Les situations de fœhn sont particulièrement dangereuses car il y a des périodes de calme avant la tempête !
J'ai un souvenir précis en tête à ce sujet.
Il y a très longtemps existait, avant la création du "chant du vario", un forum Internet vol libre appelé "ff-vl" pour "forum francophone du vol libre" (il n'existe plus aujourd'hui).
A un moment où je me trouvais à Annecy (donc proche de Chamonix) j'avais proposé sur ce forum un vol collectif depuis le sommet de l'Aiguille du Midi pour ceux qui pouvaient venir facilement jusqu'à Chamonix (vol prévu un dimanche).
La météo du vendredi n'indiquait pas de risque particulier pour le week-end.
Rendez-vous des pilotes le samedi soir à Chamonix et la météo du samedi annonçait du fœhn pour le lendemain dimanche, jour prévu pour le vol.
Je signale aux pilotes présents qu'il est inutile de monter là-haut car le vol sera très dangereux, voire impossible.
Certains pilotes n'étant jamais allés au sommet de l'Aiguille du Midi souhaitent monter là-haut pour découvrir l'ambiance.
On monte donc là-haut : il y a un vent très faible (quasiment nul), mais on voit des nuages lenticulaires en altitude + un front nuageux très important derrière les Grandes Jorasses : il est clair que le fœhn va finir par rentrer et on connait la violence qu'il peut avoir en altitude.
Des pilotes veulent quand même descendre l'arête pour aller voir à quoi ressemble le décollage (en versant sud), et pourquoi pas voler...
Je me refuse à les suivre et déconseille à tous d'y aller.
Trois pilotes descendent quand même l'arête.
Comme j'étais un peu "responsable" de la sortie (je l'avais initiée, mais il était clair que je "n'encadrais" personne, chaque pilote décidant seul s'il volait ou pas), je descends l'arête pour les rejoindre (pas pour voler bien sûr !).
Quand j'arrive au décollage :
- un pilote a déjà décollé (cf. plus bas dans ce message) ;
- un pilote a étalé sa voile, mais ne s'est pas encore accroché dessous ;
- un pilote a étalé sa voile et s'est accroché à sa sellette (il a l'intention de décoller).
Je leur dis que c'est irresponsable de décoller et que le fœhn, qui va rentrer d'un instant à l'autre, va être très violent à cette altitude.
A peine ai-je dit cela que le fœhn rentre d'un coup avec une violence incroyable.
Bilan :
- La voile sans pilote s'envole et bascule dans la face nord où elle restera accrochée plusieurs jours (on préviendra les secours qu'il n'y a personne pendu dessous) ;
- La voile avec le pilote attaché est violemment tirée en arrière et fait tomber le pilote qui glisse sur le dos en remontant la pente.
La face nord est à peine une dizaine de mètres derrière.
Nous sommes deux à ce moment-là à côté du pilote et nous nous jetons simultanément sur la voile pour l'empêcher de partir (avec le pilote) en face nord.
Nous avons eu beaucoup de mal à la replier avec la violence du vent.
- Nous apprendrons plus tard que le pilote qui avait décollé avait subi d'énormes turbulences au-dessus de la Mer de Glace et avait été contraint de se poser en catastrophe sur celle-ci (sans dégâts heureusement !).
Il est clair qu'il ne fallait pas descendre l'arête et surtout ne pas sortir les voiles.
Moralité : lorsque la météo annonce du foehn, on ne décolle pas, même si l'air est calme ! Remarque : plus tard j'ai proposé à nouveau ce vol collectif depuis l'Aiguille du Midi et ce vol a eu lieu le 1
er mai 2005.
Nous étions 19 ce jour-là : très bonnes conditions et vol superbe (en versant sud) avec survol de la Mer de Glace.
Je me souviens que j'avais même fait "fusible" !
Marc