.
Ce que l'on constate c'est que les accidents concernent tous les niveaux de pilotage et catégories d' ailes.
Néanmoins il faut noter que paradoxalement les pilotes les plus expérimentés sont les plus touchés. La majorité des accidents sont dû à des prises de risque excessives et à la mauvaise gestion de ces derniers.
C'est une des preuves de l'importance des FH. Un pilote expérimenté va mieux analyser et anticiper plus de pièges aérologiques… qu'un pilote débutant, être moins fragile face à certaines conditions mais il va plus souvent chercher et ou dépasser les limites.
Autre travers de l'expertise en vl c'est le sentiment d'invulnérabilité du fait, notamment, d'avoir vécu de multiples expériences plus ou moins fortes voire périlleuses sans jamais avoir eu d'accident. Ceci peut être la cause d'accident par baisse de vigilance ou parce que ce sentiment pousse beaucoup de pilotes à repousser toujours plus leurs limites.
Mais aussi l'excès de motivation et d'optimisme( c'est bon ça va le faire, ça va passer. je m'en sors à chaque fois il n'y a pas de raison que ça soit différant aujourd'hui), de surestime de soi.
à l'inverse une attitude qui "préserve" les pilotes quelque soit leur expertise est d'avoir une réelle conscience et de garder en tête à chaque vol, que nous sommes fragile, vulnérable en VL.
Toujours envisager les possibilités( favorables et défavorables) d'une situation pour pouvoir anticiper les meilleurs solutions avant qu'il ne soit trop tard.
User du "et si".
Ceci dit encore trop d'accident sont dus à la méconnaissance des risques et pièges. Beaucoup de pilotes ne sont pas suffisamment formés. ils n'ont plus rien fait après leur stage d'initiation. Ni Stage perf, ni SIV, ni lectures, ni échanges avec pilotes expérimentés, prof, brevets, remise en questions…
En résumé, les propositions pour réduire le nombre d'accident : - encourager les pilotes à continuer leur formation
- sensibiliser les pilotes à l'importance des FH
- élaborer des outils permettant d'objectiver l'impact des FH sur les prises de risques
- développer une culture commune de la sécurité, de la gestion du risque, de l'art de renoncer
- se responsabiliser/ à la sécurité des autres. la sécurité est l'affaire de tous pour la santé de chacun mais aussi pour que vive le VL. Oser dire à un pilote lorsqu'il se met en danger, lorsque ses choix, ses comportements sont à risques.
Personnellement je pose l'hypothèse que la forte hausse des accidents cette année est certainement lié en parti à la mto.
Je ne veux pas dire que les conditions ont été plus fortes( il semblerait que la comparaison avec les 10 années précédentes ne montre pas d'évolution de la force du vent, des thermiques… se sentiment exprimé par certains pilotes serait lié au fait qu'ils volent à des heures ou des jours où les conditions sont plus fortes que ce qu'ils avaient l'habitude de faire il y a qlq années.)
Mais à l'évidence cette année il y a eu beaucoup moins de jours volables. Une preuve : dans les alpes du sud il y a eu 11 compétitions annulées( reports annulés non compris).
Ici rentre en jeu les FH.nous le savons, nous sommes accros et vite en manque de vol. dans un tel contexte de privation nous avons été nombreux à flirter avec nos limites en volant des jours où nous n'aurions objectivement pas dû !
Pour diminuer le nombre d'accident je propose aussi que l'on arrête de dédramatiser les incidents de vol lorsqu'il n'y a pas d'accident. J'ai un exemple tout récent puisque samedi dernier il y a eu au moins deux incidents, à Sicié. un posé très chaud sur la route dans les rouleaux entre troncs d' arbres et voiture et un posé sous le vent, sur les énormes rochers de la digue de la station d'épuration !
Heureusement, encore une fois rien de grave, incidents sans blessé. c'est génial. Sauf qu'avec la joie que tout se termine bien mais aussi "l 'habitude" des sketchs sans conséquence( le parapente n'est pas si dangereux si l'on tient compte des statistiques de non accident!!!) nous dédramatisons. Nous en plaisantons puis nous oublions ou ne gardons que le coté positif .
Je pense que c'est une grave erreur de notre part. samedi vu les incidents cela aurait très bien pu finir de façon dramatique pour l'un comme pour l'autre.
En dédramatisant nous reproduirons les mêmes erreurs, des prises de risques, nous tomberons dans les mêmes pièges. Nous ne prévenons pas d'autres pilotes qui auront peut être moins de chance.
Cela touche la culture collective.
Pour développer cette culture de la sécurité certains clubs(ex parapentaix…) se réunissent au moins une fois par an pour partager l'expérience, les incidents… de chacun. Ainsi exposés les mésaventures des uns ont beaucoup plus de chance de permettre aux autres d'éviter les mêmes pièges, erreurs…et ceux qui exposent leur incident bénéficient de points de vue ext, d'analyses de pilotes expérimentés…
Je trouve cette initiative particulièrement productive !
Cette culture collective devrait aussi valoriser "l'art de renoncer"(
www.mentalpilote.com/lart-de-renoncer/) or en pratique c'est
souvent l'inverse qui se produit. nous félicitons trop exclusivement ceux qui osent prendre des risques…
L' art de renoncer! c'est certainement le domaine dans lequel je dois le plus progresser.
Apres le drame de Jean Luc, le constat que personne n'est à l'abri, très expérimenté et ou très prudent( Luc ARMAND, Frigo, Groogroo, Christian…la liste est tellement longue ).
j'ai pensé plusieurs fois à arrêter. Rien ne vaut la vie et de faire vivre à ses proches un tel drame. Pourtant je vole toujours autant. la passion et l'addiction ont été plus fortes.
Cependant j'ai changer mon attitude. Avant ce drame j'étais de plus en plus dans une optique de performance, j' étais en excès de confiance, je ne voyais plus le danger je cherchais uniquement les moyens d'être plus performant( passer sous une D…), de gagner encore des places en compétitions, je faisais des cross de plus en plus engagés. La volonté d'aller toujours plus loin me rendait de moins en moins objectif sur mes prises de risques.
Aujourd'hui la compétition est pour moi un moyen de continuer ma formation, de retrouver les copains, de varier les sites mais le classement n'est plus mon objectif, voler en sécurité oui.
La compétition présente de nombreuses vertus mais également beaucoup de travers. On néglige parfois la sécurité comme nous venons de le voir par perte d'objectivité. Que ça soit par excès de motivation et d'esprit de compet qui engendre des attitudes à risques mais aussi à cause des pressions ! un exemple : les conditions au déco ne sont pas bonnes, en cross je ne décollerai pas, mais c'est la compet, les autres pilotes décollent…( cf cette année une compte déco sous le vent il y a eu de nombreuses fermetures pourtant très peu de pilote ont renoncé !!!)
Renoncer est encore plus difficile dans le contexte de compétition( pression plus fortes…) mais c'est le gage de pouvoir bénéficier des vertus de cette pratique sans subir ses inconvénients.
C'est plus facile à dire qu'à faire. je pense qu'il y a un énorme travail sur soi pour changer ses attitudes, ne pas subir les pressions… c'est en cela que l'étude des facteurs humains est selon moi une réelle plus value pour notre sécurité.
J'ai toujours été concerné par la sécurité. Notamment car j'ai pratiqué diverses pratiques à risques( escalade, vtt descente, kite…) qui impliquent une rigueur pour préserver son intégrité physique. Je ne suis pas une tête brulé mais plutôt peureux. Paradoxalement je prends énormément de plaisir à "maitriser" une situation à risque et vivre cette concentration extreme qui sublime nos sens et nos ressources .
FH ! si je veux voler avec le meilleur rapport plaisir/ sécurité je dois travailler sur cet aspect de ma personnalité.
Je vole beaucoup( 150h cette année) je diversifie mes pratiques : soaring, cross, compétition, biplace, speed flying. Je fais un SIV/ an( plus entrainement dès que possible), je lis et questionne bcp.
Je n'ai jamais autant eu conscience de notre vulnérabilité depuis l'accident de Jean Luc( très expérimenté, performant, se disant pilote apaisé, assagi). je pense très fort à mes proches. J'ai changé certaines de mes attitudes pour gagner en prudence.
Avant cela lorsque j'étais sur un déco c'était très rare que je ne décolle pas et si je ne volais pas ma frustration était pesante. Aujourd'hui lorsque les conditions sont limites je pense à ceux que j'aime, à la chance que j'ai d'être en bonne santé, à toutes les autres activités passionnantes qui m'attendent si je ne vole pas. Aujourd'hui je prends beaucoup plus de plaisir à faire 20' ou 2h de gonflage plutôt que de voler coute que coute.
Pourtant je prends toujours des risques !!!
Ces dernières semaines il y a eu de nombreuses sessions mini au cap sicié. Un régal. Consciencieusement je prenais le temps de bien mesurer la vitesse du vent, en me concentrant sur les conditions de vols, en m'échauffant parfois plus d'une demi heure voire une heure ( gonflage) avant de décoller. de bien repenser à mes priorités.
Mais je suis tombé dans le piège de l'excès de confiance et de la perte d'objectivité dans la prise de risque.
En faisant beaucoup de gonflage j'ai pris confiance à tel point de me sentir à l'aise, en confiance, en sécurité même lorsque le vent monte jusqu'à 5O km/h établi rafales > 60 !
Effectivement les gonflages et les vols se sont bien passés, aucune alerte, aucune frayeur. Certaines approches par contre étaient bien sportives. Evidemment la puissance et l'amplitude des perturbations à 50, 60 km/h c'est tout sauf raisonnable. ces ailes sont incroyablement solides mais elles ont aussi leurs limites et en une seconde ça peut être la fin du match !
Malgré ce constat, ma confiance engendrée pendant le gonflage, en vol et le plaisir que cela me procurait, j'ai fait abstraction des forts risques que les atterro représentaient !!!
Voila un autre exemple qui explique pourquoi il y a des accidents en parapente, pourquoi il est vital de se remettre sans cesse en questions et en quoi les facteurs humains jouent un rôle très important dans l'accidentologie.
l'art de renoncer lorsque l'on se sent capable mais que le risque est trop fort. j' y travaille !
Après des mois de réflexion j'ai la certitude que le parapente est un sport à risque mais le plus grand danger c'est nous même, nos attitudes.../ prises de risque. Les réels impondérables dangereux restent exceptionnels. Je suis convaincu que si l'on prends toutes les précautions et que l'on travaille sur nos faiblesses /FH, nous ne risquons pas plus notre vie en parapente que dans bien d'autres activités courantes sans que nous en ayons vraiment conscience( cf les causes de mortalité en France).
Les infections nosocomiales sont statistiquement 3 fois plus dangereuses que le vol libre( pas de stat pour les libériste qui vont à l'hôpital pour une blessure ), les accidents domestiques…)
Un grand Merci pour avoir organisé cet événement, aux quatre excellents orateurs et à tout ceux qui oeuvrent pour réduire le nombre d'accident( formations, informations, conseils, avertissements, réunions, assistances biplaces, matériels, améliorations des sites…)
Que vive le Vol Libre et ses passionnés.
Bons vols.
ps : il est intéressant, notamment avant de prendre la décision de décoller, de se rappeler ce qu'est un bon vol pour soi !
Bruce
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Bises
Jc