Quel mercredi... Mais QUEL MERCREDI!!!
Ça partait plutôt mal, sur le site de mon école, le vent était nul et il n'était pas garanti qu'on puisse voler. Nos formateurs, bon pied, bon œil, ont donc décidé tout de go d'aller voir ailleurs si le ciel était moins clément. Direction la
Serre de Barre en Ardèche où j'ai eu la joie et l'avantage de faire mon tout premier plouf début Aout. Mais aujourd'hui, j'ai quelque ploufs à mon actif et je commence (ce qui paradoxalement m'inquiète) à me sentir plus à l'aise sous ma voile.
Petite visite de l'atterro avec les trois stages Initiation, révision du plan de vol, prise de repères, de quoi se préparer un vol bien serin. Et nous voilà tout les 6 dans le camion a grimper vers le décollage. Dans le vieux boxer poussiéreux, l'excitation le dispute à appréhension bien compréhensible des nouveaux. A peine sorti du van, un petit briefing, révision du plan de vol et tout le monde se prépare. Je m'isole dans ma prévol pour ne rien oublier et me voilà, sanglé dans ma sellette, nez au vent et voile en boule a profiter du paysage.
On a deux partenaire de dernière minute qui flâne au dessus de nous en profitant des courants chauds, deux vautours fauves nous montre ce qu'il faut faire pour rester en l'air, ce qui n'aura pas échappé au moniteur, ni à l'amoureux de la nature qui se tiens actuellement près à les imiter.
Comme le risque que les conditions se renforcent avec l'heure avançant est bien réel et que je suis le "plus" expérimenté (ce sera mon 13e vol... rien de remarquable, mais pour moi ça compte!) je partirais en dernier. Les deux inits se mettent en l'air sous les conseil avisé de notre formateur qui en profite pour leurs faire prendre un peu d'altitude en leur faisant, sous radio-pilotage, enrouler leur tout premier thermique. Après un décollage chaotique d'un troisième élève et un décollage propre d'une pilote en perfectionnement, c'est mon tour.
Le vent est faible à moyen, la pente est raide et le déco court, je demande à mon formateur si je peux tenter le face-voile (déjà testé avec de bons résultat sur d'autres déco). j'ai l'accord, je me lance, je vérifie une dernière fois que mes 3 points d'attaches sont bouclés, que mon casque est ajusté et que mon secours est toujours en place, je pose mon bouchon en haut de piste, je pré-gonfle avec une certaine satisfaction du travail bien fait, un dernier coup d’œil autour de moi, le ciel et la piste est dégagé, le vent est juste comme il faut, c'est le moment.
La voile se soulève sans effort, elle a autant envie que moi de quitter le sol, on va bien s'entendre du coup! Je la réceptionne, me retourne calmement dans les suspentes, corrige légèrement le cap pour être face à la pente, charge ma ventrale, trois pas, je suis en l'air. J'attends un peu d'être suffisamment loin des reliefs et bascule dans ma sellette sans effort. Mon formateur m'a indiqué d'aller chercher le thermique et j'ai bien observé tous les volatiles présents sur le site avant moi.
Je profite du vent de relief qui me fait prendre très vite une centaine de mètres. La crête est maintenant sous moi, le formateur me laisse la main : "vas-y, tu peux essayer d'enrouler le thermique, je mets la dernière en l'air et si y'a besoin, t'inquiète pas, je te quitte pas des yeux!"
Je m'applique donc avec beaucoup de sérieux. Je sens que ça monte, je compte trois, j'enroule face au vent. Je joue avec les frein pour tenter de contrôler les abattées. Comme on me l'a expliqué, je navigue au taux de chute mini et je vire plus en relevant la main extérieur qu'en abaissant l'intérieur, j'essaie de serrer le virage en vent arrière et de l'ouvrir en vent de face, bref, je ne suis plus que concentration.
J'ai perdu le compte du nombre de tours que j'ai fais sur moi-même mais pas mon cap ni la conscience aiguë que le relief s'écarte sous moi. Quand du coin de l’œil je m’aperçois qu'un sympathique petit cumulus est très proche de moi je percute enfin...
Je suis SUPER HAUT EN FAIT!!!
La petite seconde d'euphorie (méritée) passée, je me re-concentre. D'ici tout est minuscule et mes repères sont tout de même un peu bousculé. Je m'attendais pas à voir le monde d'aussi haut aujourd'hui. Mon formateur me demande de mettre le cap sur la tour de pompier et de suivre la crête ce que je fais de bon coeur mais, perturbé par la parallaxe, je resterais très loin devant. J'irais ensuite me balader au dessus de la plaine, en me rappelant de jeter régulièrement un œil à l'atterro qui d'ici ressemble à un cornflakes puis, les conditions commençant doucement à forcir à l'atterrissage, on profitera de la hauteur pour travailler les oreilles et le roulis aux oreilles.
Je fais ma prise de terrain sous contrôle radio et la vigilance de mon second formateur qui n'aura pas à me corriger beaucoup et je rejoins enfin le plancher des vaches, un peu brutalement puisque j'ai selon toute vraisemblance mis mon dernier coup de frein trop tôt.
Ma voile a nouveau dans son sac, je fais le point... je n'avais pas d'altimètre, mais si on considère que j'ai, d'après mes moniteurs, presque atteint le plafond, je suis monté à presque 1300m...
Vraiment, une superbe matinée qui va me rester longtemps en tête!