Je vais essayer de raconter le plus objectivement possible la mésaventure qui m'est arrivée le dimanche 21 juin, car je pense qu'elle peut servir pour les rigolos dans mon genre.
L'objectif était de faire l'aller retour st André -Dormillouse. Ci-joint en fin de récit ma trace pour mieux visualiser mon lieu de vachage.
Beau vol pendant pendant 3 h dans des conditions généreuses mais fréquentables. mais sur le retour en essayant de transiter du Trauma au Carton, je vois très rapidement que ça va pas le faire.
En regardant ma trace après coup, il est évident que j' aurais dû assurer un plafond plus conséquent (je pars à 2240) alors qu'à l'aller j'avais fait 2800 sans problème.
Je décide donc de refaire un peu de gaz et de changer d'option. Je remonte à 2100 m et me jette vers l'est . Celle ci se révèle rapidement mauvaise, car ça s'éteint et très vite je comprends que je suis dans la merde et que je vais devoir atterrir avant d'aggraver mon cas.
Atterrissage safe travers pente un peu rapide car légèrement vent de cul à 1850m.
J'envoie un message aux potes partis avec moi pour prévenir que tout va bien, et que je les préviens dès que j aurai rejoint le premier bled avec une route afin qu'ils viennent me chercher si c'est trop galère.
Je plie ma voile, me fume une clope et me mets en chemin.
Comme j ai atterri près d'un ruisseau, je décide de le suivre pour redescendre vers Prads que je connais pour y avoir vaché déjà plusieurs fois pensant me taper une ou deux heures de marche, sanction logique de mon cross pas bouclé.
ET C'EST LA QUE COMMENCE LE MERDIER ! Car ma mésaventure ne concerne pas le parapente en temps que tel , mais plutôt l'inconscience du randonneur inexpérimenté que je suis en pleine montagne.
Je commence donc à descendre le long du ruisseau avec mon sac sur le dos (19 kg) et assez rapidement je réalise que ça va pas être une partie de plaisir. Je dois traverser le ruisseau qui devient un torrent avec des passages limites, mais toujours confiant en ma bonne étoile je continue.
La progression devient de plus en plus difficile. Je regarde sur mon portable archaique pour voir si les potes m'ont répondu et je vois que mon message n'a pas pu être transmis car je n'ai pas de réseau.
Je continue à descendre de plus en plus lentement jusqu'à un passage infranchissable avec le sac.
Toujours pas de réseau et la fatigue commence à se faire ressentir. Je décide de laisser mon matos et de partir reconnaître la suite pour voir si ça s'améliore plus loin.
Ca fait plus d'une heure que je marche je n'ai descendu que 250 m depuis mon atterro.
Ca devient de plus en plus difficile de progresser même sans sac. Je me trouve maintenant devant des gorges impressionnantes (en tout cas pour moi)
Je réalise alors mais trop tard que je me suis jeté dans la gueule du loup, que personne ne sait où je suis, que je n'ai pas de réseau pour appeler les secours et l'apprenti Rambo se transforme en petit garçon qui chie dans son froc.
Je fais une pose et décide de remonter le plus haut possible afin de trouver du réseau et appeler les secours. Je prends mon GPS et de l'eau et je progresse maintenant vers le haut, le long d'un des deux versants qui devient de plus en plus pentu. J'essaie régulièrement de voir si j'ai du réseau mais toujours rien, et je commence à réellement flipper.
Après plus d'une heure de marche avec certains passages qui deviennent de l'escalade (enfin pour mon modeste niveau) je finis par déboucher sur un pierrier au pied d'une barre rocheuse assez épuisé et sans réelle possibilité apparente de progresser plus loin.
Je suis remonté jusqu'à presque 1800 m et enfin j'ai du réseau . J'appelle les secours et la enfin ça capte.
Inutile de vous expliquer mon soulagement ni les détails de notre communication, 35 mn après avoir donné mon point GPS, l'hélico du GPMH m'arrivait droit dessus, virage sur la tranche,stabilisation, descente expresse du préposé à la récupération qui se détache une fois au sol, hélico qui s'éloigne pendant que mon sauveur vérifie que je vais bien et qui m'harnache , retour hélico , descente du ''cable'' de récupération, remontée en duo dans l'hélico, le tout en moins de 5mn.
Une grande reconnaissance aux hommes PGHM de Dignes les bains à qui je suis allé porter whisky et champagne.
Quelques enseignements et résolutions après avoir dé-briefer cette mésaventure avec les secours du PGHM.
ENSEIGNEMENTS
Ne jamais s'engager en montagne dans une descente le long d'un cours d'eau sans visibilité
Vérifier que son message a bien été transmis avant de partir la fleur au fusil.
Monter plutôt vers le haut pour repérer d'éventuels chemins de randonnée balisés
Se débarrasser de son matos dès qu'il y a danger évident.
RESOLUTION
Comme le cross est ma passion et que je ne compte pas arrêter
Acheter une balise de secours satellitaire ,dernier moyen efficace pour déclencher les secours quand plus rien ne capte.
EPILOGUE
Je suis allé récupérer mon matos avec un ''vrai montagnard'' deux jours plus tard .5 h30 de crapahutage pour l'aller- retour par un chemin de randonnée qui passait par un col à 2100 m.
NOTE D'HUMOUR
Mon point d'arrêt le long de la rivière que je longeais se nomme ''LE MAUVAIS PAS''
Ma trace
https://parapente.ffvl.fr/cfd/liste/vol/20283984D.Broussouloux