Salut Marius, je te citais sur un précédent fil de discussion.
Cela me fait plaisir de voir que tu vas bien.
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Ma copine de jeunesse, qui a quitté Orléans pour Voiron, vient de se faire appareiller le 2ème genou, elle avait parfaitement récupéré après prothèse du 1er : elle n'avait pas encore repris l'escalade de blocs (à cause des chutes) mais elle grimpait en tête de cordée en falaise, elle skiait et elle faisait de la rando... en souffrant à la descente, cela ne fit qu'empirer depuis sa jeunesse. Il ne fait aucun doute qu'une fois la rééduc bien achevée, elle grimpera à nouveau, elle fera du ski et de la peau de phoque.
Ce n'est pas un genou en rideau qui peut éteindre une passion.
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Ma passion de l'escalade s'est pourtant éteinte brutalement à Noël 1993 suite à une paralysie atrocement douloureuse (3 semaines sous morphine) qui rendit indispensable une chirurgie très dangereuse de la colonne vertébrale. Le L5-S1 n'étant plus là pour amortir les secousses, c'est le L4-L5 qui fait ce qu'il peut, j'ai donc cessé de grimper à Bleau et pendant des années j'ai eu une sorte d'inquiétude quand il fallait courir, porter, soulever une charge, nous sommes très nombreux à connaître ces limitations.
Il me fallut 3 ans avant de remonter sur ma moto et 5 avant de remettre des talons aiguilles.
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Après ma fracture du genou d'octobre 2007, le chirurgien d'Annecy m'avait dit de penser à une prothèse dix ans après. Pour l'instant tout va bien mais j'écoute mon genou quand je fais des efforts, je ne cavale plus comme avant dans les descentes... enfin je faisais quand même encore 1200m/h en 2015 (700 à la montée), je n'ai pas refait de descente depuis.
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Notre ami Jean, qui passe parfois sur ce forum, a eu un très gros souci il y a dix ans et on lui a mis une broche dans la jambe. Ce fut un grand moment quand il a repris l'air, j'aurais bien aimé être là. Il a 8ans de plus que moi et il ne vole plus beaucoup mais il vole quand même, cet ancien parachutiste militaire n'a jamais su se mettre aux activités plan-plan des petits vieux plus ou moins assistés.
mon Jean.
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Notre ami Paul a eu lui aussi des gros soucis, en commençant par un double pontage coronarien, puis il y a deux ans il en a eu d'autres, mais le diable vole quand même, sous des voiles qu'il a dessinées, coupées, cousues et mises au point lui-même.
mon Paul, tu es un GRAND.
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Pour aller dans le sens de Marius, je faisais comme lui en 2008 avec de la ferraille dans le genou gauche (2 plaques et 12 vis) : je posais le pied droit avec le pied gauche en l'air, je laissais déraper et je posais la sellette en douceur, l'esthétique on s'en fout quand on se protège.
Après ma fracture de la cheville droite de 2011, j'étais très inquiète à cause de la ferraille (une plaque et 7 vis) et j'avais repris skis aux pieds, puis très peu volé, uniquement quand j'étais certaine d'avoir du vent à l'atterro. 90h de vol en 2009, 32h en 2012.
L'important c'est de voler sans prendre le risque idiot de se faire mal.
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Ce qui est bien avec le parapente, c'est qu'on n'a pas besoin de cavaler quand il y a de l'air et pour poser on peut le faire très bien dans le style "sac de charbon", les protections des sellettes sont faites pour ça, autant s'en servir.
Quand on est invalide, tous les petits gestes du quotidien deviennent compliqués, alors on développe des stratégies d'évitement et de remplacement, bref on s'éduque une gestuelle appropriée.
Avec de l'astuce et du culot, j'avais pu conduire ma voiture en novembre 2007 pour la ramener chez moi, avec la jambe gauche appareillée et l'interdiction de poser le pied au sol avant la mi-janvier. Il suffisait de me mettre de profil, de débrayer avec le pied droit, d'accélérer avec le coude droit appuyant sur une béquille coincée entre le siège et la pédale, et de freiner avec le frein à main. Un truc à se casser la gueule ? Même pas, je fis même un démarrage en côte (raide) de toute beauté quand le feu passa au vert. Dans ma jeunesse, j'avais travaillé dans un garage et je faisais les courses pour aller chercher des pièces, en livrer et conduire les voitures des clients chez les équipementiers. Aucun problème pour conduire une voiture d'invalide hémiplégique, avec toutes les commandes aux mains, ou une voiture d'unijambiste, c'était marrant. C'était sans doute moins marrant d'être handicapés pour leurs propriétaires.
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Ne te fais pas de mouron, Marc, ta saison 2019 est peut-être pourrie mais toi tu ne l'es pas et tu voleras comme un chef en 2020, peut-être même cet automne.
C'est tout le mal qu'on te souhaite.