Attention, récit pas drôle.
J'ai hésité à le poster, mais je pense qu'on peut en tirer des enseignements. J'essaie d'être factuel et de ne pas porter de jugement, chacun se fera son opinion, et honnetement, ca me fait du bien d'extérioriser (même si j'ai eu Eddie au téléphone et que je remercie pour son soutien).
De retour de Barcelone, Je ne pensais pas voler, ou alors un petit tour à Leucate, mais Eddie, qui a foiré son cross à Tuchan m'appelle pour me dire qu'ils vont à Peyreperthuse ce soir... Bon, ca me fait faire un détour, mais j'ai bien envie de voler dans le coin !
A 15 minutes d'arriver, Eddie m'appelle pour me dire qu'ils ont pas assez d'essence, et qu'ils rentrent sur Narbonne, mais m'explique comment faire pour aller au déco. Bon, je serai seul pour ce vol du soir.
A l'attéro, un local pose et un autre est aussi là. Ils me disent que ce sera bon, je vais m'eclater... cool ! Le temps que je monte, que je me prépare et que j'essaie de lever ma voile dans un vent bien travers, ils me rejoignent au déco. J'étais sur le point de replier car je trouvais pas le déco super alimenté et ne le sentais pas trop tout seul (j'aime partager le plaisir du vol).
Finalement, avec l'aide des locaux, j'arrive à décoller et je tache de me coller au relief a gauche pour monter... à peine arrivé au gros rocher dont m'a parlé Eddie, je tourne et me prends les 3/4 de l'aile sur ma tronche... donc pas loin du relief... décidément après mes aventures sous le vent, ca commence à faire !
Par endroits, ca monte très fort, et le vent n'est pas très régulier. Je suis donc sur mes gardes, mais globalement, c'est gérable. Je suis en l'air depuis un petit quart d'heure quand en repassant au dessus du déco, je vois un gars qui débarque, visiblement pressé de se mettre en l'air et qui me dit quelque chose que je ne comprends pas. Apparement, il est là avec sa femme.
Bon.
Je me promène le long de la crete sans chercher à aller trop loin, prend quelques photos, puis je me dis que je pourrais aller prendre en photo le gars au déco derrière moi, qui se prepare depuis quelques minutes maintenant. Je me retourne, et là, c'est le drame : je vois la voile rouge qui vient probablement de décoller, aller en direction de la pente très vite et s'affaler brutalement !
Retour à la pente.
Le temps de faire demi-tour, Je passe au dessus et la vue du corps inerte allongée me glace le sang ainsi que le long cri strident et affolé de la femme qui accourait vers lui... Je lui crie que j'arrive, tente une alerte sur la fréquence ffvl mais sans retour à cette heure tardive.
J'hésite à tenter une repose au déco, mais il est etroit et c'est vraiment pas ma specialité ; je me dis qu'un accident suffit et que l'attéro n'est pas si loin (il doit etre 200m au dessous). A cette altitude du sol, je suis incapable d'envoyer des 3-6, je descends donc aux oreilles.
Au moment ou je pose, une voiture passe, je fais des grands signes, laisse mon parapente en vrac sur l'attéro (et perds un gant et mes Ray Ban dans l'histoire). Je hurle qu'il y a eu un accident et qu'il faut me remonter pour porter assistance.
3 minutes plus tard, je suis au déco, et je constate que la femme du gars a trouvé des touristes qui avaient un portable ; elle me dit qu'il est vivant mais inconscient. Ouf. Les pompiers de Tuchan sont au bout du fil, c'est un pompier parapentiste, je lui explique ou a eu lieu l'impact en même temps que je m'y dirige. Je constate que le gars a du percuter un buisson qui a amorti sa chute, il est allongé au bord et ne semble pas avoir de membres cassés. Il est conscient car il a un oeil ouvert qui me regarde, mais il ne peut parler. Il cherche à bouger et se contorsionne, je lui dis de ne pas bouger. Au bout d'un moment, il arrive à dire qu'il a beaucoup de mal à respirer, ce qui est normal vu le choc thoracique qu'il a du encaisser.
En attendant les secours je lui parle comme je peux, avec sa femme. Il arrive un peu à parler, mais ne se souvient de rien. Les secours viennent relativement rapidement, suivis par l'hélico, qui l'emmenera à Perpignan. Ils parlent d'un eventuel traumatisme cranien, mais on ne peut rien diagnostiquer tant qu'on a pas fait de scanner. Le temps qu'ils preparent le treuillage, je redescends chercher ma voile, puis je demele et replie la Sigma 5 du gars.
J'apprends que le gars vient des charentes maritimes, vole depuis trois ans, et surtout n'a aucune sécurité sociale (oui, c'est possible) et a une licence FFVL de base ; Le tour en hélico et les soins vont lui couter cher !
La soirée se termine à l'hopital de Perpignan ou j'amène la femme, puis je reprends la route pour rentrer chez mon pere à Montpellier ou je serais à minuit.
J'ai appelé ce matin pour avoir des nouvelles : le gars n'a pas de traumatisme cranien, mais des cotes cassées et un
pneumothorax . Il devrait donc s'en sortir, meme si ca reste à surveiller.