J'ai porté secours plusieurs fois à des personnes accidentées, d'abord en haute montagne puis en parapente.
Je ne suis pas émotive et je ne perds pas les pédales quand il faut secourir quelqu'un, ce que je considère comme un devoir.
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Mon premier secours, ce fut un sauvetage en crevasse sur le glacier d'Argentière, j'avais 21ans et je n'ai pas hésité à descendre dans la crevasse pour aller chercher un gugusse qui flânait le nez au vent sans être encordé. 35m de profondeur. Il était encore vivant mais salement amoché, on l'a sorti au moment où le PGHM arrivait.
Bilan : 14 fractures et une arrivée à l'hôpital à 32°C, son pronostic vital était excellent.
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J'en ai fait un autre aux Grands Montets, le gars s'était mis dans un pot en monoski sous mes yeux, bien cassé mais vivant. J'avais laissé ma femme sur place pour baliser la crevasse, j'étais descendue à toute vitesse pour prévenir les secours et remontée avec eux.
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J'ai fait pas mal d'exercices de sauvetage quand j'étais alpiniste, c'est très important.
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Passée au parapente, j'ai récupéré X pilotes dans les kékés sous Planfait, certains assez cassés pour appeler Dragon, les fortes suspicions de lésions vertébrales interdisant le transport dans l'épouvantable camion des pompiers.
Premier souci : ne pas se faire mal en portant secours, il faut être très froid et lucide avec soi-même.
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Je pense que le premier "geste qui sauve" consiste à évaluer l'état du blessé, notamment au niveau des vertèbres (mon grand-père est mort comme ça, lors d'un accident de side-car, parce que mon oncle tenta de le relever). On ne déplace
JAMAIS un blessé, on le protège. Je l'empêche de bouger pour lui éviter de se faire encore plus mal et je lui parle, et plus il souffre plus je l'empêche de bouger. Ce sont les sauveteurs qui feront le nécessaire, en commençant par une piqûre de morphine, et je suis toujours prête à apporter mon concours, par exemple pour le lever et le déposer dans la perche Piguillem.
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Le sang, les plaies, les fractures ne me font pas tourner de l'oeil, il y a mieux à faire. Je me rappelle avoir aidé un guide au refuge de l'Aigle, qui s'était luxé un doigt en dérapant sur de la glace. Je lui avais dit ce qu'il devait faire et une fois son doigt remis en place je lui avais fait une attelle avec une petite cuiller et de la bande Velpeau. Le lendemain matin, il était déjà descendu à l'hôpital de La Grave et nous avions "descendu" son client au Villar d'Arène.