Eh bien, je viens de terminer mon tout premier SIV au lac de Kizaki. Vous ne savez pas ou c'est? C'est pres de Nagano, au Japon, la ou les Jeux Olympiques d'hiver de 1998 se sont deroules
Ici:
https://goo.gl/maps/DLajP3TDwvb2J8vx5Je vis au Japon, et c'est donc la que j'apprend le parapente, depuis Septembre l'annee derniere, a une ecole proche de Tokyo. A cause de ca, tout mon vocabulaire de parapente est en japonais, et en anglais - je m'en excuse d'avance.
Le programme de SIV etait fixe sur des exercices simples, mais la beaucoup etaient nouveaux pour moi. Voice la liste:
- tangage, roulis, grandes oreilles
- fermeture asymmetrique: 30% (3 lignes des A) et 50% (4 lignes des A)
- fermeture frontale, normale et acceleree
- decrochage aux B
- verification du point de decrochage (on releve les bras au moment ou l'aile commence a fremir et s'apprete a decrocher)
- decrochage (on garde le meilleur pour la fin - et ca ne s'est pas passe parfaitement)
J'utilisais mon aile habituelle (Air Design Eazy 2, EN-A) avec une nouvelle sellette que j'ai achetee il y a quelques semaines, une Wani Light 2 (J'adore faire du hike and fly). J'ai pu voir pendant le SIV que j'ai un peu de mal a placer mon poids de facon mesuree sur le cote de la sellette, donc je vais faire des ajustements sur un simulateur plus tard.
J'arrive le premier jour apres 4 heures de conduite, pour constater que le site est bien plus hospitalier que celui de mon ecole (au Japon on reste attache a son ecole jusqu'au IPPI 4 - et ce niveau ne sera delivre que apres 300 vols au moins apparemment. Tant qu'on a pas ca, on n'est pas autorise a voler en independence complete, et tous les sites nous refuseront acces si on n'est pas accompagnes par notre moniteur. C'est un systeme tres different de la France): l'atterro est long et large (joli rectangle de 150m x 35m), et sans obstacle. Et le vent souffle generalement le long du terrain! Ca change de mon terrain habituel, qui est petit, deforme, entoure d'obstacles, et prone aux thermiques! Et puis il y a un tres joli lac en prime
A savoir: le SIV n'est pas un stage comme en France, mais fait partie de l'entrainement de l'ecole et se fait avec les autres eleves de l'ecole. Il ne coute quasiment rien (genre 190 euros pour deux jours, hotel et repas compris). On ne peut pas faire beaucoup d'exercices durant chaque vol a cause de l'altitude relativement faible au-dessus du lac (contrairement a ce que je vois sur les stages de SIV francais), et il n'y a pas de grosse camera avec super zoom.
Malheureusement, le vent est Nord et beaucoup trop fort, donc on ne peut pas faire de SIV ce jour la (on pourrait, mais le vent ne nous laisserait pas atteindre l'atterro). Qu'importe, on va faire des vols normaux a un autre site, le site de Ikusaka (
https://goo.gl/maps/PYxTw3eKaT699M9C6). L'aterrissage est en bord de riviere, avec un vent laminaire constant, c'est un vrai delice. Et le vent de crete est glorieux, c'est un plaisir de se faire porter tout le long de cette longue crete (encore quelque chose que je n'ai pas a mon site de l'ecole). Donc un premier jour de relaxation, qui est stressant au debut (nouveau site, et on n'a pas envie de se retrouver dans la riviere!).
Le deuxieme jour, le temps est parfait, et on peut commencer les exercices de SIV. On fait du tangage, du roulis, et des grandes oreilles pour se mettre dans le bain (plutot que dans le lac!). C'est la que je prend conscience que j'ai du mal a gerer bien le poids dans cette sellette: avec mes mouvements habituels, j'amplifie le roulis trop vite, et je dois arreter l'exercice en avance. Je me rendrai compte le lendemain que en insistant plus sur la gestion du poids, et et mettant moins d'amplitude sur les commandes, je peux faire un exercice de roulis plus progressif et comfortable. C'est tout de meme un point que je vais retravailler a l'ecole et au simulateur (le truc sur lequel on peut suspendre une sellette pour l'essayer, je ne sais pas si c'est le meme mot en francais).
Puis on passe aux exercices que je voulais vraiment faire: fermeture 30% et 50%. Ca se passe tres bien, et c'est tres calme. Il est relativement facile de maintenir le cap, et l'aile vole quasiment normalement. C'est quand meme impressionant. On ne fait pas d'exercice d'auto-rotation parce que le vent du jour nous fait arriver au dessus du lac a une altitude assez faible. Mais au moins je vois qu'une fermeture asymmetrique, c'est jouable. Et mon aile se retablit des que les A sont relaches.
L'exercice suivant est une fermeture frontale, et la encore, ca se passe bien. Il est impressionant de voir la vitesse avec laquelle l'aile se regonfle et revole proprement apres une fermeture. C'est bon de savoir l'impression que ca donne niveau fermeture. C'est soudain est ca fait peur, mais ca se retablit tres vite. Par contre si ca se passe proche du sol....
Malheureusement, apres ces exercices, le vent change, et le vent Nord se declenche (vent de vallee alimente par la mer du Japon, au Nord). Donc on arrete les exercices. C'etait cependant une journee tres productive, et ca aide a voir comment l'aile reagit a toutes sortes de situations.
Le jour suivant, c'est le grand jour des decrochages. On commence par un vol de tangage et de roulis pour se rechauffer, puis on enchaine sur un vol de decrochages aux B. Je trouve ca fascinant, mais ca fait peur de ne plus sentir de vent sur son visage! Cependant, je trouve ca tres utile, si jamais il semble urgent de perdre de l'altitude (les spirales c'est pas encore possible pour moi!). 3 decrochaches aux B, avant de passer a l'atterro (y compris un pose pile poil sur le centre de la cible posee la, ca fait toujours plaisir).
On enchaine ensuite sur un vol qui me stresse beaucoup plus: un exercice de presque decrochage, ou l'on descend les mains jusqu'a ce que l'on voie les bords de l'aile fremir - et on releve alors les mains juste avant le decrochage. Alors que je me dirige vers le lac, je m'entraine a glisser ma main droite vers le secours - j'ai pas super confiance. Mais au final tout se passe bien - je peux voir le moment ou la voile va s'appreter a decrocher, et je remonte bien les mains pour eviter ca. Tres instructif.
Et la c'est le dernier exercice, le decrochage. La video du sol est ici:
https://www.youtube.com/watch?v=eLIzzFv8OI0C'est ce qui me stressait le plus, et ca a ete absolument terrifiant pour moi. Je ne m'attendais pas a ce que le decrochage soit aussi soudain, et la sensation de tomber en arriere etait vraiment vive et surprenante pour moi. Ensuite, garder les freins bas pour rester en decrochage c'etait dur (l'aile voulait vraiment revoler), et apres quelques secondes de decrochage, enfin je releve progressivement les mains, je sors du decrochage (sans marche arriere), et... j'entre dans un spin (une vrille en francais?) gauche.
Je me souviens d'avoir ete twiste, de voir mes suspentes proches du twist, d'essayer d'y resister, puis l'instant suivant je vois que mon aile est devant moi (je n'ai pas du tout capte l'abattee donc je ne l'ai pas freinee - dans mes souvenirs je me souviens du twist puis de la voile devant moi, mais pas de l'abattee elle-meme!). C'est marrant quand meme, parce que durant l'instant ou je vois l'aile devant moi, je note que la demi-aile droite en particulier fremit et est proche de la fermeture, et je me decale sur la gauche de la sellette instinctivement au meme moment que je fais la tempo bien trop tardive (mais a nouveau, je n'ai pas du tout capte l'abattee, et dans mes souvenirs, elle n'existe pas, comme si cet instant avait ete gomme).
Apres l'abattee il faut juste gerer du roulis et tangage simple, donc je me debrouille mais oulala que de sensations fortes. J'avais encore un peu d'altitude, donc j'ai pu souffler et me remettre en peu avant d'engager ma PTU, ce qui etait pour le mieux.
Je ne suis pas sur de la raison de mon depart en vrille, mais je pense que ca a ete une asymmetrie de controle, ou meme un desequilibre sellette. J'espere pouvoir reessayer durant un prochain stage SIV.
Le jour suivant, on a pu voler normalement sur le site du SIV, et sur un autre site qui est une piste de ski en hiver, avec des vues magnifiques des Alpes Japonaises.
Au final c'est un retour tres positif de ce SIV, ou j'ai appris beaucoup de choses (et notamment que la voile au final, elle sait voler toute seule tant que tu la temporises aux bons moments). Mais ici, virages dynamiques, 360 engages avec sortie chandelle... Ca a l'air inconnu au bataillon. Donc j'espere egalement un jour faire un SIV en France.
