Ton sujet est passionnant et fort à propos. Je t'engage également à prendre contact avec le club de la
Sainte Victoire à AIX en provence et le CDVL 13 qui sont l'image même de ce que l'on peut faire de mieux en la matière
Jc
Salut Jean-Christophe !
Comme tu me tends la perche, je la saisis !
Je suis l'un des fondateurs (il y a 28 ans !) du club "Parapentes de Sainte-Victoire" qui gère le site magnifique de vol que constitue cette montagne mythique située juste à côté d'Aix-en-Provence.
Il y a eu pendant très longtemps un couple d'aigles de Bonelli, rapaces méditerranéens qui ont beaucoup de mal à se reproduire, dont la population, faible (une trentaine seulement de couples en France) a beaucoup de mal à se développer.
Ce couple, qui vivait depuis longtemps dans un endroit très peu fréquenté de la montagne et où ne volaient pas les parapentistes, s'est déplacé (pourquoi ?) il y a quelques années et s'est installé à proximité immédiate d'un chemin de randonnée très fréquenté, de voies d'escalade réputées et à mi-chemin entre deux décollages parapente très utilisés !
Il faut croire qu'ils aiment la compagnie puisqu'ils se sont installés dans un secteur très fréquenté par les randonneurs, les grimpeurs... et les parapentistes.
Depuis 3 ans un second couple d'aigles de Bonelli s'est installé à l'autre extrémité de la montagne à proximité immédiate des 2 décollages parapente les plus utilisés de la montagne !
Le massif est géré par un syndicat intercommunal "Grand Site de Sainte-Victoire" qui est en relation étroite et de confiance avec le club des parapentistes.
Chaque année au printemps ce syndicat demande au club d'interdire, pendant les quelques mois de la nidification et de l'élevage des petits, le décollage situé juste à côté de l'aire du second couple d'aigles et définit un périmètre de protection autour de l'aire (survol interdit à moins de 500 m/sol dans cette zone).
Le club relaie systématiquement cette restriction temporaire : blog du club, liste de diffusion des pilotes du club, panneaux d'interdiction sur le décollage, AG du club...
On constate chaque année que les pilotes sont très sensibles à la présence de ces rapaces magnifiques sur le site et respectent scrupuleusement cette règlementation transitoire.
Le "Grand Site", ne constatant aucune infraction à cette réglementation, remercie chaque année le club du bon respect par les pilotes des accords passés entre le syndicat et le club.
Il est donc tout à fait possible, dans un esprit constructif, de mettre sur pied des règles raisonnables et comprises par tous afin de concilier à la fois la protection de cette espèce lorsque cela est nécessaire et la pratique du vol libre.
Alors qu'il y a environ 5 000 vols par an sur la montagne, les spécialistes qui suivent les différents couples d'aigles de Bonelli dans le département des Bouches-du-Rhône et les départements voisins (il y a plus de la moitié des couples existant en France dans cette seule zone géographique) sont surpris que les couples à Sainte-Victoire se reproduisent chaque année sans aucun problème (2 aiglons pour chacun des deux couples, soit 4 nouveaux aiglons régulièrement chaque année ), alors que d'autres couples ne se reproduisent que très difficilement (0 ou 1 aiglon par an) dans des zones peu ou pas fréquentées par les parapentistes (Luberon, Crête de l'Etoile, Sainte-Baume...).
La cohabitation aigles de Bonelli / parapentistes se passe très bien à Sainte-Victoire : il nous arrivé régulièrement de les voir passer pas très loin de nous en vol, sans inquiétude et sans agressivité.
Et il arrive même qu'ils nous rejoignent dans des zones thermiques dans lesquelles nous enroulons.
A ce sujet j'ai un souvenir personnel tout à fait exceptionnel : il y a quelques années le mâle d'un couple m'a dépassé très lentement, exactement à ma hauteur, certainement à moins de 10 m de moi, puis il est allé rejoindre la femelle le long des falaises (aucune agressivité envers moi, aucun signe de crainte en s'approchant de moi).
Nous (nous étions alors deux en vol à cet endroit) avons trouvé une ascendance large, douce et confortable et nous avons commencé à l'enrouler.
Le couple d'aigles de Bonelli est venu nous retrouver dans l'ascendance et nous avons tourné tous les 4 les uns à côté des autres pendant 2 ou 3 tours, puis ils sont montés comme des flèches (nous n'avons pas le même taux de chute, ni la même vitesse !) et ont disparu rapidement.
C'est l'une des plus incroyables émotions que j'aie vécue dans toute ma vie de pilote.
J'ai beaucoup regretté de ne pas avoir mon appareil photo sur moi ce jour-là !
Marc