J'ai réalisé un vol mémorable à la mi-Août
J'ai déjà posté la vidéo et voici un petit récit du vol.
Pour la vidéo:
http://www.parapentiste.info/forum/videos_de_vol_libre/vols_au_dessus_des_ecrins-t12063.0.htmlJ'étais parti pour quelques jours d'alpinisme et d'escalade dans les Ecrins pour le week-end du 15 Août, mais j'avais quand même pris ma voile, au cas où...
Après une course de deux jours vers la crête des Boeufs Rouges, je n'ai pas su résister à l'appelle du ciel, les conditions ayant l'air vraiment très bonne.
Le dimanche matin, après avoir pris la météo au bureau des guides d'Ailefroide et m'être renseigner sur la localisation de l'attéro à l'office du tourisme d'AileFroide, je rencontre quelques pilotes locaux qui me font la rote jusqu'à Puy Aillaud. J'hallucine un peu sur les objectif qu'ils se donnent (le Pelvoux, la barre des Ecrins, la Meige...) et me demande s'ils sont bien sérieux (j'ai dans l'optique de faire une à deux heures de vol au dessus de Vallouise avec les Ecrins en toile de fond). Je décolle un peu après eux et là tout semble facile. Le thermique du déco me monte jusqu'à 3200m
. Je rejoins la crête de la blanche puis la longe sous les cums en direction des Bancs. Je rejoins le glacier du Sélé en bien moins de temps et d'effort que la veille. Je fais demi tour un peu avant les Bancs, je n'ai pas envie de faire de point bas en fond de vallée... Sur le retour, je réalise mon plus beau plaf sans m'en rendre compte: 4100m, mais vu la hauteur des sommets et des crêtes environnantes j'avais inconsciemment tout décalé de 1000m... Je n'en ai pris conscience qu'un poil plus tard à l'attéro, lorsqu'un ami m'appelle, euphorique lui aussi, pour me faire part d'un jol vol et d'un plaf exceptionnel: 4100m au dessus du Pic du midi
. Tout le long du retour, je n'ai cessé de regarder le Pelvoux si proche, si majestueux. De retour sur la blanche, je pars en direction du Pelvoux pour quelques photos, voire plus. Je serai finalement un peu trop impressionné par le morceau de cailloux
et ferait demi-tour vers vallouise. A l'atterro, je croise un pilote qui a fait un plaf à 4700m au dessus de la brèche de la Meige. Je décide donc de faire une croix sur la grande voie prévu le lendemain pour profiter de ces superbes conditions (pas de vent, très peu de brise et des plafs de ouf) et tenter un survol du Pelvoux qui m'avait fait envie toute la journée.
Le lendemain, j'y retourne avec un objectif clair: le Pelvoux (et si possible la barre des Ecrins). Il est un peu plus difficile de s'extraire, mais les conditions sont toujours là. Après un bon plein, je me lance vers le Pelvoux, où un pilote local est déjà en train d'enrouler au dessus du sommet. La suite du vol se passe comme dans un rêve. Lorsque le thermique m'élève au dessus du sommet
, je m'imagine m'avancer et descendre faire un flare sur le sommet du glacier... Mais il faut savoir être raisonnable et prudent, je ne ferais que le survoler à hauteur respectable. Je me dirige alors vers la barre des Ecrins, plus précisément vers son centre afin d'arriver bien au dessus de la crête. Durant la transition j'ai l'impression de voir passer le pilote local assez bas dans l'autre sens. Se serait-il fait frappé par du vent en tentant de rejoindre la barre?
Les prévisions 15/30km/h de Nord Ouest affichés au bureau des guides rentreraient-ils par bouffes au niveau de la barre? Et qu'en est-il dans ma masse d'air (ça fait un moment que j'ai quitter le niveau 3000m)? Il y a bien des petites barbulles qui s'enroulent sur elle même... Non je continue, je ne me sens pas contré et l'ensemble de la masse nuageuse ne reflète pas un brossage particulier... Au dessus la barre un thermique m'attendait et me monte suffisamment haut pour que je me lance vers le sommet de la barre. Je regarde la trace avec attention en espérant voir une ou deux cordée, mais la trace est déserte. Après réflexion, c'est rassurant de ne voir personne au sommet de la barre à 13h... Le thermique de la barre n'est pas tendre. Serait-ce le météo? Je mettrait finalement ça sur le compte de bouffes venant de la vallée de la Bérarde. Une fois au plaf, je m'écarte du thermique pour faire une petite vidéo panoramique de ce décor grandiose. L'objectif est atteint
et les orages annoncés pour la fin de journée n'ont pas l'air de pointer leur nez
, comment poursuivre le vol...? Rentrer tranquillement au bercail pour fêter ça? Continuer vers le nord ouest pour voir si le plaf de la brèche de la meige est aussi bon que la veille?
Partir vers la meige m'entraînerait vers un massif que je ne connaît pas et m'obligerait à changer de vallée. J'élimine donc cette solution car l'engagement me semble trop grand (j'ai pour le moment toujours été en finesse de l'attérro à vallouise ou au moins du camping d'ailefroide, avec la vache bien connu du pré de madame Carle sur le chemin au cas où).
Je décide finalement de partir vers Ailefroide, en survolant le pic Coolidge que j'avais gravit il y a deux ans. Le glacier suspendu ne m'avait pas semblait fissuré à ce point là, mais ce n'ai pas évident de juger avec la différence de perspective. Je perds de l'altitude durant la transition et l'arrivée au dessus de la crête ne semble pas gagné. Je me rend rapidement compte du cadre dans lequel j'évolue en étudiant les différentes possibilités: passer à travers le coup de sabre (grandiose
), mais le passage risque d'être bien musclé et si je me fais appuyer avant d'arriver à la crête ça sera le sauve qui peut en direction du pré de madame Carle, ou alors je bascule sur les faces sud ouest pour contourner ailefroide: j'aurais plus d'échappatoire et de chance de me refaire, mais si je suis obligé de poser au refuge du Carrelet, il y aura sûrement une bonne tarte aux myrtille et une bière pour célébrer mon vol mais le retour sur vallouise ne sera pas évident... Heureusement, je n'ai pas à trancher et arrive au dessus d'Ailefroide. Le thermique me montera jusqu'à 4700m
(yyyiiiihhhhaaaa!!), et me permettra de continuer tranquillement mon chemin en direction des Bancs. Je continue un peu vers le sud pour longer la crête au fond de la vallée que j'ai explorer la veille, mais ne trouvant rien de probant, j'oblique finalement vers la crête qui redescend vers la station de Puy St Vincent (à cotés de Vallouise). Un peu avant d'arriver sur la vallée de la Durance, je part vers le pic de Montbrison. Là, je croise quelques planeurs et me fait bien taper
(le thermique le plus violent de la journée) sûrement à cause de la brise de la Durance qui perturbe les départ de thermiques. Avec l'attero juste en dessous et toutes ces images de sommets et de glaciers, j'envisage d'aller me poser. Mais les orages ne semblent se manifester que sur la plaine de pau et j'ai encore la patate. Je longe donc la crête vers le nord puis vers l'ouest dans l'optique d'aller immortaliser le glacier blanc
. Je prendrai mes clichés un peu avant les Agneaux. Je me dirige alors tranquillement vers l'atterro et la voiture, enchaîne quelques wings et 3.6 et retrouve le plancher des vaches et ses 35°C (certains campeur ont sûrement du halluciner de me voire garder ma polaire et ma veste pour plier ma voile, ayant bien eu froid là haut).
Un vol magique que j'espérais pouvoir peut être faire un jour
.
J'ai pu faire ce vol car j'ai eu la chance d'être au bon endroit, au bon moment (plus tard dans la semaine David Dagault parcourra plus de 300km dans les Alpes et une dizaine de pilotes poseront au sommet du mont blanc). Je tiens à remercier particulièrement Dame Nature
qui a su m'offrir de bonnes conditions lors de mes différentes découvertes de sites cette année, que ce soit en compète ou non (cham, les Ecrins, la Colmiane, le Devoluy).
Seb
