Retour d'expérience (plus de 2000 vols, avec toutes sortes de voiles, dont environ 450 vols-rando)
Je pratique régulièrement le vol-rando et la question de comprimer la voile reste présente depuis toujours.
C'est une des raisons pour lesquelles j'avais revendu la sellette Altirando de mes débuts : le sac était trop grand pour l'Ultralite et trop petit pour une voile un peu volumineuse comme l'Artik.
L'autre raison m'est tombée dessus lors du Raid Chamois en octobre 2008 : ce qui allait bien pour une marche normale en montagne était devenu infernal quand je doublais les horaires de montée à la descente, en cause ma rééducation après une terrible fracture du genou l'année précédente. Lors du Raid, l'épreuve de VTT fut un enfer et la montée au col des Frêtes fut épouvantable, avec des douleurs terribles dans le genou, les épaules cisaillées et une gestion des crampes pas évidente.
J'avais quand même remis ça en novembre avec une montée en raquettes à la Balme (sommet des remontées de la Clusaz) dans une neige d'automne difficile, j'aurais été bien mieux avec les skis.
Enorme galère à la montée et souffrance à la descente, parce qu'évidemment le retard pris nous avait fait arriver trop tard pour pouvoir décoller.
Je suis une teigneuse, je ne m'avoue pas facilement vaincue... ma défaite fut avérée fin mars 2009 lors d'une descente à skis de la Vallée Blanche : il y avait trop de vent pour décoller à l'Aiguille du Midi et la descente à skis, sans bâtons dans une neige collante, fut un enfer jusqu'au Requin, après quoi ce fut tranquille... jusqu'aux échelles du Montenvers. La remontée des échelles, avec le sac LOURD qui me flinguait le dos et en grolles de ski, fut infernale. Je me suis alors bien juré de revendre ma sellette Altirando et d'investir dans du matériel léger adapté à la montagne.
Solution au printemps 2009 : j'ai fait faire par RipAir un sac ultra-léger comme ils en ont le secret, en toile de parapente, avec les sangles qui vont bien : anneaux de piolet, de portage de la corde, anneaux de cou pour accrocher le sac d'un côté et engager le piolet de l'autre pour le vol, poches latérales et poches de ceinture. Ce sac, cousu sur une sellette Radicale (ce qui se faisait de plus léger à l'époque) était parfait pour y mettre une Ultralite 19 (ce qui se faisait de plus léger) en configuration rando, en y ajoutant tous les fourbis indispensables en configuration paralpinisme.
Cela me faisait - et me fait toujours - une sellette réversible, d'un joli rose layette marqué à mon nom, narcissisme oblige.
En 2011, je ne pouvais pas mettre l'Awak18 dedans. J'ai donc fait réaliser par RipAir une nouvelle sellette réversible à partir du sac de compression ITV d'origine, en y ajoutant évidemment les sangles diverses. Ce sac est assez grand pour y entrer la Diamir, qui n'entre pas dans le premier sac... dans lequel ma U-Turn montagne entre très bien. Cela me permet de prêter un sac-sellette aux gens que j'emmène découvrir le vol-rando et qui n'ont que du matériel LOURD.
Le sac de compression d'origine, dans lequel me fut livrée la U-Turn, est si petit qu'il faut une presse hydraulique pour comprimer la voile si on veut la faire entrer dedans. A contrario la Skin était livrée (en 2014) dans un sac "immense". L'échange fut fait avec Dan (le père de Julien) pour notre satisfaction réciproque.
Les sangles de "compression" marquent les tissus et je ne les utilise JAMAIS. Je m'en sers comme ceintures quand je mets un pantalon.
En résumé : il faut prendre en compte le volume d'une voile quand on espère pouvoir utiliser une sellette réversible d'origine, aussi peu pratique en vol sur site qu'en vol rando. Je n'ai pas gardé longtemps cette illusion de mes tout débuts et j'ai rapidement investi dans du matériel adapté à chaque usage.
J'ai emmené il y a quelques années les "vieux" Chamois dans la montée à pied au décollage de Montmin/Forclaz depuis Doussard. Seule, je faisais les 800m en 1h15 mais j'ai mis ce jour-là exactement de double, avec sur le dos une Escape réversible contenant une Blacklight 26, secours etc... dont le propriétaire de 8ans mon aîné (
mon Jean si tu me lis) et pas entraîné, portait les 4kg de mon sac.
J'ai pas mal souffert des bretelles me cisaillant les épaules et je conseille à ceux qui songent à investir dans une sellette réversible de faire une marche de ce genre. C'est beaucoup plus efficace qu'un ou deux vols d'essai pour juger de la sellette et de son adaptation éventuelle au cahier des charges qu'on a défini.