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Flyin Matmute
Invité
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« Répondre #4 le: 10 Juin 2020 - 20:43:19 » |
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puisqu'on est dans la section récit, voici celui de Max recopié depuis son FB
La Barrière symbolique des 300
"Lorsque des choses sont accomplies, elles ouvrent de nouveaux horizons. Avant, on peut les croire délirantes, ensuite elles relèvent de la normalité.
300 kilomètres ne s'improvisent pas vraiment, sur un circuit bouclé. Cela demande une belle journée, cela demande de voler vite, même sur un parcours réputé facile.
Je tourne et vire la veille entre deux conversations avec Baptiste durant lesquelles nous tentons d'élaborer un plan. Je passe un coup de fil à Lolo Broisin pour prendre infos sur Vormy et l'Arbaron. Je passe peut être 3 ou 4 heures sur des prévisions assez compliquées à interpréter. Le vent de nord-est de basses couches qui persiste depuis plusieurs jours tend à perdre les modèles.
Néanmoins, la masse d'air semble bonne, et je suis persuadé que le secteur à l'est d'une ligne le Môle/Grenoble sera exploitable. Mais gare aux brises de basses couches...
Notre choix s'arrête sur l'Arbaron, plus simple en logistique, dans l'idée d'un record FAI en AR jusque dans le Vercors. Yael se joint à l'idée, puis Louis, Ju et Yoann ! La Dream Team !
Nous quittons Talloires à 6h30, voyons le vent souffler les arbres dans le col d'Evires. Oui, point trop à l'ouest de la ligne définie, il semble !
Après une dizaine de minutes de marche, nous voilà au décollage et les premiers cumulus pointent déjà sur les faces est des Aravis. Il est temps.
L'escadrille decolle avant 9h20, et la tension est palpable. Est-ce que ça va raccrocher en face ?
Finalement, de petites bulles nous permettent de nous maintenir, puis de rejoindre doucement le pied des quatre Têtes. Il n'en fallait pas moins !
Nous pouvons attaquer le cheminement dans les faces est.
J'enclenche directement un rythme soutenu, au barreau dans les faces. Un peu trop, mon régime de vol n'est pas complément opportun et je dois m'arrêter enrouler au col des Aravis alors que Louis et Baptiste nous ont mis une belle leçon de cheminement et filent directement de l'autre côté.
Commence la poursuite derrière et en dessous des deux artistes, ce qui a le don de m'énerver profondément.
Mais c'est tellement fumant avant le Charvin que nous voilà à nous envoler comme des confettis par dessus la pyramide ! Je ne m'arrête même pas finir le plein et continue sur la dent de Cons, sûr que cette fois, c'est bien parti pour battre un record d'ecrasage de barre dans les faces est !
Mais petit malaise en arrivant sur ladite montagne. Rien ne bouge ! Louis et Baptiste attrapent tout juste le cheminement en haut, et 100m plus bas je dégouline et attaque à faire le tour de toutes les combes !
Il n'y a rien de construit et je passe juste au-dessus du col de Tamié dans un très consistant flux de nord. Ça promet.
Yael me rejoint et nous sortons sous le Parc à Moutons. Je persiste à essayer de monter au nuage mais c'est impossible de passer le niveau de la crête. Je dois me résigner à avancer. J'ai pris du retard sur la tête. Il est temps d'arrêter de faire des erreurs !
C'est parti pour l'infâme descente des faces est jusqu'à l'Arclusaz, à mi pente dans une brise de sud déjà extrêmement puissante. Pilotage au pieds, aux B, et quand ça commence à craindre vraiment trop, on saute sur les freins ! Pas de tout repos et les avants bras commencent déjà à se tendre.
Le nord dégouline du col du Frêne. Je m'arrête juste après pour monter avant Montlambert. Aux premières loges pour voir la brave Enzo de Rémi Bourdelle lui tomber littéralement dessus. J'en laisse échapper un bon "putain l'enc... Le vrac de l'espace" mais il s'en sort assez in extremis. Une belle boule des familles !
Ensuite je connais le mode d'emploi. Alors que Baptiste et Louis filent sur la Savoyarde, je m'en vais sur le crochet Gallopaz. Ça marche mais c'est mou, et venté. Ça commençait bien cette histoire, mais c'est quand même moins bon d'un coup !
Nous partons sur la transition vers la Chartreuse avec Yael et Yoann. 2 ou 3 kilomètres avant St Marcel, un fort flux de nord-ouest nous fait craber alors que nous ne sommes déjà pas bien haut. Les amis, le raccrochage va être épique !
Le flux tombe du premier plateau. Il n'y a pas moyen, je poserai pas là. Je me colle aux arbres et essaye tant bien que mal de garder ma brave Enzo ouverte. C'est du très lourd. Yael s'écarte, Yoann se fait vomir. Mais je peux profiter d'une espèce de vague dégueulasse qui me remet au niveau du plateau d'où je peux regarder les deux compères poser à l'arrêt dans la brise extrêmement forte. Je continue mon chemin en espérant que le wagon suivant pourra sortir de là !
J'avance sur le plateau et me fait envoyer comme il faut. Je ne peux quasiment pas attraper le barreau tant c'est turbulent, mais les vitesses bras haut sont de l'ordre de quasi 70 km/h. J'ai presque une hésitation pour la suite, est-ce bien raisonnable ? Mais c'est exactement ce genre de moment où il faut serrer le jeu et penser la masse d'air de manière différente : ne pas faire trop de prospective, ne pas chercher à prédire l'avenir, juste à faire les bons choix en cet instant pour continuer à avancer en sécurité.
A la première occasion, je me remets sur la marche du haut. Bon move ! Cest déjà bien plus confortable, hors de la vallée et je peux de nouveau penser sereinement. Louis et Baptiste s'en sont apparemment sortis derrière et me poursuivent. Cool !
Le St Eynard est fort. Je lâche à deux reprises le barreau dans des 8m/s qui m'arrachent les bras pendant que je réfléchis à la suite des événements.
Le nord du Vercors ne me dit rien qui vaille. Il semble lavé par le vent et avec le petit plafond en Chartreuse, je crains beaucoup la brise de la vallée qui mène de Voiron à Grenoble. Vu ce qu'on a vu au nord du Grésivaudan, elle doit être infréquentable ! Je ferai donc demi-tour à la Bastille pour aller chercher le 300 kms dans le Chablais, un plan alternatif que j'avais déjà en tête.
Je croise Baptiste et Louis au retour qui vont faire la Bastille. Dans un gros thermique qui passe, je vérifie qu'ils m'emboitent bien le pas. C'est le cas. On remonte au Nord !
De retour à la Dent de Crolles, nous attaquons le cheminement toujours assez spécial avec du nord ouest, entre cheminement sous le vent et soaring sur la langue du plateau en ouest.
Néanmoins, la bonne nouvelle vient de notre moyenne horaire qui tutoie de nouveau les 40km/h.
Quelques tours à la Savoyarde, puis jeté en règle sur la Gallopaz pour s'offrir l'entrée des Bauges.
Le Colombier est hors cycle quand nous y passons avec Baptiste, et nous perdons quelques minutes.
Un boulet de canon me permet de rejoindre Louis pour partir vers le Charbon, alors que Baptiste prend le Julioz.
Le nord se déverse du col de la Bornette et nos voiles tanguent face au vent. Encore un coin bien velu !
Il n'y a personne en l'air sur Annecy, ou presque, et le lac semble secoué par le vent.
Le pic des mouches puis la Tournette sont en effet bien ventés mais en haut tout va mieux.
Le Lachat de Thônes est bon et nous attaquons le Roc de Charmieux.
L'endroit est carrément mal famé, nous sommes scotchés dans le Nord et le dynamique est turbulent.
Je me cache dans la face sud du col qui débouche sur le lac de Lessy et peut enfin passer du bon côté suivi des deux copains.
Nous perdons Louis au Jallouvre, légèrement hors cycle et transitons sur Orchez avec Baptiste.
L'accueil y est de nouveau venté. Mon Oudie m'indique quasiment 30 de dérive. C'est rare qu'il me dise ça.
J'appréhende le Marcelly où Baptiste se dirige. Le Marcelly et les brises fortes... C'est toute une histoire ! On va se faire bouillave !
Mais c'est en fait un charmant thermique qui nous accueille et nous ramène au plafond ! Va comprendre !
Enfin, le Chablais ! Le ciel est magnifique, matérialisé de beaux cumulus en son cœur, ce qui laisse imaginer un vent de nouveau plus faible !
Néanmoins le Roc d'Enfer, comme souvent, nous la fait à l'envers ! Nantaux nous récupère après une transition où Baptiste me pulvérise ! J'aime pas ça, il faut que je recale cette voile !
Je me méfie toujours de la face ouest du Mont de Grange, mais elle coopère et permet d'enchaîner sur une magnifique confluence vers Châtel et un énorme thermique à Morclin que Baptiste me marque ! Une plume côté Suisse, et demi-tour ! Si ça rentre, ça fera plus de 300kms m'indique l'instrument !
Le ciel du retour est superbe. Je prend un magnifique cycle dans le dos de mon compère avant les Portes du Soleil et enchaine sur une superbe rue jusqu'aux Hauts Forts où je suis rejoint dans un secteur assez mou.
La convection commence à baisser.
Même chose en face mais nous pouvons glisser au déco de Samoëns. Je reprends une branlée en transition ! Non mais oh, c'est fini oui !
Du coup, je bafouille un peu mon raccrochage mais sans frais. Je passe cinq minutes derrière Baptiste au dessus du décollage des Carroz avant d'attraper le dynamique de l'Arbaron pour un bouclage tout en douceur !
À l'atterrissage, nous retrouvons Louis qui est rentré plus tôt. Nous sommes heureux de notre vol, mais aussi unanimes sur les conditions: ça ouvrait sévère aujourd'hui et la fatigue qui retombe est la preuve de la concentration de tous les instants que demandait ce vol. Mais avec un peu de combativité et un objectif clair, il est toujours possible de trouver les bonnes ressources pour se faire un peu violence dans les moments compliqués."
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