Un petit couplet sur ITER semble nécessaire.
Les réacteurs fonctionnant sur le principe de la fusion d’atomes légers (à la différence de la fission qui « casse » des atomes lourds comme l’uranium) s’appellent des « tokamaks ».
Il a existé à un moment trois tokamaks en France, dont deux ont été arrêtés.
Le seul qui continue à fonctionner pour des travaux de recherche sur la fusion est « Tore Supra » à Cadarache au CEA (c’est le prédécesseur d’ITER).
C’est sur ce site qu’est en cours de construction ITER qui sera (et de très loin) le plus gros tokamak construit dans le monde (il n’existe actuellement aucun autre projet de ce type dans le monde).
Contrairement à ce que beaucoup croient, il ne sera qu’un outil de recherche pour la fusion et ne sera jamais raccordé au réseau (il ne produira jamais le moindre kwh utile et il n’est pas construit pour ça).
Si les recherches aboutissent (certainement pas avant 20 à 30 ans affirment les plus optimistes), son éventuel successeur (?) pourrait devenir le premier réacteur à fusion produisant des kwh utilisables sur le réseau.
Mais cet objectif est complètement illusoire et ITER constitue une catastrophe écologique monumentale :
1/ La fusion est un processus de réaction à partir de deux isotopes de l'hydrogène, le deutérium et le tritium.
Le deutérium provient de l’eau de mer et ses réserves sont inépuisables.
Mais le tritium, lui, n'existe qu'à l'état de traces dans l'environnement terrestre et il n’en existe actuellement que 20 kg dans le monde pour permettre le démarrage et le début du fonctionnement d’ITER.
Selon la même idée que les surgénérateurs du type « SuperPhénix » à Creys-Malville qui devaient produire plus de plutonium qu’ils n’en consommaient (Viviane : j’étais aussi à la manifestation contre la construction de SuperPhénix en 1977 ; celui-ci a quand même été construit, n’a jamais fonctionné correctement, est en cours de démantèlement depuis une vingtaine d’années et il en faudra encore au moins autant pour réussir à le démanteler complètement), les spécialistes de la fusion espèrent produire du tritium à partir du lithium qui tapissera les parois intérieures d’ITER.
Voir ici :
https://www.iter.org/fr/mach/tritiumbreedingVoir aussi (au sujet du tritium) :
https://collectifantinucleaire13.wordpress.com/2013/05/18/iter-et-le-tritium-ils-ne-savent-pas-ce-quils-font/2/ ITER va être un gouffre gigantesque en matière de consommation d’énergie (à l’heure des économies d’énergie !) :
- le chantier colossal de construction (qui consomme pas mal d’énergie) est en cours (vous pouvez aller jeter un coup d’œil en passant près de Cadarache), mais ce n’est que secondaire ;
- pour obtenir la fusion il faut réussir à maintenir dans un état relativement « stable » un plasma que l’on chauffe à plusieurs millions de degrés (!), ce qui ne se fait pas avec de simples allumettes ! ITER permettra d’ailleurs d’essayer de trouver des matériaux de confinement qui supporteront de telles températures pendant un temps long : on n’en a pas sous la main actuellement, mais on construit le réacteur quand même !
3/ Le record mondial actuel de durée d’un plasma en fusion dans un tokamak est de six minutes et quelques secondes obtenues dans un réacteur anglais, alors que l’on travaille sur la fusion depuis plusieurs décennies.
Pour obtenir un réacteur industriel de production d’électricité (c’est l’objectif final visé), il faudra maintenir ce réacteur en fonctionnement en continu 24 h sur 24 et 7 jours sur 7.
L’idée (complètement farfelue) est en fait de construire un « mini-soleil » sur Terre (les réactions internes au soleil sont en effet des réactions de fusion).
4/ Même des spécialistes de la fusion pensent à présent que cet objectif est complètement irréaliste et qu’il ne sera jamais atteint.
Exemple : j’ai un ami proche qui a fait l’essentiel de sa carrière professionnelle au CEA où il travaillait comme ingénieur de recherche sur la fusion avec le tokamak « Tore Supra ».
Il a pris sa retraite il y a quelques années et il sait de quoi il parle.
Il m’a confié qu’après des dizaines d’années de recherche sur la fusion, il avait acquis la conviction que cette technologie était une impasse et que le rêve d’une production d’énergie à base de fusion ne serait jamais atteint ; et c’est un spécialiste de la question qui affirme cela !
Si même certains de ces spécialistes n’y croient pas…
5/ ITER va coûter un prix exorbitant (et la France est le premier financeur du consortium international qui pilote le projet), va consommer une quantité d’énergie ahurissante, va certes être un formidable outil de recherche pour les spécialistes internationaux de la fusion… et ne servira strictement à rien car c’est une impasse technologique.
Autant la fission, à partir du moment de sa découverte, a été rapidement maîtrisée (quelques années seulement ont en effet suffi pour la mise au point des réacteurs civils et pour la fabrication des bombes nucléaires), autant la fusion, sur laquelle travaillent pourtant des chercheurs depuis des dizaines d’années, n’a pratiquement fait aucun progrès significatif.
6/ C’est un projet technocratique sans aucun espoir d’avenir.
La filière des surgénérateurs est quasiment abandonnée partout dans le monde (Super Phénix devait être le fer de lance de cette technologie et il n’a en fait été qu’un échec coûteux et inutile).
Il en est de même pour la fusion : elle est abandonnée partout dans le monde (les quelques tokamaks existants ferment les uns après les autres) à part l’exception mondiale que constitue ITER qui est financé en grande partie par les citoyens français et qui consommera à perte (pendant toute sa vie) l’équivalent de ce que produit une centrale nucléaire classique.
On marche complètement sur la tête avec ce projet irresponsable et inutile.
Pour en savoir plus il existe de multiples sites Internet qui expliquent ce que sera ITER et comment il sera censé fonctionner.
J’ai été un peu long, mais il me semblait utile de préciser certaines choses.
Marc