Flyin Matmute
Invité
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« le: 05 Mai 2019 - 20:24:03 » |
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"le bonheur est une petite chose que l'on grignote, assis par terre, au soleil" J. Giraudoux
le 06/03/2019 Y’a des jours comme ça, où t’as l’impression que la vie ne te fait pas de cadeaux. Où les soucis au boulot se télescopent avec tes soucis de santé. Où des espèces de vieux démons viennent te harceler et tu n’arrives pas à t’en dépêtrer. Tu résistes, tu résistes tant que tu peux. Et puis y’a des périodes plus dures que d’autres, où t’as *vraiment* l’impression que la vie ne te fait *vraiment* pas de cadeaux, et que t’arrives plus à tenir, t’arrives plus à écoper, à guérir. Alors tout se casse la gueule : le moral, le mental, le corps qui dit stop. Tu touches le fond, tu laisses béton. Pause. Alors là, la vie -peut-être parce que tu tiens à elle au fond- alors elle te montre une petite porte entrouverte. Derrière cette porte, un jardin. On m’a dit : « Ce jardin c’est votre âme : il faut le cultiver ! Attention, il est secret ». Te voilà avec ton terrain en friche, promue Grand Jardinier. Que va-t-il se passer ? Être en vie te permet de percevoir la bienveillance de tes collègues, de tes ami.e.s, de tes proches. Ils te laissent t’organiser, ils te disent juste « on est là ». Toi t’es trop occupée à bêcher, à désherber, à semer. Mais petit à petit, tu ressens les bienfaits de ce jardinage forcé ; tu caresses l’écorce des arbres, tu cueilles un fruit mûr. La vie ce sont ces rayons de soleil qui percent à travers la canopée, c’est cette brise qui soulève tes mèches de cheveux. Ça prend du temps d’aller mieux ! Et puis la vie, elle est pleine de péripéties alors quand tu réalises que ton nouveau traitement ne tient pas ses promesses, t’enchaînes les prises de sang… t’as les boules forcément et tu te dis que ton moral va suivre ton état de santé qui est en chute libre. Et en fait non. T’as un sacré petit jardin maintenant, et le soutien de ceux qui te sont chers. Et en fait, tu kiffes ces nouvelles journées sans prendre une seule gélule ! Lecture dans mon bain. Gros chat dispo pour faire des câlins. Et même l’envie de peindre me revient. Lundi, la leucopénie est enrayée, les chiffres se sont stabilisés. Je réussis même à me faire à manger ; je me couche « libre, imparfaite et heureuse », je l’ai noté dans mon carnet. Mardi, le médecin m'autorise à refaire du sport : je peux reprendre mes activités préférées. Et là, tu te dis que la vie elle te fait un put*** de cadeau, tu chopes ta voile et tu montes au déco. Le ciel est orné de cumulus brossés par le vent, tu ne t’es jamais sentie aussi vivante. Quand tes pieds quittent le sol : c’est un cadeau. Quand tu prends de la hauteur : un cadeau. Quand tu croises des copains en vol : un autre cadeau. Faire des « huit » sur les gencives de la Dent de Crolles, arriver à la hauteur de sa croix, monter jusqu’au nuage : ding ding ding ding jackpot ! ou plutôt bip bip bip biiip thermiiique!
C’est vrai parfois on a l’impression que la vie ne nous fait pas de cadeaux, alors il faut d’autant plus savoir apprécier quand elle nous en fait. Merci aux coupaings, à mon labo et à ma famille.
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