Pas de souci, les jeunes, on peut me mettre colère (comme on dit à Chamonix) mais rien ne peut me vexer et je pense avoir assez d'humour pour rigoler quand on me brocarde, pourrais-je d'ailleurs me permettre d'ironiser ici ou là si j'étais vulnérable à l'ironie ?
L'atterro de Planfait -
notre atterro - n'est pas aussi simple qu'il en a l'air et "
notre" plombier en retraite nous a pas mal emmerdés pendant des années mais il faut dire qu'il avait encaissé des parapentistes sur son toit, dans ses courgettes, dans sa piscine et même une fois une Japonaise sur la table où il prenait l'apéro (ce n'était évidemment pas "notre" Seïko bien-aimée). On peut être à cran pour moins que ça et le bonhomme étant du genre "sanguin" cela ne se passa pas toujours très bien.
J'avais un peu bavardé avec lui il y a quelques années, au bar, et je lui avais dit : "vous avez bien de la chance d'être en Haute Savoie parce qu'en Corse votre problème aurait été vite réglé..." et j'avais mimé le geste d'actionner un détonateur, ajoutant "boum, plus de maison, plus de problème". Après un court instant d'hésitation, il avait rigolé.
Je m'entends assez bien avec "notre" plombier, surtout qu'il a fait ma connaissance au fil du temps quand j'attrapais des pilotes indélicats ayant survolé sa maison pour les emmener présenter des excuses. Cela n'a l'air de rien mais des gestes de ce genre adoucissent le caractère un peu grinche (comme on dit à Chamonix) de certains individus enclins à des débordements violents.
Doit-on donc considérer "notre" plombier comme un obstacle dangereux ? A mon sens, non parce que je le connais un peu, mais je ne conseillerai à personne de survoler sa maison en prise de terrain puis de lui suggérer d'aller passer des vacances sur les rivages de la mer Egée.
Survoler la maison interdite n'est certes pas illégal au sens de la DGAC mais les aménagements et la signalétique du terrain ont été pensés pour que cela n'arrive plus.
Nous avions aussi un bosquet de 3 noyers au vent du terrain, qui produisait des turbulences. Ces arbres ont hélas été abattus et maintenant il y n'a plus d'obstacle ni de turbulences, remplacés par une pissotière et un petit déclenchement thermique qui peut surprendre et auquel il faut faire attention.
Bref notre atterro a un plombier atrabilaire et une aérologie plutôt moisie, en partie sous le vent de la butte des Alérions quand la brise est en place, qui demande de l'attention quand "il y a de l'air".
Y faire des exercices de gonflage n'a aucun avenir, c'est trop turbulent pour ça.
On y voit parfois des gags plus ou moins cocasses. Je me rappelle entre autres un lascar s'étant mis dans le bosquet de bouleaux en amont de l'atterro, mon pote "Pasdoué" dans la haie du plombier et moi-même qui, à une époque, suscitais en approche des paris du genre "cratère ? / pas cratère ?" qui faisaient bien rigoler les copains installés au bar.
C'était là l'inconvénient évident, pour les observateurs charitables, du narcissisme boursouflé qui me pousse à marquer mes voiles.
Bon, j'ai dit et répété que je n'aime pas l'atterro d'Aiguebelette, j'enfonce le clou en ajoutant que je déteste aussi le déco. Il est certes très joli et le cadre est splendide, mais les cailloux abrasifs sont de nature à pourrir l'extrados en Skytex 27 de ma chère Diamir. Jje retournerai donc à Aiguebelette avec ma vieille Artik, "pour la finir". Même politique à Plaine-Joux et pour les décos agressifs.
J'ai quand même poussé le bouchon un peu loin parce que je sais très bien décoller d'un site agressif sans transformer le tissu de mon extrados en résille et ma voile en filet à papillons.
Profitez-en bien : je repars demain pour Planfait et pendant 7 mois vous serez privés de ma prose.
C'est fou ce que je vous gâte !